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De plus en plus d’activités sportives et culturelles sont organisées par les Ehpad, les centres communaux d’action sociale (CCAS) et autres structures s’occupant des seniors dans le Cher. Après le challenge départemental du trophée des seniors de Silver Geek, le Dr. Malard, gériatre à l’hôpital Guillaume-de-Varye à Saint-Doulchard, explique pourquoi de telles activités sont bénéfiques chez le patient âgé.

À partir de quel âge peut-on dire que nous sommes âgés ?

Si on se réfère à l’OMS, l’Organisation mondiale de la Santé, on peut établir qu’une personne est dite « âgée » à partir de 60 ans. C’est à partir de cet âge qu’on identifie certains syndromes qui relèvent de la gériatrie.

Qu’entendez-vous par « syndromes gériatriques » ?

On parle de syndrome gériatrique lorsque des symptômes, un ensemble de signes cliniques en écart à la norme, qui caractérisent une pathologie, apparaissent chez les personnes âgées.
Les syndromes les plus fréquemment identifiés sont les chutes, les pathologies cognitives et comportementales, l’incontinence urinaire, la dépression, la sarcopénie (la fonte musculaire), le parkinsonisme, ou encore les maladies de la mémoire. On parle aussi de la perte d’autonomie, de douleurs, et d’isolement social.

Quelles sont ces fonctions cognitives ?

La gnosie, le fait de pouvoir identifier un objet, la praxie, la capacité à utiliser cet objet. Il y a aussi les fonctions exécutives, pouvoir s’adapter à autrui et vivre ensemble, le langage, et la mémoire. Ces différentes fonctions peuvent être altérées dans la maladie d’Alzheimer par exemple.
Concernant le sport, la fonction cérébrale a une très grande importance, au sens qu’il est nécessaire, pour créer le mouvement, de pouvoir identifier l’objet, le tenir et l’utiliser, comprendre les consignes et les mémoriser.

En quoi une activité physique peut limiter le développement de ces syndromes ?

Le mouvement stimule plusieurs aires dans le cerveau, et prévient leur dégénération. Les aires motrices pour se mouvoir, les aires sensitives reliées aux fonctions de sensations, le cervelet pour l’équilibre, le système végétatif qui va stimuler l’autonomie des organes en accélérant, par exemple, le cœur, pour avoir plus de pression cardiaque, le système sympathique qui régule le cardiovasculaire, et le respiratoire dont on a va avoir besoin sur l’endurance.

Les concours de jeux vidéo comme Nintendo Switch Sport, pour un public âgé ont donc un vrai intérêt ?

Il y a du bowling, du golf, du tennis… Dans tous ces sports, il y a le mouvement du corps, il faut gérer son équilibre, la proprioception (avoir conscience de la position des différentes parties de son corps), sans pour autant avoir besoin de force musculaire, finalement. C’est pour ça que c’est assez intéressant chez le patient âgé. Trouver son équilibre chez un parkinsonien par exemple, ça peut être difficile. L’apprentissage et le jugement c’est très, très, important chez les patients âgés, parce qu’il y a une augmentation d’incidence des maladies neurodégénératives, une réduction des réflexes et des difficultés d’organisation et de planification. La planification de ces activités physiques stimule pleinement les fonctions cérébrales.


Dans le cas d’un concours, Nintendo Switch Sport, la compétition produit de la dopamine, qui augmente la force musculaire, le contrôle moteur et la motivation. Mais aussi de l’adrénaline, des endorphines et de la sérotonine qui est notamment utilisée dans les antidépresseurs. Je pense effectivement que les structures (Ehpad, CCAS… NDLR) ont raison de développer ce genre de concours.

Le sport et l’activité, c’est bien pour les personnes âgées, mais aussi pour les jeunes, donc ?

Oui, même chez les patients jeunes, le sport, ça aide. Ça leur garantit une bonne croissance, améliore aussi l’apprentissage et le jugement, réduit les risques cardiovasculaires, de dépression, de cancer et de diabète. Le sport, c’est la santé, et à tout âge.

Plus généralement, chez les patients qui ont des douleurs chroniques, on sait que l’activité physique améliore leur qualité de prise en charge, leurs compétences physiques et leurs douleurs.

Quelles autres activités culturelles et physiques sont recommandées ?

Un adulte sur quatre ne pratique pas d’activité physique au niveau recommandé à l’échelle mondiale. En tenant compte de sa condition physique, 20 à 30 minutes d’activité de type aérobie sont recommandés, sur 3 à 5 jours par semaine. On encourage les actions culturelles, comme les visites au musée, les jeux de cartes, la couture, tout ce qui crée des interactions entre les personnes, et améliore la qualité de vie. Les Ehpad de Bellevue et de Taillegrain, à Bourges, en sont un exemple.

L’activité physique peut-elle se substituer totalement aux médicaments ?

Non, absolument pas. Chez le patient âgé, la moyenne des médicaments, c’est à peu près huit par jour, ce qui est énorme. Ce sont souvent, en plus de ceux contre les troubles cardiovasculaires, des médicaments contre la douleur, de troubles psychologiques, des antidépresseurs, des anxiolytiques, une somme considérable. L’idée est en revanche, pour nous, gériatres, de chercher comment réduire leur quantité. L’objectif en médecine, c’est d’imaginer du multidimensionnel. Une seule action médicamenteuse ne va pas amener à une amélioration totale du patient. L’humain, c’est un corps, un esprit et puis du sentiment et de social. Le médicament soigne le corps. Le mouvement et les interactions, l’esprit, le sentiment et le social.

© Le Berry Républicain, publié le 01/06/2024, par Tristan-Sacha Bruchet

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