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Le dépistage du cancer colorectal s’affirme comme un enjeu de santé publique majeur en France. Pour cause, le cancer du côlon et du rectum présente une incidence particulièrement élevée au sein de la population masculine et féminine, associée à une forte létalité.

Si son pronostic est souvent délicat, c’est essentiellement du fait de son évolution asymptomatique à ses débuts. Puisqu’il est capable de rester tout à fait silencieux jusqu’à atteindre un stade d’évolution avancé, il est souvent diagnostiqué trop tardivement pour envisager une guérison totale.

En revanche, lorsqu’il est diagnostiqué précocement, avant l’apparition des premiers symptômes, son pronostic est bien souvent excellent.

Dépistage du cancer du colon toutes les explications

Pourquoi se faire dépister pour le cancer colorectal

Le dépistage du cancer colorectal vise essentiellement à diagnostiquer la maladie avant l’apparition des tout premiers symptômes, c’est-à-dire à un stade précoce de son évolution.

De fait, le cancer, colorectal ou non, est une maladie insidieuse, susceptible de progresser silencieusement à ses prémices, c’est-à-dire sans provoquer de symptômes alertant le patient ou son médecin.

Durant toute la période où il ne provoque pas de symptômes, le cancer colorectal a tout le loisir de se répandre, évoluant d’une petite tumeur isolée à une maladie invasive, infiltrante, dont les cellules envahissent de plus en plus les tissus du côlon et/ou du rectum, puis ceux des organes voisins.

À terme, le cancer forme des métastases voyageant dans l’organisme, capables de coloniser des organes lointains (cerveaux, os, poumons, etc.).

Le traitement précoce du cancer colorectal est une clé du succès de sa prise en charge. Il est en effet beaucoup plus facile et efficace de traiter une petite tumeur isolée qu’une maladie infiltrante, qui a envahi différents organes.

De fait, la prise en charge du cancer colorectal à un stade précoce de son évolution offre 90 % de chances de survie à cinq ans, un taux bien au-dessus de la moyenne de survie à 5 ans tous stades confondus qui, elle, plafonne à 63%.

Depuis 2008, une campagne de dépistage organisée permet à tout un chacun d’accéder à un meilleur pronostic en effectuant des tests réguliers afin de déceler au plus tôt la maladie si elle venait à se développer.

Pour accroître le taux de participation aux campagnes de dépistage, aujourd’hui encore mitigé (seul un tiers de la population se fait dépister), de nouvelles procédures de test, plus simples, plus confortables et moins embarrassantes, ont vu le jour en 2015.

Symptômes et signes du cancer colorectal

Le cancer colorectal peut donc rester longtemps asymptomatique. Lorsqu’il commence à provoquer des symptômes ou que des signes cliniques inhabituels apparaissent, cela signifie généralement que la maladie a déjà progressé à un stade avancé. Plus le cancer colorectal progresse, plus les signes cliniques sont fréquents et nombreux. Il peut s’agir :

  • de douleurs dans la région abdominale, souvent corrélées à des contractions intestinales et se manifestant par crises pendant 2 ou 3 jours, parfois associées à des bruits inhabituels de l’abdomen ;
  • des troubles du transit intestinal, qui prennent la forme d’une diarrhée longue ou d’une constipation inhabituelle, avec parfois une alternance des deux ;
  • la présence de sang dans les selles, qui peut parfois être prise pour une conséquence des hémorroïdes ;
  • de la détection d’une masse durant la palpation abdominale ;
  • d’une perte de poids inexpliquée, notamment lorsqu’elle est accompagnée d’une fièvre persistante ou d’une altération de l’état général ;
  • d’une anémie (diminution du taux d’hémoglobine dans le sang) ;
  • de saignements provenant du rectum ;
  • d’envies fréquentes d’aller à la selle, etc.

Lorsque le cancer colorectal en est à un stade avancé, il peut par ailleurs engendrer d’autres complications, comme une occlusion intestinale ou une déchirure de l’intestin à cause de la tumeur (on parle aussi de perforation tumorale). Ces complications constituent une urgence et doivent motiver une prise en charge immédiate. Afin d’accroître l’efficacité des traitements curatifs, il est nécessaire de consulter son médecin dès l’apparition de ces symptômes, surtout en présence de plusieurs signes.

Les différents stades du cancer colorectal

La stadification d’un cancer permet d’adapter la prise en charge thérapeutique et de connaître l’extension de la maladie en dehors de son siège initial, soit à des organes voisins, soit sous forme de métastases dans d’autres parties du corps. On dénombre 5 stades : du stade 0 au stade 4. On utilise souvent des chiffres romains (I, II…) pour déterminer le stade de la maladie. Plus le chiffre est élevé, plus la maladie s’est étendue.

