Nouvel An : accidents domestiques, mortiers d’artifice… les chirurgiens de la main sur le qui-vive
Nouvel An : accidents domestiques, mortiers d’artifice… les chirurgiens de la main sur le qui-vive
Alors que la triple épidémie de Covid, grippe et bronchiolite saturent les urgences des hôpitaux, le moment des fêtes est aussi une période tendue pour les chirurgiens de la main, comme ceux de la clinique de l’Estrée à Stains (Seine-Saint-Denis).
Le Docteur Boris Amagli est l’un des deux chirurgiens de la main sur le pont, à la Clinique de l’Estrée, à Stains pendant les fêtes de fin d’année. Une période réputée pour ces accidents de réveillon, bien souvent au moment des préparatifs en cuisine. Les ratées d’ouvertures de coquilles ou de décorticage de fruits de mer peuvent s’avérer dramatiques avec des ustensiles aussi aiguisés que mal contrôlés.
Cette réalité souvent douloureuse pour la victime nécessite de passer aux urgences. « Ce lundi, j’ai traité une plaie par couteau à huître », confirme d’ailleurs le Docteur Amagli qui assure de son côté la garde de ce samedi 31 décembre, avant la nuit de la Saint-Sylvestre.
« Ne pas sous-estimer les blessures »
Un conseil s’impose : ces blessures ne sont pas à prendre à la légère. « Il faut faire attention aux plaies de la main et ne pas les sous-estimer, explique en effet le chirurgien. La première conséquence, c’est l’infection. Le fait de prendre en charge, de soigner ou d’opérer permet de nettoyer. C’est primordial pour la prévention de l’infection. »
Une petite perforation dans la paume ou le dessus d’un doigt n’est pas non plus forcément bénigne. « On peut avoir des lésions partielles qui peuvent s’aggraver et terminer par des déchirures si rien n’est fait », ajoute le Docteur Amagli. Sans parler du fait que les blessures arrivant au moment du réveillon et du dîner festif, les victimes peuvent être déjà alcoolisées. « L’examen neurologique n’est bien souvent pas fiable, les patients qui ont un peu bu vont vous dire qu’ils se sentent bien alors qu’ils ont un nerf de coupé ! », relève le médecin.
Des feux d’artifice à manier avec précaution
Comme pour le 14 Juillet, la nuit de Saint-Sylvestre est aussi celle où les adolescents et jeunes gens s’amusent dans la rue avec des feux d’artifice et des pétards de mortier. S’ils explosent entre les doigts, ils peuvent entraîner des blessures irrémédiables, des mutilations que certains chirurgiens surnomment les « mains de mortier ». « On s’y attend mais jusqu’à présent, j’en ai traité que très rarement, précise le Docteur Amagli. Mais aux urgences, on peut tout avoir et on ne sait jamais ce qui va arriver. »
Ces accidents liés aux feux d’artifice ont leurs propres caractéristiques. « Ça peut créer de petites plaies, comme des éclats dans la paume de la main, détaille le chirurgien. Il peut y avoir des plaies pas très spectaculaires mais derrière lesquelles on découvre des dégâts internes, mais aussi des amputations. Avec les gros pétards de mortier, vous avez des effets de souffle qui peuvent provoquer une désorganisation osseuse qui se verra à la radio, on peut même avoir des fractures. »
Plus d’un millier d’interventions par an
Les experts de la Clinique de l’Estrée ont réalisé en 2021 plus d’un millier d’interventions autour de la main. Dans le département de Seine-Saint-Denis, une poignée d’établissements médicaux disposent d’un service spécialisé pour la prise en charge de ces blessures. Les médecins de la Clinique de l’Estrée ont monté le leur il y a six ans environ.
« Nous sommes deux actuellement, mais nous étions quatre au départ », précise le Docteur Amagli qui aimerait voir l’équipe se développer pour pouvoir viser un jour, comme plusieurs établissements du 93, l’agrément SOS mains.
Par C. G. Le Parisien
