Utilisation des Guides sur mesure PSI = Patient Specific Instruments dans les prothèses partielles et totales de genou

Le Dr Sylvain GADEYNE, Chirurgien orthopédiste et traumatologue à la Polyclinique du Parc répond à quelques questions : 

Pouvez-vous nous parler de cette nouvelle technique ?

Avant de répondre à cette question, il faut d’abord expliquer comment d’ordinaire un chirurgien met en place une prothèse de genou qu’elle soit partielle ou totale.

Nous utilisons un appareil qui s’appelle un ancillaire. Cela nous permet de réaliser les coupes osseuses afin d’obtenir en fin d’intervention un membre bien axé dans les différents plans de l’espace. Cet axe final est important pour le résultat immédiat mais aussi pour la survie de la prothèse dans le temps.

Qu’est-ce qu’un guide sur mesure ?

C’est un guide qui est spécifique au patient. Il n’est fabriqué que pour lui et ne peut pas être utilisé pour quelqu’un d’autre. Il s’adapte aux spécificités individuelles de chacun.

L’objectif est d’optimiser la pose avec des résultats plus reproductibles sur le court terme et sur le long terme.

En pratique comment cela se passe ?

L’indication chirurgicale est définie en consultation avec le patient comme habituellement.

La spécificité repose sur l’utilisation d’un protocole d’imagerie particulier.

On fait réaliser un scanner qui analyse l’ensemble du membre inférieur dans les trois dimensions de l’espace. L’équipe de radiologie d’ostéo-articulaire des dentellières est très performante et assure la transmission des données sur un logiciel.

Ce logiciel va ensuite permettre aux ingénieurs de reproduire virtuellement les surfaces osseuses du genou.

Cela permet ainsi de représenter virtuellement l’anatomie du patient. Le logiciel calcule ensuite le positionnement optimal de la prothèse et planifie le travail d’implantation.

Une simulation des coupes osseuses par informatique est ensuite envoyée au chirurgien qui approuve ou corrige les choix qui ont été faits par la machine. Ensuite l’ingénieur édite les guides de coupe ainsi que les extrémités osseuses par des imprimantes 3D.

C’est un peu comme si nous faisions l’intervention chirurgicale en amont. Ce guide sur mesure nous permet ainsi de visualiser et de valider le résultat avant même le geste chirurgical.

Cela rallonge- t- il le délai entre la consultation et l’intervention ?

Il faut environ 3 semaines entre le jour de la consultation et la date du bloc opératoire. Cela ne rallonge donc pas les échéances puisque c’est habituellement le délai minimum pour fixer une date d’intervention chirurgicale de ce type.

Comment cela se passe le jour de l’intervention ? La procédure au bloc est-elle plus longue ?

Les guides sont livrés et stérilisés quelques jours avant l’intervention. Ils sont donc au bloc opératoire.

Le fait d’avoir préparé l’intervention en amont rend le geste chirurgical plus précis et plus rapide. La notion de temps est importante car elle est liée directement au risque d’infections.

En quoi est-ce un avantage pour le patient ?

Elle amène de la précision et de la reproductibilité.

La reproduction exacte des extrémités osseuses afin de retrouver très facilement les repères osseux nous assure de positionner le guide conformément à la programmation. La précision du geste chirurgical est de l’ordre du millimètre.

Lors de l’intervention, ce guide permet de faire des abords plus petits et donc d’être moins invasif sur le plan musculaire. Cela contribue ainsi à une récupération plus rapide.

L’intervention étant plus courte, ces guides permettent de se remettre debout le jour même de l’intervention et l’association de cette technique avec les modes de récupération actuelle a permis de raccourcir très nettement les durées d’hospitalisation.

L’hospitalisation moyenne est de l’ordre de 24 à 48 heures.

Pratiquez-vous cela depuis longtemps ?

J’utilise cette technique le plus régulièrement possible depuis 6 ans, nous avions fait d’ailleurs une retransmission live internationale il y a 5 ans.

Y a-t-il des preuves scientifiques de l’utilité ce cette pratique ?

C’est une excellente question car parfois la modernité n’apporte pas de meilleurs résultats cliniques. La réponse est oui.

J’ai fait d’ailleurs une communication sur ce sujet au congrès international des journées lyonnaises de genou en septembre 2020. En orthopédie actuellement, la robotique et les guides sur mesure permettent d’apporter de la précision et la reproductibilité.