Correction des signes du vieillissement du visage

Les modifications du teint, l’apparition des ridules, puis des taches, sont les premiers signes du vieillissement et constituent la triade de l’héliodermie (modifications de la peau consécutives à l'exposition au soleil, associées au vieillissement). Retrouvez l'article du Dr Jean-Pascal Fyad sur la "correction médico-chirurgicale des signes du vieillissement du visage" (chapitre 2). Article publié dans la Lettre Cliniques infos du Grand Nancy (Polyclinique Majorelle) Mai 2023, n°31.

Coup de vieux : comment perçoit-on le vieillissement du visage ?

L'’impression de «coup de vieux » laissée par un visage familier repose sur l’analyse instantanée de la luminance de la peau par notre œil, puis notre cerveau. La luminance (quantité de lumière réfléchie par un objet, mesurée en candela/m2) est réduite par les dégradations superficielles de la peau, la perte des volumes du visage et le relâchement des tissus. Quelles sont les dégradations superficielles de la peau et leurs traitements ? 

Le teint : comment apparaissent les taches sur la peau, le visage ?

Chronologiquement, les modifications du teint sont les premiers signes de photo-vieillissement. Le photo-vieillissement est lié à l’action toxique des rayons ultra-violets (UV) sur les cellules de la peau (fibroblastes, kératinocytes, mélanocytes). Leurs effets ne sont pas d’emblée visibles à l’œil nu.

Et pourtant, dès l’enfance, l’observation du visage à travers un filtre UV, met en évidence l’apparition de taches nombreuses : les lentigos. Le lentigo est dû à une prolifération de mélanocytes normaux dans le derme. Leur nombre est proportionnel à la sensibilité de la peau aux UV. Ainsi, dès le milieu de la vingtaine, et surtout chez les fumeurs et fumeuses, le teint devient moins lumineux, plus terne. Au cours de la trentaine, les lentigos deviennent visibles. Leur taille et leur nombre augmentent avec les années et la sensibilité individuelle de la peau.

Les taches provoquées par le soleil

D’autres signes du vieillissement marquent la peau au-delà de 40 ans : les kératoses. Les modifications génétiques des kératinocytes causées par les rayons UV sont à l’origine des kératoses actiniques (ou solaires). Ces plaques rouges et rugueuses sont considérées comme des lésions précancéreuses. Au contraire, les kératoses séborrhéiques sont des lésions bénignes, brunes, liées à l’âge, qui se développent même sur des zones non exposées au soleil.

Prévention des altérations du teint, photovieillissement

Le photo-vieillissement peut être prévenu et doit l’être, dès l’enfance. Les Australiens ont les premiers, dans les années 80, fait de la protection solaire un enjeu de santé publique.

Elle tient en 5 recommandations :

• couvrir les zones exposées (manches longues);
• utiliser un écran solaire (SPF 30 ou plus, même en voiture, même par temps couvert, toutes les 2h);
• porter un chapeau à bords larges;
• porter des lunettes;
• rechercher l’ombre (le plus simple et le plus efficace ! Sinon, éviter le soleil entre
  10h et 16h).

D’autres populations doivent se protéger du soleil en raison d’une plus grande sensibilité de la peau : les personnes souffrant d’une baisse de l’immunité (patients greffés, souffrant d’un lupus érythémateux ou traités par immunosuppresseurs). Ainsi que celles prenant des traitements photo-sensibilisants (tétracyclines, fluoroquinolones, Griséofulvine).

Comment se débarrasser des rides et des taches sur le visage ? soins, crèmes...

La correction des anomalies du teint et des taches est simple et efficace. Plusieurs agents physiques ou chimiques peuvent être utilisés :

• les peelings superficiels au rétinol ou à l’acide glycolique;
• les peelings intermédiaires à l’acide trichloracétique (TCA);
•  la lumière intense pulsée (IPL);
•  les lasers.

Les résultats sont bons, mais la récidive est la règle, obligeant à renouveler le traitement.

Utilisation des crèmes dermocosmétiques

L’utilisation de crèmes dermo-cosmétiques à principe actif est utile, toujours associée aux mesures de protection solaire !

