Prévention et dépistage des cancers
Facteurs de risque
Définition d'un facteur de risque de la maladie cancéreuse
Au départ de tout cancer, une cellule normale de l'organisme se transforme en cellule anormale. De nombreux éléments ont la capacité de favoriser voire de déclencher ce phénomène pathologique. Ceux-ci peuvent être liés à notre mode de vie, à notre environnement ou à notre patrimoine génétique. C'est ce qu'on appelle les facteurs de risque. Il en existe deux types : ceux qui sont évitables et ceux qui ne le sont pas.
Les principaux facteurs de risque
Le tabac
Le tabac est responsable de 45 000 cancers chaque année en France 1. C'est de loin le principal facteur de risque de cancer évitable. Il représente près d'un tiers des décès par cancer1. En 2020 en France, 31,8% des personnes de 18 à 75 ans déclarent être fumeurs1.
Ce n'est pas la nicotine qui est cancérigène mais les substances chimiques contenues dans la fumée du tabac. Le tabac peut être la cause directe de nombreuses localisations de cancers : poumon, voies aérodigestives supérieures (bouche, larynx, pharynx, oesophage), vessie, foie. Il serait aussi impliqué dans les cancers du foie, du pancréas, de l'estomac, du rein, du col de l'utérus, du sein, du côlon, du rectum, de l'ovaire et du sang (leucémies).
Le tabagisme passif est aussi un facteur de risque de cancers (enfants de parents fumeurs).
Prévention : La toxicité du tabac est liée à la quantité de tabac fumé mais surtout au temps d'exposition, c'est-à-dire à la durée pendant laquelle on a fumé. Il n'est donc jamais trop tard pour arrêter de fumer.
1INCa (Institut National du Cancer). Le tabac, premier facteur de risque évitable des cancers. Mis à jour le 02/09/2022.
Pour en savoir plus : Le site Tabac-info-service est un site national d’aide à l’arrêt du tabac.
La consommation excessive d'alcool
L'alcool est responsable de 28 000 cancers chaque année en France2. C'est le second facteur de risque de cancer évitable le plus important.
L'alcool ou éthanol est transformé dans le foie en composés toxiques, favorisant le développement des cancers. De nombreuses localisations de cancers peuvent être liées à une consommation excessive d'alcool : sein, côlon, bouche, pharynx, foie, oesophage, estomac.
A savoir : La consommation concomitante d'alcool et de tabac multiplie les risques.
Prévention : Il est recommandé de ne pas dépasser 10 verres de 10 grammes d'alcool pur par semaine. Voici quelques repères. Dix grammes d'alcool pur correspondent à : 10 cl de vin à 12°= 25 cl de bière à 5° = 3 cl de whisky à 40° = 10 cl de champagne à 12°
Pour en savoir plus : Le site Alcool-info-service est un site national d’aide à distance en matière d’alcool et de dépendances.
La viande rouge et la charcuterie
Une alimentation déséquilibrée est responsable de la survenue de 19 000 cancers chaque année en France3.
Une consommation excessive de viande rouge (boeuf, porc, veau, agneau, cheval, mouton) et de charcuterie peut favoriser le développement de cancers : côlon, rectum.
En prévention, il est recommandé de :
- limiter sa consommation de viande rouge à 500 gr (3 à 4 steak hachés) et de charcuterie à 150 gr par semaine,
- favoriser les aliments riches en fibres : légumes secs (2 fois par semaine), fruits et légumes (5 portions par jour, bien lavés et idéalement bio), céréales complètes (1 fois par jour)
- consommer deux produits laitiers par jour (yaourts, fromage, lait).
3INCa (Institut National du Cancer). L'alimentation. Mis à jour le 05/12/2019.
L'exposition excessive au soleil
Les rayons ultra-violets (UV) entraînent des dommages dans l'ADN des cellules cutanées et peuvent provoquer des cancers de la peau. Plus de 80% des cancers de la peau sont causés par le soleil.
Prévention : Il faut éviter de s'exposer entre 12h et 16h, rechercher l'ombre, porter des vêtements couvrants ou de la crème solaire.
