Actualités

Deux cardiologues palois encouragent les gens en bonne santé à pratiquer une activité physique pendant la période de confinement, mais sans excès et en respectant à la lettre les règles du confinement.

Fini vélo, équitation, parapente…À force de voir interdites des pratiques individuelles qui n’obligent pourtant pas à croiser du monde, la question se pose de savoir si la pratique physique en elle-même n’est pas devenue un danger, en raison de l’épidémie. « Pas du tout, j’encourage les gens à faire du sport, c’est un exutoire, ça ne va pas les mettre en danger, au contraire ça fait du bien à l’esprit de se faire du bien au corps ! » insiste un premier cardiologue palois, Raphaël Lasserre. Car la question n’est pas là : « Avant toute chose, il faut que chacun soit bien conscient de la gravité de la situation sanitaire et qu’il faut respecter à la lettre les règles dressées par les autorités », pose son confrère Jean-Yves Beigbeder, cardiologue du sport à la clinique d’Aressy, en lien étroit avec la haute autorité de santé et l’agence régionale de santé.

Quelles sont les règles à respecter pour pratiquer une activité physique dans la situation de confinement actuelle ?

Jean-Yves Beigbeder : Avant tout, il faut rester chez soi. Si activité physique il y a à l’extérieur du domicile, il faut qu’elle soit limitée (moins de 500 m en milieu urbain, jusqu’à 1 km en milieu rural). Et exclusivement de la marche ou du jogging et pas plus d’une demi-heure. Ce jogging, il faut le faire seul, et prendre ses distances - 1m minimum - lorsque l’on croise quelqu’un. Toutes les autres activités sportives, que ce soit le cheval, le vélo, la pêche etc. sont proscrites. Et il n’est pas question de préparer un marathon ou quoi que ce soit en cette période !

Pourtant certaines activités paraissent pouvoir être pratiquées sans risque d’entrer en contact avec d’autres personnes…

Jean-Yves Beigbeder : « Le but de tout cela, des 500 m etc, c’est que les gens croisent le moins de personnes possible. Beaucoup n’ont pas compris que le but est de casser l’épidémie, et que pour cela il faut tout arrêter ! En Chine, de façon autoritaire, des villes entières de plusieurs millions d’habitants, une région, ont été placées en quarantaine. Si on ne respecte pas les règles, la pandémie va s’étendre. Ce qu’on risque, aujourd’hui en France, c’est le confinement total et la quarantaine. »

Quel type d’activité physique est recommandé ?

Jean-Yves Beigbeder : « Quand on a fixé ce cadre, il faut s’adapter. On rentre dans une forme d’hibernation qui va durer plus de deux semaines : un mois, un mois et demi… C’est important d’avoir une activité physique d’au moins une demi-heure par jour. Calmement, en endurance avant tout. Il faut bien s’hydrater, bien manger. Et si on a la possibilité, c’est encore mieux d’avoir une activité physique deux ou trois fois par jour, chez soi dans une salle bien aérée, dans laquelle on nettoiera bien les tapis ou le matériel après la pratique. Ce peut être des séances d’assouplissement, des choses simples… »

En cette période de confinement, on devrait voir fleurir des défis entre coéquipiers, entre copains, incitant à pousser le cardio à ses limites. Y a-t-il un risque particulier en raison de l’épidémie ?

Non, le risque cardiaque est le même qu’en temps habituel. En temps normal, au cabinet de cardiologie, on fait passer des tests aux personnes qui reprennent une activité sportive après une longue période d’inactivité ou après un certain âge. En confinement, l’idée n’est pas de se mettre tout d’un coup à faire 2 heures et demi de cross-fit ! Comme je l’ai dit, il faut privilégier une activité d’endurance, où l’on peut parler en même temps, c’est le repère.

Bousculer le cardio en faisant du sport peut-il être dangereux si l’on a contracté le coronavirus, même sans montrer de symptômes ?

Jean-Yves Beigbeder : « Il faut respecter des règles de bon sens. Quelqu’un qui est infecté et qui a des signes doit garder le repos ! Et si l’on est un porteur sain, par définition on est sain, il n’y a pas de raison que la forme du virus s’aggrave parce que l’on fait du sport. Lorsque l’on n’est pas malade, il faut faire cette activité physique pour avoir une hygiène de vie, profiter de cette demi-heure par jour, essayer de profiter de chez soi. »

Raphaël Lasserre : « Le risque encouru avec le coronavirus n’est pas cardiaque mais respiratoire. Il ne faut pas faire croire aux gens que faire du sport peut les mettre en danger ! Au contraire, je les encourage à en faire. Moi-même quand je rentre de l’hôpital je fais une demi-heure à trois quarts d’heure de vélo (d’appartement). C’est un exutoire. Faites du sport, ça devrait aussi à l’arrivée éviter des coups et blessures et des femmes battues ! »

Propos recueillis par Anne Pouchan- la République des Pyrénées