Cancer colorectal de stade 0

La maladie est à un stade précoce et généralement de bon pronostic. Les cellules tumorales sont présentes uniquement dans la muqueuse du côlon ou du rectum. Elles pourraient être visibles dans l’épithélium ou au niveau du tissu conjonctif de la muqueuse. Elles ne se sont pas propagées au-delà de la couche musculaire de la muqueuse.

Cancer colorectal de stade 1

La tumeur a infiltré la couche sous-muqueuse (tissu conjonctif qui entoure la muqueuse) ou la couche musculeuse (la couche musculaire externe épaisse du côlon ou du rectum).

Cancer colorectal de stade 2

La tumeur a infiltré les différentes couches de la paroi de l’intestin (la couche muqueuse, la couche sous-muqueuse, la couche musculeuse et la couche séreuse). Le stade 2A désigne une tumeur ayant envahi la couche située entre la musculeuse et la séreuse ou les tissus voisins au-delà de la musculeuse, là où il n’y a pas de séreuse. Au stade 2B, la tumeur s’est propagée au-delà de la séreuse ou du péritoine viscéral (membrane recouvrant le côlon et le rectum). Une tumeur de stade 2C a pu atteindre d’autres organes proches, comme la vessie, l’utérus, la prostate…

Cancer colorectal de stade 3

Il existe une propagation des cellules tumorales aux ganglions lymphatiques proches du rectum ou du côlon. En fonction de l’extension tumorale et du nombre de ganglions lymphatiques envahis, on peut préciser le stade 3 en utilisant le stade 3A, 3B ou 3C.

Cancer colorectal de stade 4

Il s’agit d’un stade évolué avec présence de localisations secondaires à distance, notamment dans le foie ou le poumon. On emploie également le terme de cancer colorectal métastatique. Au stade 4A, il existe une seule métastase sur un organe distant ou des ganglions lymphatiques éloignés. Au stade 4B, la maladie a envahi plusieurs organes. Un cancer colorectal classé 4C a envahi le péritoine.

Les stades du cancer colorectal

infographie anatomie du côlon et stade du cancer colorectal

Par ailleurs, la classification TNM est le système de stadification le plus couramment utilisé pour le cancer colorectal. T signifie Tumeur, N est employé pour parler des ganglions lymphatiques, et M pour les métastases.

T pour tumeur

T est classé de T1 à T4. Plus le chiffre est élevé, plus la tumeur est volumineuse ou s’est développée plus loin dans l’organe touché ou dans les tissus proches.

N pour ganglions lymphatiques

N est classé de N0 à N3. Il désigne l’étendue de la propagation aux ganglions lymphatiques proches du côlon ou du rectum. N0 désigne une tumeur sans propagation aux ganglions lymphatiques. On utilise N1 à N3 pour parler d’une tumeur qui a envahi des ganglions lymphatiques selon leur nombre, leur taille et leur localisation.

M pour métastases

On emploie M pour décrire l’extension du cancer colorectal à d’autres parties du corps. M0 décrit l’absence de métastases à distance. M1 signifie que la maladie a engendré des localisations secondaires à distance. Des lettres minuscules (a, b, c) sont parfois utilisées pour spécifier encore plus la nature de la tumeur. Elles sont alors apposées après TNM (exemple : T1c). Par ailleurs, les termes de « local, régional, localement avancé, métastatique… » peuvent parfois être utilisés par les médecins pour décrire le stade de la pathologie.

Quels examens pour dépister le cancer colorectal ?

Le dépistage du cancer colorectal étant un enjeu de santé publique majeur, la médecine progresse vers la mise à disposition de tests toujours plus simples et pratiques à réaliser, dans l’optique de systématiser le dépistage au sein de la population à risque. Depuis 2015, chaque patient peut réaliser un test immunologique chez lui, dans l’intimité de son domicile. Le test consiste à prélever des selles à l’aide d’un petit kit fourni par votre médecin, puis à le poster à un laboratoire qui se chargera de les analyser. Ce test ne permet pas de déceler la présence d’un cancer, mais détecte la présence, même très infime et tout à fait invisible à l’œil nu, de sang dans les selles. Les traces de sang dans les selles sont actuellement considérées comme un des tout premiers signes de cancer colorectal, bien qu’elles puissent aussi relever de pathologies non cancéreuses. Lorsque le test immunologique révèle la présence de sang, il est donc nécessaire de procéder à des examens supplémentaires. La coloscopie est habituellement de rigueur, ainsi qu’une biopsie lorsque des lésions sont mises en évidence.

Examens de diagnostic du cancer colorectal

En cas de doute sur la présence d’un cancer colorectal, des examens complémentaires sont nécessaires pour établir le diagnostic de façon formelle.

Toucher rectal

Le toucher rectal permet de repérer la présence d’une éventuelle masse suspecte au niveau du rectum si celle-ci se situe à moins de 8 cm de l’anus. La palpation permet de faire une première évaluation de sa taille et de sa localisation par rapport au sphincter. Cet examen est pratiqué lors d’une consultation avec le médecin.

