Cancer: ces questions que l'on n'ose pas poser
La troisième saison des "entretiens d'Hippocrate" destinés aux personnes atteintes d'un cancer et à leurs proches, s'est achevée à la clinique Claude Bernard. Rencontres salvatrices.
Le cycle de conférences sur le cancer destinées aux malades et leurs proches s'est achevé à la clinique Claude Bernard. Les entretiens ont été conclus par une rencontre intitulée "Vie sexuelle et cancer". "En général c'est celle o๠on a le moins de monde, par pudeur probablement" sourit le Dr Miriam Gardner, oncologue à l'origine de ces cycles lancés trois ans plus tôt. L'un des intérêts de ces rencontres est pour les participants "d'obtenir des réponses à des questions qu'ils n'osent pas poser". Il y a toujours dans la salle quelqu'un qui verbalise une inquiétude que d'autres enfouissent comme un tabou.
Quand la maladie est annoncée à soi-même ou à un proche, la quête d'informations sur internet est le premier réflexe.
"Beaucoup de questions affluent, ce n'est pas simple, on cherche forcément des réponses", poursuit le praticien. La force du groupe est d'avoir près de soi des visages, des regards et des expériences proches. Le malade réalise qu'il n'est pas seul au monde avec cette maladie qui ronge et ces questions qui hantent. Huit conférences se déroulent par an à la Clinique Claude Bernard à raison d'une toutes les six semaines.
Du déni à la colère
La première pose la question: qu'est-ce que le cancer? puis vient le temps de la chirurgie, de la chimiothérapie, de la radiothérapie, des autres traitements, du suivi, de la vie relationnelle pendant et après la maladie. Et enfin celui de la vie sexuelle. "Elle doit être normale, il faut vivre sa vie de la faà§on la plus normale possible", appuie le Dr GARDNER.
Graziella FUMAGALLI fait irruption dans le bureau du médecin. Bénévole à la Ligue contre le cancer, elle est intégrée au parcours de soins. Graziella apporte l'expérience de celle qui vit la maladie. Elle connaît la "violence du choc de l'annonce". Elle sait aussi l'angoisse qui étreint les femmes et les hommes dans la salle d'attente, présents pour une consultation, une prise de sang, un scanner, une chimio. Tous sont dans la peur de ce que l'on va leur annoncer. "Les entretiens d'Hippocrate" répondent au besoin de savoir mais aussi la fragilité du malade qui place sa vie entre les mains de la médecine.
"La confiance absolue en son médecin est le premier besoin du malade, il n'y a rien de plus important que cela", confirme la bénévole de la Ligue contre le cancer. Cinq étapes ont été identifiées après l'annonce de la maladie: le déni, la colère, la négociation, la dépressions, l'acceptation. Graziella dit ne pas avoir été longtemps dans le déni, mais elle se souvient de sa colère. Aujourd'hui elle se bat. Pour elle et pour les autres.
Source Le Républicain Lorrain, 5 Juillet 2016.
