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Le docteur Gaël Delmas compte quinze ans d’expériences comme médecin urgentiste. Il pose son regard sur le quotidien à l’hôpital clinique Claude-Bernard de Metz depuis l’émergence Covid-19. Et met en garde des patients qui retarderaient leur arrivée aux urgences par crainte de ce mal inconnu.

Le Dr Gaël Delmas a le sourire. « La phase critique est passée, même si on est conscient que la situation va durer. » Après quinze années de médecine urgentiste, dont dix à l’hôpital-clinique Claude-Bernard de Metz, Gaël Delmas est habitué à des situations délicates. À « l’extraordinaire» comme il dit, mais là,« c’est le volume de patients qu’il a fallu prendre en compte, qui plus est en accord avec un protocole inconnu ».
Aux urgences, deux circuits bien distincts et étanches avaient été mis en place. Pour les patients où il y a une suspicion de coronavirus, et ceux présentant toute autre forme de pathologie. Avec à chaque fois un médecin urgentiste dédié. « En temps normal, on fonctionne à un seul médecin. Il a fallu s’adapter, cela a créé des liens entre les soignants des différents services. »

« Jamais réutilisé de matériel »

Ce mal inconnu constitue un tiers des motifs d’arrivées aux urgences à l’hôpital-clinique Claude-Bernard de Metz. Forcément, on songe à la cruelle question d’une insuffisance de matériel type masques, gants, surblouses… Mais le Dr Delmas se veut rassurant : « Nous n’avons jamais manqué, parfois ce fut un peu tendu avec un à deux jours de réserve, mais jamais nous n’avons réutilisé de matériel. Chaque jour, nous avions une réunion de crise pour analyser la situation. » La peur de contracter la maladie, légitime, il avoue ne pas y penser. « On est dans l’action, avec une protection maximum. » Après temps de réflexion, il ajoute : « Si peut-être… le soir en rentrant, car on ne veut pas ramener
le virus à la maison. »

« Se rendre aux urgences quand il le faut »

« Aujourd’hui les soignants ne sont plus submergés, et les équipes
sont rodées. » Au point que le médecin attire l’attention sur la nécessité de venir aux urgences en cas de douleurs suspectes
à la poitrine, de pathologies chroniques, par exemple. « Nous sommes suréquipés en termes de protection. Il ne faut pas avoir peur de venir à l’hôpital, pas avoir peur non plus de déranger… », martèle le Dr Delmas. Avant la pandémie, les services d’urgences faisaient, en règle générale, l’objet de critiques. « On nous remerciait rarement. Là, tout change. Pour nous urgentistes, c’est une vraie reconnaissance.»


© Olivier CHATY, Républicain Lorrain 23/04/20