La sédentarité et l'absence d'activité physique
Un manque d'activité physique serait à l'origine de 3 000 nouveaux cas de cancers par an en France4. L'activité physique comprend le sport mais pas seulement : marche, activité ménagères, vélo, montée des escaliers, jardinage...
La pratique d'une activité physique permet de réduire le risque de survenue d'un cancer du sein, du côlon, de l'endomètre.
Prévention : Il est recommandé de pratiquer une activité physique au moins 30 minutes par jour.
4INCa (Institut National du Cancer). Activité physique. Mis à jour le 04/12/2019.
Le surpoids et l'obésité
Une surcharge pondérale serait à l'origine de 19 000 cas de cancers par an en France5. La lutte contre le surpoids permet aussi de combattre les maladies cardiovasculaires et toutes les maladies du syndrome métabolique.
Le surpoids et l'obésité peuvent être liés à de nombreuses localisations de cancers : sein, côlon, rectum, endomètre, foie, pancréas, oesophage, vésicule biliaire, estomac, ovaire, bouche, pharynx, larynx et prostate.
Prévention : Veiller à équilibrer la balance apports énergétiques/activité physique.
5INCa (Institut National du Cancer). Surpoids et obésité. Mis à jour le 09/03/2021.
Quels sont les quatre facteurs les plus dangereux et qui contribuent le plus aux nombre de décès par cancer ?
Les facteurs de risque évitables les plus dangereux sont :
- une faible consommation de fruits et légumes,
- un manque d'exercice physique,
- le tabagisme (actif ou passif),
- la consommation d'alcool.
Quels facteurs de l'environnement augmentent le risque de développer un cancer ?
Polluants les plus fréquents
Il est très difficile d'évaluer la cancérogénicité d'une substance présente dans notre environnement. La survenue d'un cancer est toujours multifactorielle.
Parmi les personnes exposées, certaines développeront un cancer et d'autres non. De plus, certains cancers vont se développer plusieurs années après l'exposition. Néanmoins, certaines substances ont pu être identifiées :
- pollution atmosphérique : particules fines (dont celle du Diesel), composés organiques volatils, résidus d'hydrocarbures...
- pollution de l'air intérieur : vernis, peinture et colle à base de formaldéhyde, émission de monoxyde de carbone par des appareils à combustion, amiante, radon,
- pesticides : ils sont retrouvés dans les aliments mais aussi dans l'eau des rivières, des nappes phréatiques et les eaux de pluie. Si toute la population est concernée, les plus exposés (et de loin) sont les agriculteurs. A ce jour, un seul insecticide est considéré comme certainement cancérogène (arsenic), 3 comme cancérigène probable (dont le glyphosate) et 19 comme cancérigènes possibles.
Les études montrant l'effet protecteur de la consommation de fruits et légumes sur la survenue de cancers ne sont pas réalisées qu'avec des fruits et légumes issus de l'agriculture biologique. Ces végétaux contiennent donc potentiellement des résidus de pesticides.
Agents infectieux
Certains agents infectieux sont associés à un risque élevé d'apparition de cancers :
- Papillomavirus humains (HPV) : cancers du col de l'utérus, de l'anus, du pénis et de la cavité buccale.
- Bactérie Hélicobacter pylori : cancers de l'estomac.
- Virus de l'hépatite B (VHB) et virus de l'hépatite C (VHC) : cancers du foie.
Prévention : être à jour de son calendrier vaccinal
Traitements dont hormones
Le diéthylstilbestrol (Distilbène) est un médicament qui a été utilisé en France entre 1948 et 1977 pour prévenir les fausses-couches et les accouchements prématurés. Une augmentation du risque de cancer du sein chez la mère et du risque de cancer du vagin chez le bébé (si c'est une fille) ont été observés.
Les traitements hormonaux substitutifs (THM) de la ménopause (oestrogène seul ou oestrogène et progestatifs combinés) permettent de soulager les désagréments de la ménopause : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale... Les THM à base d'oestrogènes seuls augmentent le risque de cancer de l'endomètre. Ce risque n'existe pas pour les THM combinés. Les THM combinés favorisent la survenue de cancers du sein, après 5 ans d'utilisation.
