La clinique Rhône Durance possède un robot dernière génération
Une première dans le Vaucluse : un robot dernière génération à la clinique Rhône Durance. Cet outil de très haute technologie permet de pratiquer une chirurgie mini-invasive dans différentes spécialités, principalement dans le traitement du cancer de la prostate et en urologie.
La direction de la clinique Rhône Durance à Avignon, centre médico-chirurgical privé du groupe Elsan, depuis 2017, a été convaincue par son équipe médicale, principalement les chirurgiens urologues, d’investir dans un matériel de très haute technologie.
Depuis juillet 2020, la clinique avignonnaise est le seul établissement médical (privé et public) du Vaucluse à disposer du robot troisième génération Da Vinci® de la société Intuitive Surgical. Ce système permet d’obtenir une assistance robotique pour réaliser des interventions chirurgicales mini-invasives dans des conditions d’ergonomie et de précision jusqu’alors inégalées.
Une prostatectomie radicale assistée par robot comme si vous y étiez…
L’amélioration et la miniaturisation des technologies vidéo, informatique et mécanique, ont permis cette avancée. La clinique pour accueillir ce robot a dû créer un nouveau bloc dont le coût des travaux, 600 000 euros, s’est ajouté à l’acquisition du robot pour un montant de 1,2M d’euros.
L’achat de ce robot a permis de fédérer les chirurgiens de tout le Vaucluse (Orange-Carpentras-Cavaillon) et même du Gard (Bagnols-sur-Cèze).
Sur la table d’opération, mercredi 24 mars, un patient endormi de 59 ans, qui présente un cancer de la prostate nécessitant son ablation totale (prostatectomie radicale). Le robot à quatre bras interactifs est “habillé”, lui aussi de manière stérile. Il est 8 h 30 : le chirurgien urologue réalise six petites incisions à différents endroits de l’abdomen mis en tension grâce à du CO2 insufflé. Quatre sont dédiées pour les trocarts placés au bout des bras du robot, et deux pour les gestes de l’aide opératoire expérimentée qui reste à côté du patient. Deux écrans lui permettent de se coordonner avec le chirurgien.
« Son rôle est très important dans cette intervention qui se fait à quatre mains. » souligne ce dernier. Les bras du robot, installé entre les jambes du patient, sont dépliés, telle une araignée, à l’aplomb de la zone à opérer. La caméra et de fins instruments (ciseaux, pince de coagulation, pince de préhension, bistouri, porte-aiguille…), sont placés au bout des trocarts qui sont introduits dans l’abdomen par les incisions. À tout moment, ils peuvent être changés. Une fois que tout est mis en place, le chirurgien s’éloigne du champ opératoire pour s’asseoir à quelques mètres de là devant une console. Il se met aux commandes (joysticks) pour manipuler les instruments et la caméra, avec mains et pieds. Il pose sa tête dans un système de visualisation haute performance (des milliards de pixels) et voit les images de la cible en 3 D, ce qui lui permet d’apprécier parfaitement les reliefs anatomiques. Le robot optimise les gestes du chirurgien. Ce n’est donc pas le robot qui opère ».
« Les instruments se plient et pivotent avec plus d’aisance que la main humaine (rotation des instruments à 360° sur 7 axes) et offrent un meilleur accès au site » explique-t-il. Petit à petit, les instruments manipulés par le chirurgien progressent en disséquant avec une précision d’orfèvre les tissus, avant d’arriver à la prostate, à proximité du système sphinctérien qui assure la continence urinaire et des nerfs de l’érection.
« L’enjeu est fonctionnel (continence, érection) et carcinologique. L’accès à la prostate est complexe d’où l’avantage du robot » précise le chirurgien. Une fois la glande libérée, le robot est replié et le chirurgien revient auprès du patient pour extraire la prostate par une des incisions. « Chez ce patient elle est un peu plus grosse qu’une châtaigne. » Reste le temps de la reconstruction avec sutures des incisions. Il est 11 h 50.
Que des avantages pour le patient et le chirurgien…
Le robot Da Vinci apporte pour le chirurgien trois avantages par rapport à la laparoscopie (cœlioscopie) traditionnelle : plus de précision du fait du degré de liberté accrue des instruments, la vision en trois dimensions ainsi qu’une meilleure ergonomie de travail.
Pour les patients, par rapport à la chirurgie ouverte conventionnelle, la chirurgie mini-invasive permet de raccourcir la durée d’hospitalisation (2 jours au lieu de 6). Les douleurs post-opératoires et les risques d’infection sont réduits. Le saignement étant réduit, les probabilités de transfusion sanguine sont faibles. Le temps de rétablissement et de retour à une activité normale est accéléré.
Le temps global de l’intervention est plus long à cause de l’installation du robot. L’opérateur quand il manipule les instruments n’a pas la sensation de retour de force. En l’absence de cette sensation, il doit s’habituer à travailler davantage avec les yeux.
Le principal désavantage du robot est son coût, tant l’achat que l’entretien. Mais la volonté des professionnels de santé est que le progrès technologique médical soit partagé par le plus grand nombre au bénéfice de chacun et de tous.
Achat et entretien annuel du robot : un coût très élevé
L’avènement de la robotique en chirurgie date de… 1983 pour une première chirurgie orthopédique à Vancouver. La robotique ou télémanipulation chirurgicale a connu un développement exponentiel depuis 1999. En 2000, la première prostatectomie radicale assistée par robotique est effectuée en France. Le robot Da Vinci, baptisé ainsi en hommage à Léonard de Vinci l’inventeur du premier robot, a trouvé sa place en urologie dans deux domaines : l’ablation radicale de la prostate pour cancer localisé ainsi que la chirurgie urétérale.
Sur le plan commercial, en robotique chirurgicale, l’entreprise Intuitive Surgical possède, depuis 2003, le monopole. De l’urologie, spécialité principale utilisatrice pendant plusieurs années, elle a étendu son domaine à la gynécologie, la chirurgie générale, puis à la plupart des spécialités.
La chirurgie assistée par un robot Da Vinci en chiffres :
➤ 5 500 robots Da Vinci dans le monde dont 186 répartis en France.
➤ Plus de 7 millions de patients opérés.
➤ Le prix d’achat se situe entre 1,2 et 2 millions d’euros et 150 000 € de maintenance annuelle.
➤ Le coût des consommables est de l’ordre de 1 900 € par intervention.
➤ Le surcoût est de plus de 2 000 € par rapport à une chirurgie traditionnelle.
➤ Depuis son arrivée à la clinique Rhône Durance, 120 interventions assistées par le robot ont été menées. En moyenne 4 à 5 par semaine mais un potentiel de 7 par semaine.
➤ En urologie : 50 % concernent des prostatectomies, 40 % des néphrectomies partielles à cause de tumeur du rein, 10 % d’anomalies urinaires.
➤ Une équipe de trois chirurgiens urologues formés à la robotique.
La formation des chirurgiens adaptée aux nouvelles technologies
Les chirurgiens urologues qui exercent à la clinique Rhône Durance, à Avignon, font partie de la première génération d’internes à avoir fait leur clinicat avec un robot dédié à l’urologie à Lille ou à Marseille.
« Le robot est une avancée majeure »
Ils approchent de la quarantaine et ont à leurs actifs des centaines d’interventions assistées par robot. Les cursus universitaires devront s’adapter aux véritables révolutions présentes et à venir : « Le robot est une avancée majeure qui nous permet de faire du bon travail. On ne pourra plus revenir en arrière. » estime l’un d’eux.
Le Dauphiné Libéré - Par Marcelle DISSAC - 26 mars 2021