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Une unité de soins palliatifs de six lits a ouvert à  la polyclinique Vauban

L'unité des soins palliatifs prend en charge les douleurs des malades (23/10/07 €“ La Voix du Nord)

Depuis janvier, une unité de soins palliatifs de six lits a ouvert à  la polyclinique Vauban. Ici, l'équipe de soignants prend le temps de s'occuper des malades et d'apaiser leurs souffrances.

Tordre le cou aux idées reà§ues, voilà  une tà¢che qui occupe les soignants de l'unité de soins palliatifs de la polyclinique Vauban. " Cette unité, ce n'est pas un mouroir ", précise d'emblée Philippe Thomazeau, le chef du service. " Ce n'est pas un lieu triste. C'est un lieu de vie ", ajoute Renée Picquet, infirmière. " Un tiers de nos patients rentre chez eux améliorés ", complète le médecin spécialisé en soins palliatifs.

" Douceur ", " humanité ", " générosité ", " respect ", " patience ", des mots qui reviennent dans le livre d'or du service.

" La qualité de l'écoute, la qualité de la présence et la qualité de l'accueil, c'est le premier traitement de la douleur ", observe le Dr Thomazeau. Le traitement des douleurs, car elles peuvent être d'ordre physique, morale, sociale, familiale, affective, etc. " Pour la douleur physique, on sait faire, mais la douleur a des formes diverses et nous sommes là  pour donner la priorité à  ce que nous indique le patient. "

Le séjour varie ainsi de quelques heures à  plusieurs semaines avec une moyenne d'une vingtaine de jours. L'unité n'est pas dédiée uniquement aux patients en phase terminale et atteints d'un cancer. Elle accueille, comme son nom l'indique, des patients en phase palliative ou en phase terminale d'une maladie létale (qui va faire mourir) pour des pathologies neurologiques, gastro-entérologiques, néphrologiques ou cardiaques pour ne citer que celles là .

Six lits, c'est finalement peu pour soigner ces souffrances ou pour permettre à  la famille d'avoir un peu de répit. Mais six lits, c'est bien assez pour que les dix membres de l'équipe, soudée, puissent " prendre le temps de se poser et de réfléchir à  la meilleure faà§on de prendre en charge ". Une prise en charge globale du malade et parfois aussi de sa famille.

Ce service ne ressemble à  aucun autre.

Les murs ne sont pas ternes mais peints dans des couleurs vives. Les visites y sont autorisées 24 h sur 24. Les familles peuvent y prendre des repas, y passer la nuit ou recevoir dans un salon qui leur est réservé. Le rapport au temps y est aussi différent. " C'est le service qui s'adapte au patient et pas l'inverse, affirme le Dr Thomazeau. S'il a envie de prendre un petit déjeuner à  11 h, ce n'est pas un souci. On est là . On écoute. " Ce jour-là , une patiente avait envie de manger des fraises. Qu'à  cela ne tienne, la commande a été passée. L'autre dimanche, un malade voulait boire une coupe de champagne. Son envie a été assouvie. Bien loin de l'image que l'on peut se faire d'un service de soins palliatifs.

Accompagner les patients

L'unité de soins palliatifs n'est pas un mouroir mais il ne faut pas se voiler la face, des personnes y décèdent. Une psychologue est plus spécifiquement chargée de l'accompagnement du deuil. Les familles sont aussi reà§ues dans le service après le décès si elles le souhaitent. " Tous les six mois, on organise la soirée des endeuillés.

Ce n'est pas une soirée triste, c'est au contraire émouvant.

Discuter avec d'autres familles peut aussi les aider à  faire leur deuil ", observe Renée Picquet, infirmière. Les personnels se retrouvent aussi une fois par mois en groupe de parole pour " nous poser pendant quelques heures et pour travailler ensemble sur les notions d'éthique médicale. Nous faisons une relecture des différentes prises en charge ", explique le Dr Thomazeau.

Dernière spécificité de l'unité

Avant une hospitalisation, les familles peuvent venir visiter le service : " à‡a les sécurise. On les accueille avec un café et on discute. L'unité n'est pas un lieu effrayant. Ici, les malades et leurs familles n'ont qu'à  avoir une relation d'amour et d'affection. Nous, on s'occupe du reste. "

Admission

Six lits, c'est mieux que rien mais c'est peu et il faut donc faire des choix. " Ici le médecin n'est pas celui qui décide de tout. On discute ensemble des patients, note le Dr Thomazeau. On essaie d'hospitaliser en fonction de l'urgence et de la priorité. " C'est le médecin traitant ou un médecin spécialiste qui sollicite cette hospitalisation. Certains patients sont hospitalisés de manière transitoire pour les soulager ou pour donner un peu de répit à  la famille. Ils peuvent, dans un tiers des cas, bénéficier d'un retour transitoire ou définitif à  la maison.

Formation

Le Dr Thomazeau et Renée Picquet, infirmière responsable des soins palliatifs, travaillaient en maison de retraite. Tous deux se sont formés à  cette discipline un peu nouvelle dans le milieu médical. Le chef de service souhaite que tout le personnel du service suive cette même formation d'un an accompagnée par la rédaction d'un mémoire. " On fait ici un travail d'équipe. Chacun apporte sa part de vérité et le patient sa part d'interrogations et de souffrances. " Les soignants doivent être capables d'y répondre. Et être " armés " pour accompagner les malades et leurs familles.

Et ailleurs ?

L'unité de soins palliatifs de la polyclinique Vauban est la première à  ouvrir dans le sud du département. Depuis janvier, 80 malades ont été accueillis. Il existe, notamment au centre hospitalier de Valenciennes, une équipe mobile formée d'un médecin et d'une infirmière mais la prise en charge n'est pas la même. " Ils se déplacent dans les services et apportent leur expertise pour la prise en charge ", observe le Dr Thomazeau. Or à  la polyclinique, les personnels se consacrent uniquement à  leurs six patients et peuvent apporter leur savoir-faire dans d'autres services. Và‰RONIQUE BERTIN

Copyright : La Voix du Nord €“ Véronique Bertin - 23.10.2007