Rencontre avec Cloé, psychomotricienne au SMR

Chaque mardi, Cloé, psychomotricienne libérale, intervient au sein de notre Service de Médecine de Réadaptation (SMR). Passionnée par son métier, elle nous partage son parcours, son approche et son engagement auprès des patients.

Un parcours riche et varié

Diplômée en juillet 2022, Cloé a débuté en EHPAD et en unité de soins palliatifs, où elle a acquis une solide expérience de l'accompagnement. Aujourd'hui, elle exerce en libéral, principalement auprès des enfants, et collabore avec le SESSAD de l'Association des Paralysés de France. Elle accompagne des enfants présentant des troubles moteurs, intervenant à domicile ou à l'école pour faciliter leur inclusion et leur permettre une scolarité ordinaire sans multiplier les déplacements vers les spécialistes.

La psychomotricité, un métier de lien

"La psychomotricité, c'est le lien entre le corps et l'esprit", explique Cloé. Elle illustre son approche par une métaphore : le corps est un véhicule, et l'esprit en est le conducteur. Pour que le véhicule avance correctement, le conducteur doit se sentir bien. Ses séances sont construites autour de médiations variées, comme le jeu, l'eau, la musique ou les activités créatives. L'objectif est de restaurer une harmonie entre le corps et l'esprit, en travaillant des sensations positives et agréables pour contrebalancer d'éventuelles douleurs ou difficultés psychiques. "La psychomotricité, c'est vraiment un métier qui se vit en séance, en s'adaptant à chaque personne et en construisant ensemble le cheminement vers un mieux-être."

La mission de Cloé au SMR

Au SMR, Cloé complète l'accompagnement déjà assuré par les kinésithérapeutes, ergothérapeutes et éducateurs en APA. Elle se concentre sur l'aspect émotionnel, en aidant les patients à surmonter la peur du mouvement ou les traumatismes liés aux chutes. "On verbalise en groupe, on partage les expériences. Cela permet aux patients de se sentir moins seuls et de mieux comprendre leurs ressentis." Elle travaille également la sphère sociale, souvent mise à mal par l'isolement, ainsi que la relaxation et la motricité fine.

La création des groupes de travail

Les groupes sont constitués après concertation avec l'équipe soignante et étude des dossiers médicaux. L'objectif est de regrouper les patients selon leurs besoins et pathologies spécifiques. "Par exemple, les groupes Parkinson sont axés sur la mobilité et la prévention des chutes." Cette approche personnalisée favorise des échanges enrichissants et une meilleure progression des participants.

La parole autour de la fin de vie

Un sujet souvent abordé en séance est celui de la mort. "C'est un sujet sensible, mais qui mérite d'être exprimé. Ces groupes de parole permettent aux patients de déposer leurs craintes, d'échanger et parfois de se rassurer." Ces échanges en petit comité (4 à 5 personnes) garantissent un climat de confiance et de confidentialité, essentiel pour aborder ces thématiques intimes.

Une séance type

Chaque séance débute par un tour de table pour recueillir les ressentis et les attentes du jour. "C'est un moment clé où chacun peut exprimer ses émotions et ses préoccupations." Ensuite, l'activité principale est adaptée au groupe, favorisant une participation active. La séance se clôture par un nouveau temps d'échange, permettant d'évaluer les ressentis et de co-construire la prochaine rencontre en fonction des envies et besoins exprimés.

Les outils et techniques utilisés

Cloé utilise une variété d'outils pour répondre aux besoins des patients :

• Le parachute, pour recréer des mouvements et stimuler la motricité globale.
• Des jeux de lancer, comme la "pétanque" sur tablette, pour travailler la coordination et l'avant du corps.
• Des ballons de baudruche, pour stimuler la motricité fine et l'interaction.
• Des jeux de société, pour renforcer le cognitif.
• Des ateliers créatifs (découpage, collage) pour développer la motricité fine et la concentration.

Les bénéfices observés

Les effets de la psychomotricité varient selon la durée de l'accompagnement. "Certains patients sont là pour une séance unique, d'autres sur le long terme. Voir l'évolution d'une personne est toujours enrichissant." Cloé partage l'exemple d'une patiente introvertie, qui, au fil des séances, s'est ouverte, a appris à verbaliser ses ressentis et à créer des liens avec les autres. "C'est une grande satisfaction de constater ces progrès, et cela me nourrit dans ma pratique."

Une collaboration essentielle

La collaboration avec l'équipe pluridisciplinaire est au cœur du travail de Cloé. "Nous échangeons beaucoup, notamment pour la prévention des chutes. Avec l'ergothérapeute, nous organisons des ateliers communs pour apprendre aux patients quoi faire en cas de chute, comment adapter leur environnement pour les prévenir, et comprendre les étapes nécessaires pour se relever en toute sécurité. Ces ateliers visent à développer des réflexes pratiques, à identifier les aménagements possibles dans leur domicile, et à leur donner les clés pour réagir efficacement en cas de besoin. Ces échanges et actions conjointes contribuent à mieux préparer le retour à domicile et à rassurer les patients."

Merci à Cloé pour son engagement et son investissement auprès des patients.