Ophtalmologie : deux infirmières de Mayotte formées au Pôle Santé Sud au Mans
Mayotte ne compte aucun ophtalmologiste. Deux infirmières mahoraises se forment au Pôle santé sud. Elles pratiqueront des examens qui seront étudiés par des ophtalmos en métropole.
Il y a parfois de jolis hasards. En lisant un article, Jean-Bernard Rottier, ophtalmologiste au Mans, apprend que très peu d’enfants portent des lunettes à Mayotte, département français de 300 000 habitants. Interpellé, il prend contact avec la directrice de l’ARS de Mayotte, qu’il connaît bien, Dominique Voynet. Ils conviennent rapidement d’ouvrir un centre avec des infirmières sur place. Restait à trouver celles qui accepteraient de venir se former pendant douze semaines au Mans. Haladati Mtsounga, qui a de la famille au Mans, et Blandine Meliand, d’origine sarthoise, n’ont pas longtemps hésité pour se positionner.
" Mayotte n’a pas de centre hospitalier universitaire, il est très difficile pour les jeunes de se former à la médecine. C’est compliqué pour les familles, financièrement, d’envoyer leurs enfants en métropole ou à la Réunion. À Mayotte, dont la population avoisine les 300 000 habitants, il y a donc très peu de spécialistes, et pas un seul ophtalmo à temps plein, seulement quelques-uns venant en missions ", explique Jean-Bernard Rottier.
Sensibilisé depuis toujours à la pénurie de médecins en Sarthe, Jean-Bernard Rottier a notamment oeuvré pour réduire les délais d’attente des ophtalmos, dès 2013. Il expliquait alors au Maine Libre travailler en lien avec des orthoptistes. Ceux-ci établissent les bilans qui sont vus le soir-même par les médecins. En fonction du diagnostic établi, le patient peut recevoir une ordonnance pour des lunettes ou, s’il a une pathologie, être vu par l’ophtalmo.
À Mayotte, les deux infirmières recrutées par l’ARS utiliseront des appareils permettant à une équipe d’ophtalmos de métropole de faire des diagnostics en télémédecine. Une première pour Haladati Mtsounga et Blandine Meliand, respectivement infirmières en néonatalogie et en chirurgie.« Cela me permet de faire évoluer la pratique, j’étais curieuse de découvrir cette spécialité », témoigne Blandine Meliand, heureuse de pouvoir donner un service de qualité aux Mahorais.
Jeune maman, Haladati Mtsounga y voit également une façon de changer du rythme de l’hôpital.
Premier centre ouvert cet été
Les deux jeunes femmes sont actuellement en formation au Mans. Elles y restent douze semaines le temps
de se familiariser avec les appareils et de découvrir les métiers qui gravitent autour de l’ophtalmologie
(médecins, orthoptistes, secrétaires, etc.).
Haladati Mtsounga et Blandine Meliand démarreront toutes les deux dans un centre qui ouvrira cet
été à Bandrélé, puis formeront une secrétaire pour le travail administratif.
Elles feront tous les examens nécessaires : entretien, acuité visuelle, fond d’oeil… Les données seront ensuite envoyées par un serveur hébergé au Mans chez Pentasonic.
Les examens étudiés en métropole
Des ophtalmos, situés en Sarthe ou non, se relaieront pour des vacations. Ils liront les examens et enverront aux patients qui en ont besoin une ordonnance pour des lunettes. Ils pourront également voir les patients en télémédecine si leur pathologie le nécessite. Des spécialistes de métropole se rendront à Mayotte en mission d’une dizaine de jours chacun pour traiter les cas les plus graves. Ils interviendront à l’hôpital où seront reçus les patients.
« Un partenariat avec l’hôpital Cochin, à Paris, est par ailleurs actuellement en cours », informe Jean-Bernard Rottier. « Une fois la
convention signée, des assistants pourront se rendre à Mayotte en missions plus longues. ».
À très court terme, deux autres centres devraient également ouvrir, l’un à Hamjago à la fin de l’année 2021, l’autre à Sada au cours du premier semestre 2022. Les infirmières iront également une à deux fois par semaine dans les écoles pour dépister des troubles visuels chez les enfants.
© Sophie TOUGERON, "Ophtalmologie : deux infirmières de Mayotte formées au Mans", Le Maine Libre, 18/05/2021
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