Les pilules oestroprogestatives, dites "combinées", entraînent une petite hausse du risque de cancers du sein, du col de l'utérus et du foie. En revanche, elles diminuent le risque de cancer de l'ovaire et de l'endomètre
Le sur-risque de cancer lié à la prise d'une pilule estroprogestative diminue considérablement après l'arrêt. Le sur-risque de cancer du sein disparaît au bout de 10 ans.
Certains traitements immunosuppresseurs (maladie inflammatoires chroniques, maladies auto-immunes, greffe d'organes) peuvent favoriser la survenue de cancers. En effet, dans des cas très rares, il est possible que la radiothérapie, la chimiothérapie ou l'hormonothérapie prescrite pour traiter un cancer en déclenche un autre.
Hérédité et génétique
Hérédité et génétique
Les personnes ayant une prédisposition génétique sont porteuses d'un type de mutation particulier sur un gène donné. La présence de cette mutation est corrélée à un risque élevé de développer un cancer. Par exemple :
- une mutation sur le gène BRCA1 ou BRCA2 augmente très fortement le risque de développer un cancer du sein,
- une mutation sur les gènes CDKN2A et CDK4 augmente le risque de développer un mélanome cutané,
- des mutations sur les gènes de la famille MMR : syndrome de Lynch ou cancer colorectal héréditaire sans polypose HNPCC,
- une mutation du gène RB1 est toujours présente chez les individus atteints de rétinoblastome.
Dans les familles à risque élevé, avec des antécédents de cancers, il est possible de réaliser un test analysant plus de 70 gènes de prédisposition. En fonction des résultats, une surveillance appropriée sera proposée au patient, voire des traitements préventifs chirurgicaux.
Des mutations de l'ADN peuvent survenir tout au long de la vie, soit sous l'action d'agents mutagènes, soit spontanément. Si elles surviennent sur des gènes essentiels comme ceux impliqués dans les réparations de l'ADN ou les divisions cellulaires, elles peuvent être à l'origine de la transformation d'une cellule normale en cellule cancéreuse. Les cancers liés aux mutations survenues au cours du temps sont bien plus nombreux que les cancers liés aux mutations présentes dès la naissance de la personne (héritées).
Comment éviter les cancers ?
La survenue d'un cancer est toujours multifactorielle. Elle ne dépend pas d'une seule cause. Mais nous pouvons agir sur certains facteurs : tabac, alcool, alimentation, mode de vie...
Par ailleurs, un autre moyen de combattre efficacement le cancer est de le détecter le plus précocement possible pour une meilleure prise en charge au dépistage.
Dépistage du cancer
A quoi sert le dépistage organisé des cancers ? Est-ce gratuit ?
Le dépistage permet de détecter un cancer ou une lésion précancéreuse avant l'apparition de tout symptôme. Détecter un cancer précocement permet d'augmenter les chances de guérison et de proposer des traitements moins lourds à supporter pour le patient, avec moins d'effets secondaires. A ce jour, il existe des tests de dépistage pour certaines localisations seulement.
Le dépistage organisé est proposé par les pouvoirs publics à certaines catégories de personnes particulièrement à risque. Le dépistage individuel est proposé par un médecin à son patient en fonction de son histoire personnelle. Dans tous les cas, les tests de dépistage sont gratuits, sans avance de frais.
Un dépistage n'est pas un diagnostic ! Dans le cas d'un cancer, seule l'analyse anatomo-cytopathologique sur un prélèvement de tissu malade permet de poser un diagnostic de certitude.
Qu'est ce qu'un CRCDC ( Centre Régionaux de Coordination des Dépistages des Cancers) ?
Les CRCDC ( Centre Régionaux de Coordination des Dépistages des Cancers) ont plusieurs missions. Ce sont eux qui invitent les personnes au dépistage, qui assurent la sécurité des données personnelles des personnes dépistées, qui forment les professionnels de santé aux tests de dépistage, assurent le suivi des dépistages…
Comment se faire dépister un cancer du sein ? A quel âge ?
