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« J’ai fait mon assistanat d’hépato-gastro, en exercice mixte public-privé, c’était idéal, tant pour ma formation que pour les patients » 

 Pierre Bordillon vient tout juste de s’installer comme hépato-gastro en libéral au Centre Médico-chirurgical Les Cèdres-Elsan à Brives. Avant ça, il a eu la chance de vivre un assistanat peu commun à 50-50 entre le CHU et le privé. De là, il a acquis une solide connaissance de l’offre de soins et est devenu un fervent défenseur de l’indispensable collaboration public-privé.

What’s up Doc : Vous venez de vous installer en libéral comme hépato-gastro, expliquez-moi votre parcours ?

Pierre Bordillon : Du concours de la première année, l’externat, puis l’internat de gastro j’ai suivi toute ma formation au CHU de Limoges, y compris mon assistanat d’hépato-gastro, qui était donc partagé à 50/50 entre le CHU de Limoges et Centre médico-chirurgical Les Cèdres-Elsan à Brives.

 C’est étonnant un assistanat public/privé, comment avez-vous su que c’était possible ?

PB. : C’est possible, mais ce n’est pas courant. C’était au départ pour moi une dérogation. Je suis natif de Corrèze et je voulais y rester. Il n’y avait pas de poste d’assistant à temps complet à me proposer dans le public. C’est l’ARS qui chapeaute les postes de chefs de clinique ou d’assistants, et décide en fonction des avis des chefs de service, des commissions médicales d’établissement… Je n’avais aucun poste proposé ni en Corrèze, ni en Limousin. C’était bouché. Et aux Cèdres, il y avait eu deux départs à la retraite récents et non remplacés. C’est là qu’il manquait des médecins, pas dans le public. Alors les négociations ont commencé pendant presqu’un an, pour pouvoir monter le projet.

 « Il ne faut pas cantonner les médecins à suivre tout leur parcours de formation médicale dans le public »

 N'est-ce pas un peu plus courant aujourd’hui ?

PB. : Il semble que ça le devienne, et ce serait une bonne chose. De toutes les façons faire un distinguo public privé, ça n’a pas de sens. En gastro, il y a la moitié des praticiens qui s’installe en libéral, l’autre moitié reste à l’hôpital. Donc il ne faut pas cantonner les médecins à suivre tout leur parcours médical dans le public, cela crée un décalage. On a besoin du public et du privé, ça ne s’oppose pas du tout. Et on peut travailler en bonne intelligence. Mais il y a toujours des universitaires dans les CHU qui vont dire : le privé, c’est n’importe quoi, ce sont des usines à fric…

 Et vous qui avez fait du mixte, public privé en même temps dès l’assistanat, quelles sont les différences dans l’exercice ?

PB. : Sur le fonds du métier, il n’y en a pas. Après il y a des différences de fonctionnement. Par exemple le centre des Cèdres, c’est une petite structure, où il est plus facile d’obtenir des examens complémentaires, des scanners… Il y a plus de fluidité, mais il y a moins le côté formation. Le CHU reste indispensable pour ça. Pendant mon assistanat, aux Cèdres, je voyais beaucoup de patients, des coloscopies en grande quantité, des pathologies de base en grande quantité, pour me perfectionner, et au CHU, je réalisais des gestes un peu plus techniques, pour contribuer à ma formation. L’endoscopie, par exemple, c’est notre cœur de métier et ça s’apprend auprès de PU-PH qui savent. En résumé, pour avoir de l’expérience, il faut beaucoup de patients, donc ça je le faisais aux Cèdres, pour avoir de la technique, il y a besoin d’une expertise, et pour ça, je me formais au CHU.

 « Dans le centre Les Cèdres-Elsan, il est plus facile d’obtenir des examens complémentaires, il y a plus de fluidité qu’au CHU »

 A quel moment avez-vous décidé de vous installer en libéral ?

PB. : Au moment de mon assistanat, je ne m’étais pas encore posé la question, je voulais déjà finir ma formation post-internat. Puis le choix s’est fait par opportunité : on va là où il y a des besoins. Je me plaisais aux Cèdres et mon installation est devenue évidente au fil du temps. Comme mon exercice pendant mon mi-temps d’assistant s’est très bien passé, j’y suis resté.

 Et l’installation avec Elsan a été facile ? 

PB. : Je n’ai pas eu besoin de solliciter le groupe pour m’installer. Je suis en collaboration libérale avec une collègue, c’est mon statut officiel. Nous sommes indépendants d’Elsan. Nous bénéficions du plateau technique, mais il n’y a aucun lien de subordination. Légalement nous n’avons aucune obligation, ni en nombre de jours travaillés, ni en astreinte de nuits… Mais comme cela nous semblait délicat de ne pas assurer un service minimum, vu qu’il y a des patients en gastro qui sont hospitalisés, nous nous sommes arrangés entre nous, et il y a un gastro joignable 24h/24, 7 jours/7, tous les jours de l’année.

 « Avec Elsan, l’installation est facile et ne coûte rien. Le plateau technique, les infirmières, les secrétaires sont mis à disposition, et on paie une redevance. C’est classique »

 Et d’un point de vue administratif, s’installer c’est compliqué ?

PB. : L’installation est facile, et ne coûte rien. Ça coute zéro, comme il y a un manque de médecins dans la région, il n’y a pas du tout d’achat de patientèle. Le plateau technique est mis à disposition, ils achètent les endoscopes, ils salarient les infirmiers, les secrétaires, et en contrepartie ils prennent une redevance, un pourcentage de nos honoraires. C’est tout à fait classique. Et là je suis installé depuis 4 mois, et c’est lancé !

Est-ce que le fait d’avoir mis un pied hors du CHU en étant assistant, vous a permis de vous installer plus facilement ?

PB. : Quand je me suis installé, la seule chose qui a changé pour moi, c’est le statut juridique. Je n’ai changé ni du bureau, ni de matériel, mon exercice quotidien est resté le même. J’avais déjà mes patients. J’ai aussi gardé un jour par semaine au CHU, avec un contrat de formation pour parachever mes compétences en endoscopie interventionnelle de haut niveau. Pour pouvoir avoir l’expertise sur les Cèdres et pouvoir réaliser des gestes encore plus techniques. Donc je suis 80% à la clinique et 20% au CHU vraiment axé formation approfondie.


Il faudrait développer plus de parcours mixtes, comme le mien, réaliser, dès sa formation que public et privé sont nécessaires et complémentaires. Cela crée une vraie collaboration. Par exemple le CHU entretient de bonnes relations avec les Cèdres. On s’envoie beaucoup de malades les uns les autres. Les patients des Cèdres qui nécessitent des gestes de pointe, très techniques, vont au CHU et si après il y a des suites, le CHU nous renvoie les patients. L’articulation public privé se fait souvent assez mal, là c’est fluide. C’est presque idéal. On a nos entrées au CHU pour nos patients complexes, et d’un autre côté on les déleste de gestes plus simples, pour qu’ils puissent répondre à la demande d’expertise. Du coup le CHU n’est pas embolisé par la gastro classique qui peut se faire ailleurs, et le gagnant c’est le patient !

Par Luc Angevert

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