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Cardiologie : une technique unique en France

Le docteur  LIPIECKI, du Pôle Santé République à  Clermont, est le seul médecin en France à  proposer une nouvelle technique de traitement de l'insuffisance mitrale fonctionnelle.

Un nouveau dispositif pour traiter les patients qui ne peuvent être opérés à  coeur ouvert

Le docteur  LIPIECKI, du Pôle Santé République à  Clermont, est le seul médecin en France à  proposer une nouvelle technique de traitement de l'insuffisance mitrale fonctionnelle. Il s'agit de la pose d'un dispositif, Carillon, pour traiter des patients qui ne peuvent être opérés à  cœur ouvert.

© Evelyne Rimbert - 9 décembre 2014 - France3 Auvergne

En France, un million de patients souffre d'insuffisance cardiaque.

Entre 10 et 20% d'entre eux présentent une fuite de la valve mitrale. La valve cardiaque qui sépare l'oreillette gauche du ventricule gauche. La fuite fonctionnelle de la valve mitrale constitue un facteur aggravant du pronostic des patients en insuffisance cardiaque. D'o๠la nécessité d'intervenir pour essayer de corriger cette fuite. Les différents traitements utilisés jusqu'alors (médicamenteux) connaissent leurs limites. Il fallait donc trouver une autre solution, et notamment pour les patients qui ne peuvent être opérés à  cœur ouvert.

La pose d'un dispositif, appelé Carillon, est expérimenté depuis deux ans dans le cadre d'un programme d'étude   autour d'une nouvelle technique de traitement de  l'insuffisance mitrale fonctionnelle.

30 patients ont été implantés en Europe, dont 15 en France.

En France, ces implantations ont été réalisées par le docteur Janusz LIPIECKI, cardiologue interventionnel au Pôle Santé République de Clermont-Ferrand. Un nouveau dispositif très prometteur

Interview :

Docteur Lipiecki, comment avez-vous été amené à  vous intéresser à  cette nouvelle technique de traitement de l'insuffisance mitrale fonctionnelle ?  

" En fait, c'est un peu par hasard. Il y a 7 ans, je me trouvais en Pologne pour une réunion de travail sur un tout autre sujet. J'ai rencontré des chercheurs américains à  l'origine de  ce dispositif  et qui venaient de procéder à  une toute première implantation. Déjà , ce procédé s'annonà§ait très prometteur et j'ai souhaité le développer en France.

Qu'est-ce que le dispositif Carillon ?

Il s'agit de deux ancres en Nitinol, un alliage de nickel et de titane à  mémoire de forme, incurvées et reliées par un fil. Ce dispositif est placé dans la veine situé derrière la valve mitrale. Il va rester en place et réduire l'importance de la fuite de la valve mitrale.

A qui s'adresse cette nouvelle technique ?

A tous les patients, jeunes ou moins jeunes, qui présentent une fuite au niveau de la valve mitrale, pour lesquels les traitements médicamenteux ne sont plus efficaces et qui ne peuvent être opérés à  cœur ouvert.

Quels sont les avantages de cette technique ?

C'est une intervention simple, d'une heure trente environ, sous anesthésie générale légère sans intubation. Sans douleurs pour le patient, ni immédiatement ni plus tard. Il n'y a pas de risque de rejet du dispositif. La rapidité de cette intervention nécessite la collaboration étroite de trois médecins : le cardiologue interventionnel, l'anesthésiste et le spécialiste de l'échographie cardiaque.

Le patient se sent nettement mieux

Vous avez opéré 15 personnes en France, quels sont les résultats obtenus ?

Un an après l'opération, une nette amélioration de l'état cardiaque est observée pour la majorité des patients. Ils ne sont plus essoufflés à  l'effort, ils marchent mieux, ils peuvent monter les escaliers. Et cette amélioration perdure avec un   recul de 3 ans. Ce qui est remarquable, c'est que, grà¢ce à  ce système, la réduction de la fuite permet même d'améliorer la qualité du muscle cardiaque, donc de réduire la maladie.

Quand cette intervention sera-t-elle remboursée en France ?

C'est une autre histoire ! Pour l'heure, elle est remboursée en Allemagne o๠15 implantations par mois sont réalisées, en Italie, mais pas en France. Elle est autorisée mais pas remboursée. Les 15 interventions que j'ai réalisées n'ont rien cùté aux patients puisqu'elles s'inscrivaient dans le cadre d'un programme d'étude.

Dès janvier 2015, nous allons démarrer une autre étude en Europe et en Australie. Environ 120 patients seront concernés. 90 seront traités par le dispositif Carillon et 30 seront des groupes témoins pour permettre de comparer les évolutions sur un an.

Comment expliquez-vous que vous soyez le seul en France à  proposer ces implantations ?

J'espère que cela va changer car cette technique mérite vraiment d'être développée étant donné son efficacité qu'on a pu observer chez les patients.

Quatre autres Centres franà§ais devraient prochainement développer cette nouvelle technique : le Centre Georges Pompidou, ainsi qu'à  Montpellier, Rouen et Toulouse. La semaine prochaine, je reà§ois plusieurs professeurs de ces établissements qui vont venir se former au Pôle Santé République o๠je vais réaliser 5 nouvelles implantations. " © Evelyne Rimbert - 9 décembre 2014 - France3 Auvergne

 

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