Les rides

Mécaniquement, la ride est l’expression d’une contrainte. Soumise à une contrainte en compression la peau se déforme en une succession de vagues. Cette contrainte peut être en rapport avec la contraction d’un muscle peaucier ou bien avec le poids de la tête reposant sur un oreiller (rides verticales du front ou des joues).

Rides : derme et élastine

Grâce à l’élastine qu’il contient (protéine également très abondante dans les parois artérielles, les bronches et les poumons), le derme permet un ré-étalement de la peau dès que la contrainte est levée. Avec l’âge (chrono-vieillissement) le derme perd son élasticité. La perte d’élasticité est accentuée par la production d’une élastine anormale sous l’action des UV (photo-vieillissement) : c’est l’élastose solaire. Les déformations deviennent alors pérennes.

Comment faire disparaître les rides profondes du visage ?

Le traitement des rides fait appel à 3 techniques que l’on peut parfois associer :

• la relaxation musculaire;
• le comblement;
• l’abrasion. 

Rides et toxine botulique

La toxine botulique (protéine sécrétée par Clostridium botulinium) empêche la libération d’acétylcholine sur la plaque motrice. La paralysie qu’elle entraîne est temporaire (4 à 6 mois) et proportionnelle à la dose. Elle est utilisée principalement pour les rides d’expression du front et des yeux en bloquant la contraction des muscles frontaux, corrugateurs ou orbiculaires. Les doses utilisées en médecine esthétique sont très inférieures à celles utilisées en neurologie. Ses risques sont essentiellement esthétiques (sur ou hypo-correction). Utilisée seule lorsque la peau n’est pas encore marquée, la toxine peut être combinée à l’acide hyaluronique dès que les rides sont installées. 

Rides et acide hyaluronique (AH)

L’acide hyaluronique (AH) est un polysaccharide. Pouvant retenir 1000 fois son poids en eau, il est l’un des principaux constituants de la matrice extracellulaire, responsable notamment de l’hydratation
du derme. Fabriqué par génie génétique, il est utilisé à différentes profondeurs, depuis le
derme superficiel jusqu’à l’hypoderme et la graisse profonde du visage. Ce produit résorbable permet de combler les rides superficielles, mais aussi les dépressions plus importantes (cernes, vallées des larmes, joues).

Acide hyaluronique (AH) et risques rares mais graves

Les risques de l’AH sont rares mais potentiellement graves. A côté des réactions inflammatoires à macrophage (granulome à corps étranger) qui sont habituellement résolutives,
le risque d’embolie artérielle ou veineuse est à considérer, surtout pour certaines zones richement vascularisées du visage (glabelle, nez, sillons nasogéniens). Dans ces cas dramatiques de souffrance
cutanée du visage, la prise en charge doit être rapide (moins de 24h), avec l’utilisation de la hyaluronidase à fortes doses en injections répétées sur les zones concernées, afin de dissoudre les emboles. En l’absence de prise en charge adaptée, l’évolution vers la nécrose est possible. Malheureusement aujourd’hui, il est facile de se procurer des seringues d’AH, et les « fake injectors » non médicaux se multiplient… et les complications aussi. 

Rides et abrasion

L’abrasion reste une solution spectaculaire, bien que lourde, lorsque les rides sont trop profondes et trop nombreuses pour une correction ciblée : la sélection des patients est un critère majeur de succès (tous ne sont pas capables de faire face aux suites opératoires). 

L'abrasion utilise au choix trois agents :

• chimique (phénol et huile de croton);
• physique (fraise diamantée);
• thermique (laser CO2).

Le principe consiste à détruire l’épiderme et le derme papillaire superficiel. La cicatrisation entraîne un remodelage du derme au cours des 6 à 9 mois qui suivent l’acte. Les résultats sont pérennes. L’acte est réalisé sous anesthésie générale (ou locale).

Les suites de l'abrasion sont marquées par trois phases successives : œdème (gonflement, du 1er au 3e jour), croûtes (du 3e au 6e jour), puis rougeur (du 7e jour au 6e mois). La difficulté technique réside dans le «réglage» de la profondeur d’action : trop superficiel, il n'y a pas d’effet; trop profond et l'on risque de laisser des cicatrices. L’expérience de celui ou celle qui réalise l'abrasion est donc primordiale. 

>>> Retrouvez la première partie de cet article : Comment reconnaître qu’un visage a vieilli ?