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[ENTRETIEN] "Notre stratégie d'innovation se veut agile : elle est vasée sur des tests (pilotes à et une coopération avec les acteurs sur le terrain, souligne Dorothée Moisy-Gouarin, directrice de l'innovation d'Elsan. Notre raison d'être est d'agir et d'innover pour la santé de tous dans les territoires, avec un travail de collaboration entre les équipes innovation, les experts en établissement et différentes directions métiers. »

Dans un entretien accordé à Health & Tech, Dorothée Moisy-Gouarin revient en détail sur la stratégie d’innovation du groupe d’hospitalisation privée, qui repose sur une approche pragmatique très ancrée sur le terrain : le principe n’est pas de multiplier les partenariats mais « d’être sélectif pour se concentrer sur les projets, viables, sur lesquels on sait qu’on ira jusqu’au bout », souligne-t-elle. « L’idée est de se bader sur l’usage pour que la solution soit plus facilement adoptée par les utilisateurs, soignants – médecins - administratifs et patients, et déployée sur l’ensemble des établissements du groupe à terme. »

Innolab : un living lab pour scanner les innovations du secteur

Cette démarche d’open innovation a été mise ne place en 2016 avec le lancement d’Innolab le living lab d’Elsan. Dans le cadre de ce dispositif, un large spectre d’innovations est observé (télémédecine, services aux patients, aide administrative digitale pour les professionnels de santé, valorisation des données de santé, réalité virtuelle…), avec l’ambition in fine d’apporter de nouvelles solutions pertinentes aux patients, aux professionnels de santé et aux établissements.

Depuis le lancement d’Innolab, 580 solutions ont été observées. Les projets sélectionnés sont testés en phase pilote dans un ou plusieurs établissements : les plus pertinences sont retenus pour un déploiement élargi au sein du groupe. Parmi les critères de sélection : l’impact, la maturité de la solution et la faisabilité du déploiement.

Depuis 2016, le groupe a mené une trentaine de pilotes sur des projets portant notamment sur la télésurveillance, la médecine personnalisée, la gestion des ressources humaines, les changes entre professionnels de santé, équipe soignante et équipe administrative… qui ont abouti à une douzaine de partenaires (Hublo, Lifen, MD Start, Pandalab…).

En complément de sa stratégie d’open innovation, Elsan a par ailleurs initié il y a 3 ans une démarche d’entrepreneuriat visant à soutenir les projets innovants développés par des collaborateurs (soignants, médecins, personnel administratif) des établissements. Une initiative développée en partenariat avec Hacking Health Camp, l’organisateur du plus grand hackathlon spécialisé dans le domaine du numérique ne santé en Europe.

Sourcing des solutions, sélection puis test sur le terrain

6% du CA dédié aux investissements dans les technologies, le digital, les infrastructures et les plateaux techniques de pointe.

Elsan soutient l’innovation en accompagnant les praticiens dans l’accès aux dispositifs médicaux et aux équipements lourds innovants ainsi qu’à la formation via son centre de formation DPC. Les investissements dans les technologies, le digital, les infrastructures et les plateaux techniques de pointe représentent plus de 6% du chiffre d’affaires d’Elsan.

La direction de l’innovation n’a pas le budget dédié, indique Dorothée Moisy-Gouarin. « Nous travaillons au service des métiers, pour les accompagner, avec un sourcing des solutions pertinentes repérées sur le marché et une évaluation effectuée conjointement avec les métiers concernés. Les innovations retenues sont ensuite reprises dans la roadmap métier et inscrites dans son budget. »

« Innolab est une porte ouverte entre Elsan et l’extérieur »

Ce sourcing des solutions est réalisé via le linving lab d’Elsan, Innolab. « Il s’agit d’une veille en continu des innovations déployées à l’extérieur du groupe et des sociétés innovantes en santé, précise Dorothée Moisy-Gouarin. On regarde aussi ce qui se passe dans les établissements parce que certaines innovations proviennent directement les équipes en interne. »

Depuis la création d’Innolab en 2016, 580 solutions ont été observées. « Notre rôle est de mettre en place un maillon entre notre écosystème et les acteurs externes. Innolab est une porte ouverte entre Elsan et l’extérieur. »

Les solutions retenues sont ensuite testées dans les établissements

Dans un deuxième temps, une sélection des solutions identifiées est réalisée pour la mise ne place pilotes sur le terrain, avec une attention portée sur l’usage, l’impact et la maturité de la solution ainsi que sur la faisabilité de son déploiement sur le marché. « On cherche à savoir comment la technologie peut avoir l’usage le plus large possible, relève Dorothée Moisy-Gouarin. L’idée n’est pas d’avoir un cas d’usage uniquement pour l’établissement pilote mais pour l’ensemble de nos établissements afin de pouvoir envisager à terme un déploiement de la solution dans tout le groupe. »

Plusieurs pilotes sont actuellement en cours, notamment sur la télésurveillance en oncologie avec résilience (Centre de cancérologie Les Dentellières), établissement Elsan situé à Valenciennes. Dorothée Moisy-Gouarin souligne que les équipes terrain sont toujours enthousiastes pour travailler ces projets innovants même si le contexte actuel de forte tension dans les services des établissements a complexifié la démarche. Le groupe est d’ailleurs actuellement « très à l’écoute » des innovations relatives au recrutement des professionnels de santé et à l’attractivité des métiers.

Une 30aine de pilotes menés depuis 2016, une 12aine de partenariats noués

Des partenariats opérationnels et commerciaux vois capitalistiques.

« Nous ne lançons pas beaucoup de pilotes : on les sélectionne par rapport à nos priorités stratégiques », explique Dorothée Moisy-Gouarin. Le groupe en a mené une trentaine depuis 2016. « On monte le projet sur le terrain, en identifiant les feins ou en opérant des adaptations. L’une des conditions de réussite est d’avoir une organisation adéquate et un businesss model adapté. On vérifie que tout cela fonctionne et, en cas de validation, on identifie ensuite un partenariat opérationnel et commerciale. » Des partenariats qui peuvent « se doubler d’un partenariat capitalistique (investissement minoritaire par Elsan dans l’entreprise) », ajoute Dorothée Moisy-Gouarin.

Là encore, l’idée du groupe n’est pas de conclure un nombre trop important de partenariats mais de bien les choisir pour travailler ensemble dans la durée », souligne-t-elle.

Elsan a noué une douzaine de partenariats avec des start-ups innovantes, parmi lesquelles Domicalis, Ehtrace, France Surgery, Hublo, Lifen, MD Start et Pandalab.

« Il faut la bonne innovation au bon moment et avec le bon cas d’usage »

Il est à noter que le groupe ne propose pas d’accompagnement des entreprises comme peuvent le faire les incubateurs : la démarche Innolab est de mettre en place des expérimentations terrain et des partenariats terrain avec elles.

Un partenariat avec Elsan permet aux sociétés d’avoir un point d’entrée dans le monde de l’hospitalisation privée, qui leur permet de mieux comprendre son fonctionnement et ses besoins. Si la solution n’est pas assez mature, on peut proposer à l’entreprise de reprendre contact avec nous dans 1 ou 6 mois pour voir si une collaboration sera alors possible. On ne ferme pas la discussion. Il faut la bonne innovation au bon moment, à la fois pour l’entreprise et pour l’établissement, et avec le bon cas d’usage. »

© Health and Tech Intelligence, Actualité n°14432, Paris, lundi 25 avril 2022 à 10h55