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Infirmière en pratique avancée en urologie et suivi des patients sous hormonothérapie pour cancer de la prostate. Quelle est l'intervention de l'infirmière en pratique avancée sur le parcours du patient soigné par thérapie hormonale ?

Définition : qu'est-ce qu'une infirmière en pratique avancée, IPA, suivi, prescription

Un infirmier ou une infirmière "qui exerce en pratique avancée est un infirmier diplômé qui a acquis des connaissances théoriques, le savoir-faire nécessaire aux prises de décisions complexes, de même que les compétences cliniques indispensables à la pratique avancée de sa profession, précise le Conseil International des Infirmiers (adoptée en 2008). Les caractéristiques de cette pratique avancée sont déterminées par le contexte dans lequel l’infirmier sera autorisée à exercer".

Infirmière en pratique avancée (IPA) : une démarche novatrice positive au centre d'urologie de Gentilly

Depuis quelques mois, les patients du CENTRE D’UROLOGIE DE GENTILLY (Drs GAUCHER, HUBERT, JAMET, MAIRE, MAZOUIN, NICOLAS et PIERFITTE) bénéficient de la pratique et de l’expérience d’une infirmière en pratique avancée (IPA) permettant des actions de prévention et un suivi personnalisé des patients en complément de la prise en charge médicale. Cette démarche novatrice, qui peut s’étendre au pré- et au post-opératoire, est établie en coordination avec les urologues suivant des protocoles établis. Les retours des patients sont très positifs quant à leur participation active à leur prise en charge, à l’amélioration du parcours de soins et au bénéfice psychologique. Le suivi des patients sous hormonothérapie pour cancer de la prostate en est un exemple probant. Article publié dans la Lettre Cliniques infos du Grand Nancy (Hôpital privé Nancy-Lorraine Mai 2023, n°31.

Spécialité. Quels sont les domaines de compétence d'une infirmière, infirmier, en pratique avancée IPA ?

L’IPA, diplômé ou diplômée d’Etat de grade master après deux années d’études au sein d’une Faculté de médecine, peut actuellement exercer dans 5 domaines de compétences :

  • Pathologies chroniques stabilisées et polypathologies courantes en soins primaires;
  • Oncologie et hémato-oncologie;
  • Maladie rénale chronique, dialyse, transplantation rénale;
  • Psychiatrie et santé mentale;
  • Urgences.

Différents milieux d’exercice sont possibles, sous forme salariée ou libérale :

  • en ambulatoire
  • en assistance de médecins spécialistes;
  • en établissement de santé.

Infirmière en pratique avancée en urologie : cancer de la prostate

Le cancer de la prostate est le deuxième cancer le plus fréquent et la principale cause de décès par cancer chez l’homme. La privation androgénique ( thérapie hormonale ) est la pierre angulaire du traitement systémique pour les patients atteints d’un cancer de la prostate à risque intermédiaire ou élevé, étendu localement, récidivant après traitement local et métastatique. Ce traitement proposé en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) peut prendre différentes modalités en fonction de l’extension et de l’évolution du cancer prostatique : agoniste ou antagoniste de la LH-RH associé ou non à un antiandrogène, à une hormonothérapie de nouvelle génération, à une chimiothérapie…

Ce traitement peut entraîner des effets secondaires et des complications à court et à long terme qui peuvent altérer la qualité de vie (QDV) des patients. Il n’existe pas de traitement spécifique pour tous les effets indésirables induits ; il est donc essentiel de les prévenir et de les dépister en réalisant un suivi régulier du patient, en le rendant acteur de sa prise en charge, afin de ne pas compromettre l’observance et de limiter les impacts sur sa qualité de vie (QDV).

Effets secondaires de l’androgéno-suppression (thérapie hormonale) :

  • Bouffées de chaleur;
  • Modification de la sexualité, perte de libido;
  • Fatigue, perte de la vitalité;
  • Troubles de l’humeur;
  • Psychasthénie, détérioration cognitive, syndrome dépressif;
  • Résistance précoce à l’insuline et risque de diabète;
  • Hypercholestérolémie;
  • Perte de la masse maigre et augmentation de la masse grasse;
  • Troubles cardio-vasculaires;
  • Ostéopénie et risque de fractures.

Différentes études incluant des patients ainsi traités pour cancer de la prostate ont montré une réduction statistiquement significative de certaines complications spécifiques du traitement hormonal.

 

Intervention de l'infirmière en pratique avancée sur le parcours du patient soigné par thérapie hormonale

Le patient est vu tous les trois à six mois par l'infirmier ou l'infirmière en pratique avancée (IPA) en alternance avec le médecin lors de consultations au centre urologique d’une durée approximative de 45 minutes. Un suivi téléphonique peut être proposé selon les situations.