C'est le cancer le plus fréquent chez la femme en France. C'est aussi celui qui entraîne le plus de décès1. Il devient particulièrement fréquent à partir de l'âge de 50 ans. Sur 100 femmes de 50 ans, 3 développeront un cancer du sein dans les 10 ans2.
Ce type de cancer se soigne particulièrement bien en cas de prise en charge précoce. En cas de détection précoce, la survie à 5 ans est de 99%3.
En France, le dépistage organisé du cancer du sein s'adresse aux femmes de 50 à 74 ans, tous les deux ans. Il comprend une mammographie qui sera obligatoirement numérisée et analysée par deux radiologues. En cas d'antécédents familiaux et de risque élevé, le dépistage peut être proposé dès l'âge de 30 ans.
Prévention : Apprenez à palper vos seins. Consultez votre médecin traitant ou votre gynécologue à la moindre anomalie du sein : rougeur, grosseur, aspect de peau d'orange.... Faites les examiner au moins une fois par an.
1INCa (Institut national du Cancer). Dépistage du cancer du sein : le programme de dépistage organisé. Mis à jour le 28 mars 2022. Consulté le 09 septembre 2022.
2INCa (Institut national du Cancer). Des cancers fréquents. Consulté le 09 septembre 2022.
3INCa (Institut national du Cancer). Cancer du sein. quelques chiffres. Consulté le 09 septembre 2022.
Comment détecter un cancer du col de l'utérus ?
Toute femme ayant eu des rapport sexuels, avec un homme ou avec une femme, même sans pénétration, peut avoir été contaminée par un HPV (Human Papillomavirus). Les virus de la famille HPV sont transmis par voie sexuelle et certains d'entre eux peuvent favoriser un cancer du col. Le préservatif ne protège pas complètement de la transmission des HPV.
Le dépistage du cancer du col de l'utérus est proposé à toutes les femmes de 25 à 65 ans. Il comprend un prélèvement cervico-utérin. Entre 25 et 30 ans, deux examens sont réalisés à 1 an d'intervalle, puis 3 ans après si les deux premiers étaient normaux. Entre 30 et 65 ans, un examen est réalisé tous les 5 ans.
Prévention : La vaccination contre les HPV est recommandée pour tous les jeunes de 11 à 14 ans (filles et garçons). Un rattrapage est possible entre 15 et 19 ans.
Comment faire le dépistage du cancer colorectal ?
Le cancer du côlon est un cancer fréquent. Il touche 4 hommes sur 100 et 3 femmes sur 100, le plus souvent après l’âge de 50 ans. Cette pathologie évolue en silence.
Détecté tôt, un cancer colorectal guérit dans 9 cas sur 104. Un dépistage est proposé à toutes les personnes de 50 à 74 ans, tous les deux ans. Il comprend un test immunologique à réaliser chez soi à l'aide d'un mode d'emploi. Celui-ci permet de détecter la présence de sang dans les selles. Il consiste à prélever un échantillon de selles puis à l'envoyer au laboratoire pour analyse.
Si le résultat est positif ( 4% des cas), votre médecin vous proposera de faire une coloscopie, qui est l'examen de référence. Lors de celle-ci, un gastroentérologue explore l'intérieur du côlon et du rectum pour détecter et éventuellement retirer des polypes.
4INCa (Institut national du Cancer). Dépistage du cancer colo-rectal. Mis à jour le 21 juillet 2022. Consulté le 09 septembre 2022.
Le dépistage des cancers de la prostate chez l'homme en France
En France, il n'existe pas de programme national de dépistage du cancer de la prostate en population générale. En effet, le bénéfice du dépistage n'est pas clairement démontré par les données existantes.
D'une part, le toucher rectal est un examen qui ne permet de détecter que des masses palpables. D'autre part, le dosage de PSA (une protéine produite par la prostate en faible quantité) dans une prise de sang n'est pas relié à la présence d'un cancer. Le taux peut être important alors qu'il n'y a pas de cancer. A l'inverse, le taux peut être faible alors qu'il y a un cancer.
Il n'existe aucun pays dans le monde possédant un dépistage organisé du cancer de la prostate.