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"Pourquoi il ne sera pas possible de se faire soigner dans les cliniques du Dunkerquois à partir du 3 juin" Par Gilles Contraire de La Voix du Nord


Pourquoi ce mouvement ?
Le fonctionnement du monde de la santé vous semble aussi limpide que l’équation de Drake ? Rassurez-vous, on ne va pas vous abreuver de sigles et de chiffres. Juste un, qui vous permettra de comprendre les enjeux de ce conflit en devenir : 358 euros. C’est le manque à gagner, au détriment des cliniques, pour la réalisation d’une coloscopie. Dans le public, la CPAM reversait l’an dernier à l’hôpital 1 463 euros. Les cliniques, pour le même acte, ne touchaient « que » 1 105 euros. Cette différence tarifaire, qui concerne tous les actes médicaux, devrait encore se creuser cette année, l’État ayant décidé le mois dernier d’augmenter ces ressources de 4,3 % pour le public et de… 0,3 % pour le privé. Or, pointe Olivier Barriaut, directeur des cliniques de Flandre et Villette, « 92 % de notre rémunération émane de la CPAM ».

Une « grève totale » à partir du 3 juin
C’est une première en France selon Olivier Barriaut. La totalité des groupes d’hôpitaux privés français ont décidé une « grève totale » à compter du 3 juin avec l’espoir d’un rééquilibrage. « On veut juste être traités de la même manière », commente le directeur des deux cliniques dunkerquoises, membres du groupe Elsan (1) un des leaders de l’hospitalisation privée en France. Un groupe, tient à préciser le chef d’établissement qui ne compte pas, parmi ses actionnaires, de fonds de pension. « On ne distribue pas non plus plein de dividendes aux actionnaires, les bénéfices sont réinvestis », affirme-t-il. Autre idée reçue que regrette Olivier Barriaut : toutes les cliniques seraient très rentables. « L’an dernier, le chiffre d’affaires de la clinique Villette était de – 1,5 million, celui de la clinique de Flandre de + 1,8 million », indique-t-il. Soit un résultat net de 300 00 euros.

Quelles conséquences pour les patients ?
« Les deux cliniques seront fermées aux nouvelles entrées, mais évidemment nous assurerons la continuité des soins des patients hospitalisés », annonce Olivier Barriaut. Toutes les opérations programmées seront en revanche déprogrammées. « On va appeler chaque patient et distribuer un flyer. On a aussi communiqué à l’agence régionale de santé afin qu’elle puisse s’organiser pour la continuité des soins. »

Les urgences ophtalmiques, assurées par la clinique de Flandre, seront fermées et basculées vers le centre hospitalier de Dunkerque. Idem pour les soins médicaux et de réadaptation. Jusque quand ? Impossible à dire aujourd’hui.

Les cliniques en danger, vraiment ?
« Le péril imminent, ce sont les compétences », explique Clément Grichala, ophtalmologue et président de la commission médicale d’établissement (CME). « Il y a dix ans, le personnel paramédical était un peu mieux payé dans le privé, avec les deux Grenelle (qui se sont traduits notamment par des revalorisations salariales), ce n’est plus le cas. Pour garder ses salariés, le privé doit aussi augmenter les salaires », complète le directeur des deux cliniques dunkerquoises. Dans un contexte de pénurie de soignants, la concurrence est rude entre public et privé, et les moyens financiers limités au regard de la dynamique. « L’inflation, que ce soit pour l’électricité, le matériel médical ou la gestion du linge, est bien plus importante que ces 0,3 %, sans compter que ça va devenir de plus en plus difficile d’investir », pointe Olivier Barriaut. Un enjeu de territoire quand on sait que les cliniques Villette et de Flandre réalisent 32 % des hospitalisations dans le Dunkerquois.


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