La première consultation permet d’établir un bilan de santé global :

  • Dépistage : addictions, facteurs de risque CV, vulnérabilités psycho sociales;
  • Stabilité des pathologies chroniques existantes;
  • Examen clinique et constantes;
  • Entretien retraçant l’histoire de la maladie et les antécédents;
  • Evaluation des besoins fondamentaux et de la QdV avec des outils adaptés.

Un CR de consultation est tracé dans le logiciel médical partagé avec les urologues avec des préconisations cliniques et des propositions de suivi adaptées au profil patient.

Quelles sont les missions principales de l'infirmière en pratique avancée chez un patient sous hormonothérapie pour cancer de la prostate ?

Les actions de prévention s’attachent à sensibiliser le patient aux effets secondaires potentiels avec remise de documents spécifiques (Fiches info-patients de l’AFU, flyers sur des items spécifiques, hygiène de vie), à dépister des vulnérabilités via un questionnaire de QDV (PROSTAR 10), à évaluer la connaissance des objectifs et de l’intérêt du traitement afin d’obtenir l’adhésion et la participation active du patient dans son parcours de soins.

L’évaluation s’appuie sur des questionnaires Qualité de vie, des fonctions urinaires et sexuelles (Scores IPSS, IEEF5, ANDROS).

La coordination avec les praticiens référents du patient se traduit par une synthèse de la consultation destinée à l’urologue, par un CR adressé au médecin généraliste. Les aidants, les paramédicaux concernés, l’assistante sociale sont informés des différentes démarches entreprises.

L’orientation du patient : en fonction des actions préventives à réaliser et des vulnérabilités du patient, l’IPA est amenée à prendre l’avis du médecin traitant, du cardiologue ou rhumatologue référent, à préconiser de l’activité physique adaptée (APA), à orienter le patient pour différentes prises en charge complémentaires, nutritionnelle, psychologique, sexologique…

Les prescriptions. En tenant compte des examens déjà réalisés par le médecin traitant et dans le cadre d’un protocole établi avec l’urologue (protocole de recherche par exemple), l’IPA peut prescrire un bilan sanguin (hémogramme, PSA, fonction rénale, vitamine D, bilan lipidique ...), une ostéodensitométrie… L’IPA en Urologie a aussi un rôle important et complémentaire de l’Urologue dans la prise en charge du patient opéré pour cancer de la prostate ou de la vessie, en particulier pour l’évaluation des conséquences potentielles sur les fonctions urinaires et sexuelles.

Participation active à la prise en charge du patient

En conclusion, la contribution d’une IPA dans le parcours de soins des patients porteurs d’un cancer urologique en complément de la prise en charge médicale par l’urologue et le médecin traitant apporte une plus-value certaine dans la participation active du patient à sa prise en charge ; elle permet une meilleure adhésion au traitement et elle optimise la prévention des effets secondaires de l’hormonothérapie.

Auteur 

Amélie MAILLARD est diplômée IPA, mention PCS, depuis 2021 de la Faculté de médecine de Nancy et elle exerce en libéral au sein du Centre urologique de Gentilly. Les patients lui sont adressés par les urologues avec leur accord, et ils sont suivis très régulièrement au Centre ou en distanciel, principalement dans le cadre de leur cancer de la prostate impliquant une hormonothérapie ou une chirurgie.

 

 

Qu'est-ce qu'une infirmière de pratique avancée ?

Un infirmier ou une infirmière en pratique avancée est un professionnel qui a acquis des connaissances théoriques, le savoir-faire nécessaire aux prises de décisions complexes, de même que des compétences cliniques. Son intervention permet des actions de prévention et un suivi personnalisé des patients en complément de la prise en charge médicale. Selon les autorités sanitaires françaises, la pratique avancée permet à des paramédicaux (notamment infirmières ou infirmiers) de réaliser des actions jusque-là réservées aux médecins. Ils disposent ainsi de compétences plus larges notamment en termes de prescription.

Comment devenir ipa infirmière de pratique avancée ? formation, diplôme, Master

Un infirmier en pratique avancée (IPA) est un soignant expérimenté avec au moins trois ans d'expérience. Il ou elle est titulaire d'un diplôme d'Etat IPA (Master). Celui-ci indique la mention choisie. Pour exercer dans les domaines choisis, l'IPA doit avoir passé les mentions en lien.

Comment se déroule la formation ipa ?

La formation d'infirmière en pratique avancée a lieu sur deux ans. La première année se fait en tronc commun. Elle permet d'aborder les bases de la pratique avancée. La seconde année est axée sur les spécialités choisies.

Quel salaire pour les ipa ?

Le salaire d'une infirmière  en pratique avancée (IPA) dans la fonction publique hospitalière, classe normale est entre 2 158 € et 3 501 € brut mensuel. IPA classe supérieur : entre 2 682 € et 3 705 € brut mensuel. Source : Centre d'information et de documentation jeunesse (CIDJ).

Article écrit le 17/05/2023, vérifié par Amélie MAILLARD, Hôpital privé Nancy-Lorraine

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