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Oncologue, Valentine raconte son quotidien

Oncologue médicale, la Vannetaise Valentine Disdero exerce depuis deux ans à la clinique Océane. Chaque jour, elle accompagne les patientes confrontées au cancer du sein.

Portrait :

Les journées sont longues pour Valentine Disdero. Cette oncologue médicale en convient d’un hochement de tête accompagné d’un « oh, oui ! » qui veut tout dire. La spécialité choisie par cette médecin de 34 ans n’est pas ce qu’on imagine. Celle qui exerce depuis novembre 2018 à la clinique Océane, annonce d’emblée la couleur. « Mon quotidien n’est pas triste. J’aime profondément ce que je fais. »

Ses journées sont ponctuées par ses consultations avec ses patients, malades du cancer, dont des femmes qui luttent contre le cancer du sein. Elle les accompagne lors de leur thérapie. « Il y a ces bons moments lorsqu’on a passé dix ans de contrôle sans rechute, mais on est là aussi quand ça va moins bien. »

Jeune étudiante en médecine, Valentine Disdero n’imaginait pas devenir oncologue. Son choix est le fruit d’un long cheminement. « J’avais fait un premier stage au Centre Eugène-Marquis, à Rennes. J’étais alors externe et j’ai découvert des situations lourdes, avec des patients en grande souffrance psychologique et physique. Je ne me sentais pas armée pour ça. »

Trouver les bons mots

L’internat la décide à sauter le pas vers l’oncologie médicale. « Je savais que c’était une spécialité dynamique. La recherche y est active et j’étais sensible à la prise en charge globale des patients pour les chimiothérapies, immunothérapies… » Les premières consultations de patients et le suivi de leur traitement composent son quotidien. Elle les accueille lors d’un premier rendez-vous, synthèse de toutes les étapes déjà endurées. « Les patients arrivent ici tétanisés. Ils savent déjà qu’ils ont un cancer. Il y a de l’appréhension. »

Et surtout des questions. Celles-ci sont parfois pratiques et techniques, liées à la chimio et aux traitements. « D’autres fois, ce sont des interrogations plus difficiles, comme est-ce que je vais mourir ? » Face à ces questions, quelles qu’elles soient, la docteure Valentine Disdero doit trouver les bons mots pour apaiser ces patients déjà opérés par le chirurgien ou qui le seront bientôt. « On est dans un traitement fait pour diminuer le risque de rechute. Cette nouvelle étape est là pour les guérir. Je les accompagne vers le haut. Je leur dis qu’elles ont fait le plus difficile. »

Il y a le Plan personnalisé de soins pour contrer chaque cancer. Et un rendez-vous toutes les trois semaines avec Valentine Disdero. « Nous sommes aussi là pour les encourager. Il le faut, surtout pour ces parcours qui peuvent durer des mois. » Elle fait face à autant de situations qu’elle suit de patients. Certaines sont plus complexes que d’autres. Elle s’adapte à chacune. « Ce sont les malades qui dictent notre attitude. Notre implication est en fonction de leurs besoins. »

« On se sent impuissant »

La mort fait partie intégrante du quotidien, en oncologie. « Les décès sont toujours douloureux. On construit des liens avec les patients et c’est important qu’ils partent apaisés. » Elle évoque alors cette femme de 42 ans, décédée il y a peu. « On s’est battus pour qu’elle puisse intégrer un protocole thérapeutique. J’ai été attristée, mais elle est partie comme elle le voulait, en combattant. » Cette médecin parle longuement de cette étape. Elle se refuse à parler d’échec face aux rechutes. « J’essaie de me dégager de ça. Ce serait trop dur à vivre au quotidien. » Toujours proposer un traitement alternatif et être « dans l’écoute ».

Même face aux patients dans le déni, sans thérapie possible. « Quand la personne face à vous demande qu’on la sauve, on se sent impuissant. Parce que la meilleure solution est de ne rien faire et qu’ils veulent quand même un traitement. C’est terrible. » Reste la parole pour cheminer avec eux. « On ne contrôle pas tout. On essaie de faire de notre mieux. »

 

© Ouest France, le 24 octobre 2020, par Mélanie Bécognée

Photo : © Ouest France