Les coulisses du PSR - La lingerie et les flux

L'ombre essentielle du Pôle Santé République : plongez dans le service lingerie et ses flux...

Au sous-sol du Pôle Santé République (PSR) de Clermont-Ferrand, une valse minutieuse se joue chaque jour au service lingerie. Une valse où chaque pli de tissu, chaque blouse, chaque drap a son importance. Au cœur de cette organisation rigoureuse, Véronique orchestre le ballet du linge hospitalier avec précision et passion depuis maintenant 24 ans. Autrefois lingère à la clinique des Dômes, elle gère aujourd'hui, seule, ce service essentiel à la bonne marche de l'établissement.

Un rouage discret mais indispensable

De 5h à 12h00 ou 12h30, les matinées de Véronique sont rythmées par la gestion du linge propre et du "linge plat" : draps, taies d'oreiller, chemises d'opération, blouses, rideaux et autres textiles indispensables au confort du patient. La livraison du linge propre est assurée par un sous traitant, spécialisée en blanchisserie industrielle. Après avoir vérifié la conformité des commandes, elle range et distribue les vêtements dans tous les services de la clinique - du Rdc au 6e étage - en respectant un code couleur strict facilitant l'organisation : bleu azur pour les infirmières, vert pour les plateaux techniques, rouge pour les aides-soignantes, jaune pour les brancardiers, etc.

Le linge sale, lui, suit un protocole précis. Déposé par les aides-soignantes et parfois même par les agents de service hospitalier (ASH), dans des sacs codifiés, il est ensuite acheminé vers la société de sous traitance pour un traitement en profondeur. Les articles contaminés font l'objet d'une attention particulière et sont conditionnés dans des sacs solubles hermétiquement scellés. Certains éléments spécifiques, comme les sangles de contention ou les rideaux de séparation, passent par un pressing local pour un entretien adapté. Le linge souillé (hors tissus) et les collecteurs d'aiguilles rejoindront les DASRI, tandis que tout le reste sera déposé dans les containers de poubelles classiques.

Une organisation millimétrée

Chaque matin, Véronique effectue un inventaire rigoureux des stocks de chaque lingerie centralisée, ajustant si nécessaire les commandes en ligne via une plateforme informatique. Cette traçabilité précise permet de réguler le flux de vêtements et d'assurer que chaque article est utilisé de manière optimale et dans son plus parfait état. En janvier dernier, pour vous faire une idée de volume mensuel pour deux services différents, 1.320 articles ont été livrés pour le bloc opératoire et 680 draps pour le service de cardiologie.

Le rangement des tenues se fait selon un système bien rôdé : les CDD bénéficient de vêtements standards appelés "tampons", tandis que les CDI disposent de tenues nominatives et sur-mesure.

Dans ce ballet silencieux, les flux, ces employés de l'ombre, jouent un rôle clé. Qu'il s'agisse de la société Sodexo pour la sous-traitance des ASH ou pour le traitement du linge, chacun contribue à l’équilibre précaire d'une organisation où chaque geste compte. Jean-Louis, indispensable au bon fonctionnement de la clinique est en charge des flux de la pharmacie, du linge et des DASRI (Déchets d'Activités de Soins à Risques Infectieux), véhiculant des éléments cruciaux à travers l’établissement.

Un engagement quotidien dans l'ombre

Le travail de Véronique, bien qu'essentiel, reste méconnu du grand public. "Quand vous fermez la porte, on retrouve ce qu'on a laissé", m'explique-t-elle en souriant, bien consciente de l'importance et de l'impact de son autonomie. Loin d'être isolée, malgré les apparences, elle est un maillon essentiel d'une chaîne de solidarité hospitalière où l'entraide est une règle tacite. Les ASH, bien qu’officiellement limités à l'entretien des chambres et des parties communes, prête souvent main-forte aux aides-soignantes, renforçant ainsi un lien humain. Véronique et son service sont la preuve que, derrière les murs d'un hôpital, une mécanique bien huilée veille sur chaque détail. Un métier de l'ombre, discret mais fondamental, qui permet à l’établissement de fonctionner avec fluidité et rigueur. Un métier où, chaque matin, l'odeur du propre marque la fin d'une nuit et le début d'une nouvelle journée au service des patients et du personnel soignant.