Coloscopie

Outre la coloscopie réalisée dans le cadre du dépistage organisé chez les patients qui présentent un test immunologique positif, votre médecin peut demander la réalisation d’une coloscopie en présence de signes cliniques évocateurs d’un cancer colorectal ou chez les personnes qui présentent des facteurs de risque. Cet examen consiste à explorer la muqueuse de la paroi intestinale et peut se dérouler selon deux méthodes :

  • La coloscopie traditionnelle, qui consiste à introduire par l’anus un endoscope muni d’une caméra et d’une pince afin d’explorer l’intérieur de l’organe et réaliser des prélèvements si nécessaire. Elle se pratique sous anesthésie générale après une préparation au préalable. Si l’examen révèle une ou plusieurs lésions douteuses, la pince pourra les retirer partiellement ou en totalité afin de les faire analyser en laboratoire d’anatomopathologie.
  • Le coloscanner (ou coloscopie par scanner), qui consiste à visualiser le côlon depuis l’extérieur du corps après une petite préparation. Cet examen ne nécessite aucune anesthésie et peut être envisagé en cas de contre-indication à l’anesthésie générale, d’impossibilité de réaliser une coloscopie classique ou selon les préférences du patient. Si une lésion suspecte est repérée sur les clichés, il faudra procéder à son ablation par endoscopie.

L’analyse des prélèvements effectués au cours de la coloscopie permet de confirmer le diagnostic de cancer colorectal et de connaître les caractéristiques de la pathologie, comme le type de tumeur, sa rapidité d’évolution, etc. Si une tumeur est découverte, d’autres examens complémentaires sont prévus dans le cadre d’un bilan d’extension. Par ailleurs, il est possible de réaliser une recherche de mutations génétiques sur ces échantillons de tissus pour analyser certaines spécificités génétiques capables de favoriser les cancers colorectaux (mutation RAS, mutation BRAF, MSI : instabilité microsatellitaire). Les résultats peuvent déceler les formes génétiques de cancer colorectal afin d’affiner le pronostic de la pathologie ou d’adapter la stratégie thérapeutique avec des thérapies ciblées.

Bilan d’extension

Il s’agit d’un ensemble d’examens réalisés lorsque le diagnostic de cancer est établi formellement. Ce bilan permet de mesurer l’agressivité d’une tumeur et son degré d’évolution afin d’aider les médecins à choisir la stratégie thérapeutique la plus pertinente. En fonction des caractéristiques de la tumeur, de l’âge et de l’état de santé des patients, il peut comporter :

  • Un bilan sanguin avec un dosage de l’ACE (un marqueur sanguin lié à la présence d’un cancer qui permet notamment de déceler une tumeur métastatique), une NFS (numération formule sanguine), un taux de créatinine pour contrôler les fonctions rénales, etc.
  • Un scanner TAP (thoraco-abdomino-pelvien) pour visualiser toute la région abdominale (intestin, rectum, pelvis, thorax…). Le scanner TAP permet de rechercher la présence éventuelle de lésions suspectes au niveau du tube digestif ou des organes voisins. Cet examen est souvent pratiqué après injection d’un produit de contraste.
  • Un TEP-Scan si l’ensemble des résultats évoquent un possible cancer métastatique. Après injection d’un produit de contraste, l’examen d’imagerie par scintigraphie va pouvoir repérer la présence d’autres cellules tumorales dans le corps pour visualiser des localisations secondaires.
  • Une échographie hépatique ou une IRM hépatique si l’équipe médicale suspecte la présence d’une métastase au foie.
  • Une échographie endorectale ou une IRM pelvienne si un cancer du rectum est suspecté.

Qui doit se faire dépister pour le cancer colorectal ?

Le dépistage du cancer colorectal s’adresse à toutes les personnes âgées de 50 à 74 ans. Cette catégorie de la population est hautement encouragée à procéder à un test immunologique tous les deux ans.

Avant l’âge de 50 ans, il est également essentiel d’échanger avec votre médecin traitant pour déterminer si votre profil est considéré comme « à risque » ou non.

Les patients à risque, par exemple ceux présentant des mutations génétiques ou comptant des personnes atteintes de cancers parmi leurs parents proches, peuvent être invités à procéder à des tests de dépistage plus tôt, ou bénéficier d'une stratégie de surveillance particulière.

Un dépistage par coloscopie, plus fiable que le test immunologique, peut notamment être privilégié chez les personnes à risque.

Avec plus de 40 000 patients concernés par le cancer colorectal chaque année, le dépistage précoce de cette pathologie fait figure d’enjeu de santé publique majeur.

Son dépistage précoce offre une guérison complète à 5 ans dans plus de 90 % des cas. Des chiffres encourageants, qui appellent à systématiser l’utilisation de tests immunologiques, encore trop délaissés par la population.

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