Coronavirus : à Vannes, le service réanimation de la clinique Océane sur ses gardes
REPORTAGE
L’établissement vannetais (Morbihan) n’a pas eu besoin de pousser les murs pour monter un service de réanimation. Son Unité de soins continus a mué afin d’accueillir les patients en réanimation venus de l’hôpital. Actuellement, trois d’entre eux sont des malades Covid-19.
Un calme étrange règne dès le hall d’entrée. À la clinique Océane de Vannes (Morbihan), on vit aussi au rythme du coronavirus. Consultations et opérations ont été reportées pour disposer d’un maximum de lits. C’est au premier étage qu’ont été installés les trois patients Covid-19 les plus graves. L’Unité de soins continus (USC) y a opéré une véritable mutation pour les accueillir. En l’espace de quelques jours, elle s’est transformée en service de réanimation. Sur les seize lits, six d’entre eux sont finalement dédiés aux soins intensifs. « On s’attendait à une grosse vague avec des prévisions qui faisaient froid dans le dos », confie le médecin anesthésiste-réanimateur, Christophe Lions.
Lui revient tout juste du front. Il a passé une semaine en soutien dans un hôpital parisien. « C’était copieux », résume-t-il. À peine rentré, il retourne déjà sur le terrain. Ici aussi, on a besoin de lui. Il fait partie des soignants mobilisés « pour reformater la clinique et monter en puissance ». Ils ont eu quatre semaines pour préparer l’arrivée de deux premiers patients Covid-19. « Il y avait de l’appréhension dans les équipes, reconnaît la cadre de santé du service USC, Delphine Martin. Mais on a eu le temps d’anticiper et de dédramatiser. »
L’un des trois patients actuellement hospitalisés a été extubé lundi. Son épouse, Sylvaine, est sur le départ. « Merci, franchement merci, confie-t-elle aux infirmières. Je suis descendue en enfer. J’étais tellement angoissée. » Elle n’imaginait pas son anniversaire de mariage au chevet de son mari. Elle remercie encore les soignantes de l’avoir écoutée.
Pour aller dans la chambre, elle a dû respecter à la lettre tout le protocole d’hygiène, tout comme le personnel soignant. Les infirmières hygiénistes de la clinique Jessica Bertrand et Meriadec Fradj ont formé 451 professionnels à ces procédures d’habillage et de déshabillage avec surblouse, charlotte, lunettes et gants. « Cet équipement sert à se protéger et doit se retirer avec précaution pour ne pas se contaminer. » Deux minutes suffisent pour les mettre. Il en faut au moins cinq pour les enlever. « Les soins d’un patient malade nous demandent beaucoup plus de temps de préparation », confie Caroline, infirmière de ce service éphémère. « À la fatigue physique s’ajoute la fatigue psychologique, tout en demandant une rigueur et une vigilance énorme », précise Delphine Martin.
Chaque geste est précis et se fait au rythme des nombreux lavages des mains. Des fiches placardées sur chaque porte décrivent chaque étape. Il est près de 16 h. Caroline vient de terminer les soins d’un des patients. Changement de cathéter et de perfusion, soin de prévention des escarres… Elle sort de la chambre une fois l’équipement enlevé. « Nous devons réaliser un maximum de soins pour éviter de rentrer et sortir plusieurs fois. » Cela multiplierait d’autant les gestes pour enlever et remettre les protections. Dans la chambre d’à côté, Roger Vilain veut se recoucher. Rebelote, elle enfile de nouvelles protections pour l’aider.
Cet homme de 87 ans a échappé de peu à l’intubation, mais est encore sous oxygène. La chambre a beau être grande, elle est remplie de machines indispensables à la réanimation. « J’étais dans une situation délicate. Je fais de l’insuffisance rénale, cardiaque et respiratoire », assure cet ancien militaire. Il ne tarit pas d’éloges sur le personnel soignant. Arrivé il y a quinze jours, il n’est pas pressé de sortir. « Ça viendra quand ça viendra. » Dans le couloir, les infirmières sont prêtes à enfiler les fameuses protections. Autant de fois que nécessaire pour leur prodiguer des soins.
Source : Ouest France