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Par Céline Volpato, IDE et sophrologue, CESH Agen

La sophrologie caycédienne est une discipline qui  développe une conscience sereine au moyen d'un  entraînement personnel basé sur des techniques de  relaxation, d'activation du corps et de l'esprit. C'est  un entraînement psycho-physique de la conscience  construit sur la perception positive de notre monde  intérieur / extérieur.

La sophrologie se différencie de la psychanalyse et de l'hypnose. Elle travaille sur la conscience et non sur l'inconscient. Elle n'utilise pas l'interprétation comme un diagnostic ou comme un moyen thérapeutique. Cette méthode se fonde sur l'observation et l'étude de la conscience, de la perception corporelle et de la relation corps esprit, ainsi que leur influence sur le mode de vie.. Son objectif  est d'aider à  renforcer les attitudes  et les valeurs positives au  quotidien.

Dans le champ professionnel comme personnel, la sophrologie développe les capacités de gestion du stress, de la  douleur et des émotions.  La pratique de la sophrologie est  sans artifice : elle se pratique  dans son quotidien, dans une  ambiance naturelle. Elle n'est  pas une thérapie en soi et s'allie  parfaitement aux autres thérapies.  Après 25 ans de cardiologie,  dont 11 années passées en soins  intensifs et 14 années dans le  cathlab de la clinique Esquirol  d'Agen, je me suis formée puis  appropriée cette méthode pour  la mettre au service des patients  bénéficiant des examens de  cathétérisme cardiaque.

 

La sophrologie dite "caycédienne"

La sophrologie a été développée  dans les années 1960 par le  Dr Alfonso Caycedo. Son approche  résolument médicale et  scientifique visait alors à  apporter  à  ses patients une amélioration de leur qualité de vie.  Il nommera cette méthode "sophrologie" d'après les racinesgrecques sos {harmonie)-phren(conscience) - logos {étude de)  ou " étude de la conscience en  équilibre".

Son but était de proposer à  ses  patients une méthode pratique  et concrète applicable à  tous.  Poussé par cette motivation, ses  voyages l'ont mené en Suisse o๠ il a collaboré avec le Pr Ludwig  Binswanger (1881-1966), père  de la psychiatrie phénoménologique.  Le Dr Caycedo s'est également  plongé dans l'étude de l'hypnose  thérapeutique et des techniques  de relaxation développées  notamment par le médecin allemand  Johannes Heinrich Schultz  {1884-1970) avec son  "entraînement  autogène".

Au cours d'un séjour de 2 ans en  Orient (Inde et Japon), il s'initie  au yoga, au bouddhisme tibétain  et au zen japonais. li intègre  et adapte de nombreuses techniques  fondamentales pour  poser les bases de sa méthode :  la sophrologie caycédienne.

 

Que peut apporter cette méthode ?

De nombreuses expériences  démontrent que les personnes  s'entraînant aux techniques  sophrologiques présentent  moins de maladies liées au  stress, une diminution très significative  des consultations et de  la consommation de médicaments tels que les tranquillisants, somnifères, analgésiques  ou autres (jusqu'à  - 30 %  dans les observations menées  en Suisse, en Espagne par des  sophrologues travaillant dans  des centres de santé).

Chaque étape de la méthode Caycedo  a ses objectifs propres et se  compose d'une série d'exercices  basés sur la concentration, l'imagination  et la contemplation.  Certains exercices utilisent les  cinq sens pour développer la  conscience contemplative aiguisant  la conscience du moment  présent. D'autres stimulent l'imagination pour aider à  anticiper  positivement le futur et à   mettre en valeur les sentiments  positifs du passé.  Au cours des séances, la personne  prend peu à  peu les rênes  de sa vie, en s'éloignant des  automatismes et des conditionnements,  de la tyrannie du  matérialisme et de l'urgence  quotidienne.

 

La place de cette méthode en unité de cardiologie interventionnelle (UCI)

La méthode Caycedo permet de  développer une meilleure résistance  au stress et à  la douleur.  Elle fait prendre conscience au  patient que le principal élément  négatif du stress n'est pas l'événement  lui-même ou son niveau  d'intensité mais bien la manière  de réagir. Le souvenir et l'imagination  négative augmentent la  douleur. Le sophrologue va l'aider  à  réagir d'une manière plus  sereine et ainsi réduire l'impact  négatif sur son ressenti physique  et psychique. Cet aspect de la  discipline devient intéressant  lorsqu'il est appliqué, pour le  patient, dans le cadre d'un examen programmé ou d'une situation  stressante.

La sophrologie aide les patients  à  remettre à  sa juste place ce  qu'ils ressentent réellement :  " Ici et maintenant, que se passe-t-il vraiment dans mon corps ? ".  Un corps détendu par une respiration  en conscience est un  patient qui supporte mieux  l'examen.  Avec le recul, il s'avère que la  ponction artérielle en est très  largement facilitée. Nos cardiologues  interventionnels en font  l'expérience quotidiennement  et les anesthésistes sont moins  sollicités. Les médecins, ainsi  que les équipes paramédicales,  stressés par un rythme et une  exigence de qualité, voient dans  la sophrologie un apaisement  général dans le cathlab.

 

Comment y parvenir ?

Les patients, angoissés, sont  visés par notre approche et  ciblés dès leur entrée en salle de  cardiologie interventionnelle. L'état de stress du patient étant  noté directement dans le dossier  du patient, cette information  nous aide alors à  proposer  la sophrologie dès son accueil à   l'UCL.  Le sourire et le regard sont  essentiels pour capter l'attention  du patient (figure) et le sortir  d'un certain repli sur lui-même. Il  est nécessaire de le faire parIer de sa vie, de ses intérêts, de  ses loisirs afin qu'il puisse être  en confiance. Cette étape permet de lui expliquer que grà¢ce  à  des exercices de respiration, il  pourra contrôler et maîtriser ses  ressentis.

L'exercice de base consiste à   faire respirer le patient de faà§on ·  calme en ralentissant le rythme  respiratoire. Il inspire par le  nez et expire par la bouche.  Son souffle doit être lent et  long et lui permettra de maîtriser son corps. à€ chaque fois  qu'il ressent une douleur, il va se  concentrer sur son expiration qui  deviendra un peu plus forte tout  en décontractant son visage :  pas de grimace, juste un relà¢chement  de sa tête, posée sur  l'oreiller.  D'un point de vue corporel, ces  exercices aident à  relà¢cher les  tensions, jusqu'à  un sentiment  de sérénité, de bien-être physique et mental qui va permettre  au patient de sortir de l'état de  stress.  Au niveau mental, les exercices  de respiration activent la concentration  et la lucidité du patient  en lui permettant d'échapper à   ses préoccupations du moment.

Chez certains sujets, le sophrologue  arrive à  les amener -  quand le corps est détendu  - dans leur zone de confort :  vacances,  jardinage, promenade  avec leur animal de compagnie...  La phase de tension est essentiellement  perà§ue pendant l'installation et la ponction, et c'est  précisément durant ce laps de temps que le sophrologue agit.

 

 

© Cath'lab - Mars 2018