Portrait du service de médecine de l'Hôpital Privé Guillaume de Varye
« Ils prennent soin de moi, je suis chouchouté, déclare Jessy. Au-delà de la maladie, on se sent presque bien ici. » Ici, c’est le service de médecine oncologique, au deuxième étage de l’Hôpital Privé Guillaume de Varye.
Les patients atteints d’un cancer y sont pris en charge, soignés, accompagnés, jusqu’au retour à la maison, parfois jusqu’au décès. « Nous avons 22 lits d’hospitalisation et 4 lits d’ambulatoire, précise Charlène Bernard, la responsable de l’unité de soins. Dr Fabienne Rebillout et Dr Olivier Pecqueriaux sont les deux médecins du service. Onze infirmiers, onze aides-soignants, deux agents de services hospitaliers, une secrétaire, une psychologue, une diététicienne et une assistante sociale composent le service. C’est une équipe très soudée, qui fait front pour accueillir les émotions. »
Un lien fort avec les patients
Car la réalité du terrain, ce sont des patients qui souffrent de pathologies lourdes et avec lesquels les liens ont le temps de se tisser. Ce sont aussi des familles attristées, parfois en colère, dont il faut gérer les émotions. Un salon est d’ailleurs à leur disposition, pour leur permettre de se réunir et de bénéficier d’un environnement moins « hospitalier ».
Anne fait partie des infirmières du service. Ce qui lui plait, c’est « accompagner les gens, être proche d’eux et de leur famille ». Elle se sent un peu privilégiée d’« avoir du temps pour eux, de prendre soins des patients dans leur globalité ». « Parfois, on connait l’issue mais on peut quand même accompagner les patients le plus sereinement possible, ajoute-t-elle. Et quand on reçoit un « merci » de la famille, même après un décès, on se dit qu’on a bien fait les choses. » Cédric, aide-soignant, abonde : « Dans ce service, on a une approche différente de la maladie. En chirurgie, on soigne les cancers, ici on les accompagne. J’aime être là pour les patients. On est une épaule sur laquelle ils peuvent pleurer, parfois la dernière main qu’ils tiennent. »
Du temps pour le soin
Ce jour-là, Anne va poser une chimiothérapie à Jessy. C’est un acte plutôt rare depuis l’ouverture du nouveau service, au troisième étage, mais Jessy doit recevoir un traitement durant cinq jour, il est donc hospitalisé pour plus de confort. Le patient sait ce qui l’attend, mais Anne détaille ses gestes et le protocole de soins. Elle vérifie que Jessy a bien fait sa préparation.
« Ils se démènent pour moi, précise le patient. On n’est pas au restaurant et les repas ne sont pas vraiment bons mais ils font tout pour que j’arrive à manger, même si je suis barbouillé par la chimio. J’arrive à manger un peu plus grâce à eux. À force, je sais quelle infirmière est à fond dans son travail, celle à qui je peux faire une blague. Ils prennent soin de moi et moi j’essaie d’être agréable avec eux. » Avec Anne, qui lui propose un pistolet (pour uriner), Jessy se permettra une petite blague pour dire qu’il ne prévoit pas de braquage !
Derrière chaque porte qu’elle ouvre, Anne pose la même question au patient : « vous avez mal ? » La prise en compte de la douleur est capitale et c’est d’ailleurs pour cela que deux infirmières sont spécialisées dans sa gestion. Pour offrir quelques moments de plaisir aux patients, les soignants peuvent aussi proposer des massages. Et à partir du mois de mars, ce ne seront plus des plateaux repas qui seront servis dans le service. « Un agent de Sodexo (prestataire restauration de l’établissement NDLR) passera dans chaque chambre avec un chariot pour laisser le choix au patient de prendre ce qu’il souhaite », ajoute Charlène Bernard.
Accompagner les familles
Si le soin aux patients est le cœur du métier de soignant, en médecine plus qu’ailleurs, il y a toute la famille à prendre en compte. « Encore plus que dans les autres services, on doit avoir de l’empathie, complète Charlène Bernard. Les équipes doivent être polyvalentes, savoir gérer la technique mais aussi l’accompagnement. L’écoute est primordiale. Les médecins le disent, « les soignants doivent avoir un regard critique indispensable à la prise en charge des patients », car ce sont eux qui passent le plus de temps à leurs côtés et peuvent voir si leur état change. » Le Dr Pecqueriaux estime d’ailleurs qu’il y a, au sein du service, une relation de confiance, « qui va dans les deux sens et permet de travailler dans la sérénité ».
« Il y a aussi beaucoup de cohésion et une bonne ambiance, notamment pendant les moments de pause, ajoute-t-il. On peut accompagner les cancers dans la bonne humeur. Et être humain, c’est aussi avoir le sourire. » Et même si, petit à petit, certaines habitudes s’installent, le sort des patients continue à tous les toucher. Heureusement, l’équipe peut aussi compter sur des « médecins à l’écoute de leurs émotions ». Charlène en est convaincue, « ceux qui travaillent en médecine le font avec leurs tripes et ne veulent travailler nulle part ailleurs ».