Des infirmières de Soyaux en renfort à Paris
Elles sont parties en toute discrétion, mais dans la précipitation réfléchie.
Face à l’urgence, face à la situation dramatique que subissent les soignants des hôpitaux de région parisienne débordés, les trois infirmières du Centre Clinical de Soyaux qui ont sauté dans le train pour Paris, dimanche dernier, n’ont eu que « deux petites heures pour prendre leur décision », raconte, « très fier » de ses équipes, Stéphane Chabanais, le directeur de l’établissement.
Il n’y a pas eu d’hésitation. Elles ont rejoint leurs collègues des autres cliniques du groupe ELSAN de Poitiers et Montluçon. « Tous ont été confrontés aux dures conditions de la réalité », rapporte Stéphane Chabanais, qui reste en contact permanent avec ses équipes. C’était « une évidence » pour elles. C’est un renfort qui a permis « la réouverture de huit lits de réa qui avaient été fermés à l’hôpital Beaujon ». « Ce qui permet de prendre en charge autant de patients Covid-19 supplémentaires. »
La première équipe est partie « pour quinze jours au moins », indique le directeur du centre Clinical. « Il faut s’approprier les lieux. Une journée de formation. Ils ont besoin de s’organiser. On sait que huit jours, ce n’est pas possible. » Les prochains pourraient rester un mois sur place.
Au contact régulier
«Pour beaucoup, raconte le patron de la clinique, c’est extraordinaire». Au sens premier du terme. « Elles travaillent de nuit, le vivent comme un engagement. Les collègues sont adorables, elles ont été très bien reçues, équipées, bien sûr ; le directeur des ressources humaines leur a porté des friandises à l’hôtel. »
Des gestes qui permettent de mieux tenir. « Le premier jour, elles ont perdu 50 % de leurs patients », lâche Stéphane Chabanais. Il sait que la situation est difficile, que ses équipes ont « besoin de contacts avec leurs familles ». « Je les ai très régulièrement au téléphone. Elles tiennent le coup. Psychologue à la clinique, Lætitia Bardoulat est aussi au contact régulier. » La mission est difficile, mais les soignants sont au rendez-vous. Le groupe a lancé l’appel. Les premiers soignants ont réagi très vite.« La liste s’allonge », se félicite Stéphane Chabanais. Deux médecins et deux infirmiers anesthésistes s’apprêtent à aller renforcer les équipes des hôpitaux Beaujon et Mondor à Paris. « D’autres se sont spontanément présentés. »Avec un seul mort d’ordre : « Il faut aider les hôpitaux parisiens. Il est important que nos personnels soient au service, puissent renforcer l’hôpital public, alors même que l’on a une clinique du groupe en difficulté dans le 93 qui reçoit aussi des renforts… C’est la solidarité. On ne fait pas de clivage », estime le directeur, dont la clinique reste pourtant sans activité, puisque tout ce qui relève de l’ambulatoire, des soins non urgents, a été différé. Que le matériel des blocs a été réaffecté à des lits consacrés au Covid.
« Je viens de rappeler au directeur de l’hôpital d’Angoulême avec qui nous travaillons régulièrement, que nous avions des disponibilités », indique Stéphane Chabanais.
Au soutien des Ehpad
Une capacité d’accueil de six lits « armés »pour la réanimation, mais aussi huit lits dans l’unité de soins continus (USC). «On a le matériel, on a les effectifs, les plannings sont adaptés. On s’organise pour tenir. On sait bien que si l’hôpital est débordé, ça lui permet de nous envoyer des patients. Malheureusement, on est dans une situation inédite. On sait qu’il manque des lits en “post Covid” et dans le même temps, nos services restent vides.»
Pour Stéphane Chabanais, la collaboration peut être étendue. « Aujourd’hui, nous sommes à disposition. On est prêts à accueillir des patients dans nos lits. Mais on peut aussi accueillir des personnes âgées s’il y a lieu. Intervenir au soutien des Ehpad en difficulté s’il le faut. »
Copyright La Charente Libre - Jean-François BARRÉ
