Les soignants de la clinique des Cèdres à Brive racontent leur renfort en réa dans un hôpital de Créteil
Les soignants de la clinique des Cèdres à Brive racontent leur renfort en réa dans un hôpital de Créteil
Partis voilà quinze jours, sept des treize soignants de la clinique des Cèdres à Brive envoyés en renfort au centre hospitalier Henri-Mondor à Créteil, sont rentrés en Corrèze mercredi. Deux d'entre eux racontent leur lutte aux côtés des malades atteints du Covid -19.
«Nous sommes fières d’avoir pu aider. » Dans le bus qui les ramène vers la Corrèze, mercredi midi, Alexia Naves et Marie- Pauline Dubech, infirmières à la clinique briviste des Cèdres, débriefent ces quinze jours passés dans un service de réanimation au sein du centre hospitalier Henri-Mondor à Créteil. Que garderont-elles en mémoire de ces quinze jours passés parmi les malades gravement touchés par le COVID 19 ?

"Je ne m'attendais pas à cela"
« Physiquement, ça a été, résume Alexia Naves. Moralement, c’est plus dur parce qu’on a vu des choses qu’on n’a pas l’habitude de voir aux Cèdres. C’était ma première fois dans une réa. Quand je suis entrée dans le service et que par un hublot d’une porte , j’ai vu un patient avec tous ces tuyaux… Je ne m’attendais pas à cela. » Même constat chez sa collègue : "On n'imaginait pas tout ça même si nos cadres de santé nous avaient prévenus mais pour moi, ce que je voyais à la télé, c'était irréel. Alors qu'il y a les alarmes des scopes qui sonnent, les patients et tous leurs tuyaux... Personne ne peut se préparer à cela."
"Des gens de tous âges, parfois sans antécédents"
C'est ce qui a étonné les deux soignantes. En réa, elles ont soigné toutes sortes de patients, tous gravement touchés : "« Nous avons vu les cas les plus graves, précise-t-elle. Nous étions en plein dedans, avec des gens de tous les âges, sans forcément d’antécédents médicaux, avec des familles qui ne réalisent pas… »
"Des soins qu'on n'avait jamais faits"
Les soignants brivistes ont été rapidement plongés dans le bain : « Dès le premier jour , on est allé dans le service, ce qui nous a permis de visualiser l’ organisation d’une chambre, le matériel . La théorie est venue après. » Rapidement, bien protégées, elles sont au contact des malades du Covid-19. « Nous devions surveiller l’appareillage des patients, effectuer des prélèvements sanguins, surveiller des cathéters , des dialyses… », liste Marie-Pauline Dubech.
En deux semaines, les deux infirmières ont beaucoup appris : « Nous avons réalisé des soins pour la première fois comme les gaz du sang, des soins très techniques liés à la réa », confie Alexia Naves.
"On sait maintenant où sont nos limites"
Elles ont aussi beaucoup appris sur elles aussi : « On sait maintenant où sont nos limites. On vivait tous ensemble dans un hôtel et le salon avait été réservé aux soignants. Chaque soir, on se réunissait pour parler. On revient tous très soudés. Cette expérience fait relativiser sur beaucoup de choses », affirme-t-elle.
"On était tous présents autour du patient qui allait mourir"
La mort, côtoyée par les deux femmes, est plus difficile encore à gérer en ces temps de Covid : « Les médecins essayaient toujours de prévenir la famille avant mais nous nous étions là, leur prenant la main. Tous, nous avons essayé d’apporter de l’humanité », confie Marie-Pauline Dubech.
"Je n'ai jamais eu peur"
Les deux soignants l'assurent : jamais elles n'ont eu peur d'être contaminées. "Sinon nous ne serions pas parties, répètent-elles. Nous étions très bien équipées nous avions ce qu'il fallait pour être protégées".
"Nous sommes fières de ce que nous avons fait"
Les sept soignants rentrés mercredi doivent reprendre le travail mercredi prochain. Tous testés négatifs au Covid mardi, ils seront à nouveau dépistés avant de rejoindre la clinique. « Notre objectif était d’être utiles. On a réussi », résument les soignantes. "Le retour est serein, nous sommes fières de ce que nous avons fait. Nous allons retrouver à la clinique des patients Covid qui ne sont pas aussi gravement touchés que ceux que nous avons vus. Nous sommes contentes de rentrer".
Estelle Bardelot
