Dans l’impasse faute de doses, un généraliste va vacciner ses patients à la clinique de Saint-Omer par la Voix Du Nord
© La Voix Du Nord - 13/04/2021
Un médecin généraliste à Saint-Omer, Philippe Bataille, a trouvé une solution pour faire vacciner ses patients dont la liste d’attente ne cesse d’augmenter. La clinique de Saint-Omer à Blendecques, qui avait un surplus de doses AstraZeneca, a mis à sa disposition un local pour lui permettre de vacciner vingt de ses patients. Il s’agit aussi de créer un cercle vertueux.
Philippe Bataille est médecin généraliste à Saint-Omer ; comme ses confrères, il a dû mettre sa liste de patients volontaires à la vaccination en attente, faute de doses. « On essaie de faire avancer la couverture vaccinale mais la distribution de doses est très difficile et ça décourage de plus en plus de collègues. »
Dernière déconvenue en date la semaine dernière : « On devait recevoir un flacon, – ce qui représente onze doses – mais nous n’avons rien eu, regrette le praticien. J’avais ma liste prête de dix patients, il a fallu annuler au dernier moment. Moi, je n’ai pas de secrétariat, j’ai dû rappeler, expliquer, me désoler que la gestion des vaccins soit aussi mal faite, c’est au jour le jour. » Un cycle infernal pour le médecin.
Une solution
Ces derniers jours, une porte s’est ouverte. Le médecin généraliste avait su que des doses d’AstraZeneca étaient arrivées à la clinique de Saint-Omer, il avait fait la démarche d’appeler l’établissement. « Dimanche, nous avons eu une dotation exceptionnelle d’AstraZeneca, nous avons vacciné 190 personnes, explique Thomas Ballenghien, directeur de la clinique. Il nous reste quelques flacons et on a appelé Philippe Bataille afin qu’il vaccine ses patients ici. »
La direction de la clinique a mis à sa disposition un cabinet pour permettre d’abord à dix patients du docteur Bataille, les plus urgents, sur sa liste d’attente, de se faire vacciner. Avant de le rappeler ce mardi 13 avril, pour lui annoncer qu’un deuxième flacon était disponible. Ce seront donc vingt de ses patients qui seront vaccinés jeudi. Les doses ne devant pas sortir de la clinique, c’est le médecin, bien heureux, qui ira jusqu’à elles. « C’est une très bonne idée ! », se réjouit le médecin qui compte sur la solidarité de la clinique et se satisfait de ce cercle vertueux. « Le pari, c’est de créer un effet d’entraînement. On travaille déjà beaucoup avec les généralistes, certains nous envoient même leurs patients greffés » précise Thomas Ballenghien.
Mais une inquiétude persiste chez Philippe Bataille : « J’espère avoir les doses pour les secondes injections. Les rendez-vous sont programmés et il faut absolument les doses. » Le médecin est sans nouvelle de l’agence régionale de santé (ARS) : « Quelque chose ne va pas aux étages supérieurs. Tout ça est difficilement gérable. Comme on dit, la patientèle vieillit avec son médecin, et j’ai beaucoup de patients âgés avec des comorbidités. » Et pas beaucoup de solutions.
Comment se fournissent les généralistes ?
Pour recevoir des doses de vaccin, les médecins généralistes doivent s’inscrire au sein d’une pharmacie référente, cette dernière commande les flacons, et les livre aux médecins sans jour précis. Les médecins n’ont pu être livrés qu’à une reprise depuis le début de la vaccination par les médecins généralistes. Jusqu’à présent, Philippe Bataille n’a pu vacciner « que 34 personnes, il y en aura vingt de plus jeudi et on pourrait en faire le double sans aucun problème ». Mais pour l’heure, faute de doses, la question ne se pose pas.

