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Au cœur du service ambulatoire : aides-soignantes et brancardiers, la polyvalence incarnée

 

C’est dans la douce agitation du quartier pédiatrique du Pôle Santé République (PSR) que débute mon reportage. Accueilli chaleureusement par l’équipe dans la tisanerie - ce lieu qui oscille entre salle de pause et arrière-cuisine - je découvre un univers où le sérieux des soins côtoie une ambiance presque ludique. Entre le frigo des collations, la machine à café et celle pour le thé, trône fièrement une Ferrari. Pas une véritable Formule 1, mais une petite voiture électrique, offerte par le Lions Club, prête à escorter les enfants vers la salle d’intervention dans un sourire. L’écurie est bien fournie : deux Audi flamboyantes viennent compléter cette flotte joyeuse, l’une achetée par le service, l’autre issue d’un don.

Ici, tout est pensé pour rassurer les plus jeunes patients. Le couloir dédié aux enfants ressemble plus à une salle de jeux qu’à un hôpital. C’est dans cet environnement que Manon, 24 ans, aide-soignante depuis quatre ans, me sert de guide. Avec sa tunique bordeaux - la même que celle des urgentistes et du personnel des soins externes - elle devient mon fil rouge, ou plutôt mon fil bordeaux, de cette immersion.

Aide-soignante en ambulatoire : la polyvalence incarnée

Manon a d’abord exercé trois ans en EHPAD, avant de troquer les chambres des aînés pour celles des enfants. « Ici, je vois plein de choses différentes. Mes journées sont bien remplies et variées, au sein d’une équipe soudée et efficace », confie-t-elle. L’éventail des interventions est large : ORL, urologie, vasculaire, orthopédie, sénologie, … Les patients, eux, s’échelonnent de 12 mois à plus de 100 ans.

Manon s’occupe principalement des enfants. Elle tisse avec eux, en un temps record, un lien de confiance. Ce contact commence souvent en salle de pré-anesthésie, lors d’un premier entretien avec l’enfant et ses parents. À cette occasion, un masque anesthésique est remis à l’enfant, qu’il pourra emporter chez lui pour le décorer à sa guise et rapporter le jour de l’intervention. Ce petit rituel transforme l’appréhension en jeu et permet à l’enfant de devenir acteur de son parcours de soins.

Mais le plus délicat, ce sont parfois les parents. « On distingue très vite les parents aidants des parents vecteurs de stress », m’avoue l’équipe. La nouveauté de mai 2025, autorisant les parents à rejoindre leur enfant en salle de réveil, est donc un soulagement pour tous, mais aussi une situation à gérer pour l'équipe.

Outre la relation humaine, Manon assure des tâches bien précises avant chaque intervention : prise des constantes, récupération du dossier administratif, changement de tenue, gestion des collations sucrées (toujours adaptées aux allergies et diabètes grâce aux diététiciennes), et même conduite des fameuses voitures miniatures jusqu’au bloc.

Un métier en constante évolution

L’activité ambulatoire explose avec l’arrivée de nouveaux spécialistes et la réduction du temps de séjour. « Il y a 30 ans, un patient restait trois semaines pour une vésicule. Aujourd’hui, c’est de l’ambulatoire ! », se souvient une infirmière. La médecine évolue, la société aussi : davantage de consentements, de documents à faire signer, de lourdeurs administratives… 

Au quotidien, l’équipe du service ambulatoire se compose de trois infirmières présentes en continu, d’un brancardier - Philippe, alias Fifi - et de deux aides-soignantes, qui alternent entre horaires du matin, du soir ou en 12 heures. Parmi les infirmières croisées ce jour-là : Zoé, Mélanie, Cassie, Anabelle, Christelle, Céline… et Manon bien sûr.

Toutes arborent fièrement une paire de ciseaux et une pince Kocher à la poche : un héritage de leurs années d’études. Pratique et rassurant.

Philippe, dit Fifi : le brancardier au grand cœur

Impossible de parler du service sans évoquer Philippe, brancardier devenu aide-soignant. Avec 30 ans d’expérience, dont 15 ans fixes en ambulatoire, Philippe est une figure incontournable du service.

« En brancardage, on a quelques minutes privilégiées avec chaque patient. Il faut parler, il ne doit jamais y avoir de blanc », explique-t-il. Selon la gravité de l’intervention, le ton de la conversation varie. Pour un canal carpien ou des calculs, on parle de tout et de rien. Pour un cancer du sein, on ajuste les mots avec délicatesse. L’objectif reste toujours le même : détendre l’atmosphère.

Son parcours ressemble à un taxi multiservice. Appelé par le bloc, Philippe récupère le dossier à l’infirmerie, vérifie l’identité du patient, puis l’accompagne au bloc. Pendant l’intervention, pas de pause : il enchaîne les allers-retours. Généralement, c’est lui qui ramène le patient, sauf pendant les repas où une collègue prend le relais. Bien que le métier soit traditionnellement masculin, Manon s’essaie aussi parfois au brancardage.

Philippe maîtrise l’art de l’humour et du relationnel. « Beaucoup de patients ont peur de l’anesthésie. Et si je ne me réveille pas ? C’est là qu’il faut avoir les bons mots pour les apaiser. » Et souvent, au retour : « Vous aviez raison Fifi, j’ai stressé pour rien… »

Entre engagement et passion

L’ambulatoire est un monde qui va vite. Très vite. Mais derrière le rythme effréné, se cache une équipe passionnée, soudée, et prête à tout pour adoucir l’expérience hospitalière de ses patients, petits ou grands. Que ce soit en Ferrari rouge miniature ou sur un brancard conduit avec humanité, au Pôle Santé République, chaque trajet compte.