Les coulisses du PSR - La recherche clinique
Dans l'espoir permanent de marquer des essais !
Sandrine, Apoline et Justine forment l’équipe « Recherche clinique » du Pôle Santé République à Clermont-Ferrand. Un service discret mais essentiel, réparti sur deux bureaux. « À sa création, il y a près de 10 ans, j'étais seule et je n'avais même pas de bureau attitré », se souvient encore Sandrine. C’est dire le chemin parcouru. « Pendant des années, je croisais des personnes dans l’établissement qui ignoraient tout de mon travail. Ça a bien changé depuis grâce à l’implication des derniers Directeurs et également par le biais du groupe ELSAN. Maintenant, on a du soutien, la récompense de tous les efforts passés. On partait de loin », ajoute Sandrine.
L’équipe de Recherche Clinique, une filière qui prend forme
Toutes issues d’une formation scientifique, les membres de la cellule de Recherche Clinique possèdent plusieurs cordes à leur arc. Elles incarnent ce métier encore trop méconnu : Attaché(e) de Recherche Clinique. Pour Justine, la rencontre avec ce métier a été un coup de foudre :
« J’ai mis du temps à trouver ma voie. Après une hésitation entre médecine et soins infirmiers, j’ai découvert la recherche clinique en Fac de biologie.
Ça a été une révélation ! »
Tout l'intérêt de ce métier hybride, pour Justine et Sandrine, c'est qu'il mêle rigueur scientifique, lien humain et passion pour l’innovation. Un équilibre subtil dans lequel elles puisent toutes les trois un épanouissement réel et quotidien, soutenues activement par la Direction qui contribue largement au développement des recherches.
Un métier de lien entre promoteurs et patients
Les promoteurs soumettent une étude sur un thème précis - souvent dans des domaines comme l’oncologie, la cardiologie ou la radiologie, concernant le PSR - et l’équipe de "Recherche clinique" s’assure de sa mise en œuvre locale, dans les règles strictes du cadre réglementaire, éthique et scientifique. Chaque étude repose sur un protocole qui passe par des étapes réglementées (ANSM, Comité de Protection des Personnes, conventions, etc.).
Et les patients dans l'histoire ? Et bien ce sont eux, le cœur battant du processus et Sandrine souligne ceci :
« Les patients ne sont pas des cobayes, en aucun cas.
Il n’est jamais question de perte de chance pour eux !
Leur consentement est éclairé, libre et réversible.
Ils sont, dans leur immense majorité,
heureux de contribuer à une recherche qui servira
bien plus à leurs enfants ou petits-enfants, qu'à eux-mêmes. »
Justine souligne même que le contact avec eux est souvent bien plus détendu que ceux qu'ils entretiennent avec un médecin : « Ils nous confient leurs émotions, nous font partager des tranches de vie personnelles et nous parlent souvent d’autre chose que de leur maladie. C’est plus léger et ça leur fait du bien. » Les patients en tirent parfois un bénéfice direct. Cela peut par exemple leur permettre d’avoir accès à une technologie innovante, dans le cadre de leurs soins, ou à un traitement permettant une meilleure survie sans progression de la maladie, dans le cas d’une pathologie cancéreuse.
Si l’hypothèse du protocole est confirmée statistiquement, par exemple allongement de la survie sans progression en oncologie, le travail peut être valorisé à travers des articles scientifiques publiés dans des revues spécifiques à une pathologie ou à une spécialité médicale.
Entre science et humanité
Le métier reste néanmoins exigeant. Chaque étude a ses spécificités, chaque interlocuteur ses exigences, chaque plateforme informatique ses caprices. Mais malgré les tâches répétitives inéluctables au service, le sentiment d’appartenir à un ensemble qui change la médecine est profond. « On découvre sans cesse de nouvelles choses. On collabore avec des médecins, des pharmaciens, des infirmières, des laboratoires, des secrétaires ou encore le bloc opératoire… On ne s’ennuie jamais ! », me rétorquent-elles.
Et puis, il y a les patients. Certains liens marquent à vie. Sandrine raconte avec émotion le souvenir d’une patiente atteinte d’un cancer du sein à seulement 36 ans, soit deux ans de moins qu'elle à l'époque : « Je l’ai vue régulièrement pendant plus d’un an. Le jour où j’ai appris que la maladie avait progressé, j’ai dû me retenir d’aller la voir. J’avais les larmes aux yeux. » Un attachement sincère, discret, mais réel. Parfois, nous sommes la seule voix bienveillante que les patients entendent dans leur journée. Alors on prend le temps, même si le planning déborde.
Deux exemples d’études concluantes :
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L’étude HIFI, appelée aussi « Focal One » (nom du robot qui vient focaliser un traitement ultrasons sur une zone donnée), a été un protocole utile mené à terme. Il avait pour but d’amoindrir les effets indésirables dans le cas d’un cancer de la prostate. Désormais, on ne vient traiter que certaines zones cancéreuses, juste en brûlant les zones atteintes, plutôt que de procéder à une prostatectomie totale. L’intervention est moins longue, ainsi que le séjour hospitalier et donc la prise en charge globale est moins coûteuse pour la sécurité sociale. Par ailleurs, on n’ouvre pas le ventre des patients (aucune cicatrice) et il n’y a pas les désagréments liés au fait d’enlever un organe.
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L'étude Serena-6, avec les premiers résultats qui vont être présentés à un congrès d’oncologie où le traitement, à l’étude, a montré la supériorité en termes de survie globale sans progression des patients. On a participé à cette étude et c’est une fierté !
Un service en pleine expansion
Il y a encore quelques années, Sandrine était seule et sans « service Recherche Clinique ». Aujourd’hui, elles sont 3, avec une 4ème personne en cours de recrutement. Elles accueillent également chaque année des étudiants qui se destinent à ce métier, comme actuellement Félicia qui est en alternance pour 2 ans au PSR. La reconnaissance est aussi là !
« Les promoteurs ne venaient pas vers les cliniques privées au début. Il a fallu batailler un peu, se faire connaître, reconnaître et convaincre. Aujourd’hui, on est presque aussi consultés que des CHU », se félicitent en cœur Sandrine et Justine. Preuve du succès, au sein du groupe ELSAN, Sandrine est devenue coordinatrice territoriale pour la recherche clinique en Auvergne. Une reconnaissance méritée et de bon augure pour l'avenir. Avec une trentaine de protocoles en cours - certains ponctuels, d’autres qui vont encore s'étaler sur plusieurs années - le service rayonne au sein du Pôle Santé République et a trouvé sa place. Justine passe une journée par semaine à la Châtaigneraie et l'intention d'ELSAN est d'ouvrir des cellules « Recherche clinique », dans d'autres établissements du groupe en territoire auvergne.
L’avenir ?
Plus de visibilité interne, plus de reconnaissance du métier, des formations continues pour suivre une réglementation en constante évolution (nous l'espérons fortement, souligne Sandrine) et surtout, l’envie de continuer de changer les choses : changer la médecine, changer des vies, peut-être même en sauver certaines, avec rigueur, humilité, du cœur et cette intarissable curiosité propre à ce service très particulier du Pôle Santé République.


