Actualités

Face au coronavirus, le service réanimation du Centre hospitalier a augmenté sa capacité de lits en lien avec les autres établissements du territoire. Il forme également le personnel soignant de la clinique.

Entretien - Dr Julien Huntzinger, chef du service réanimation du Centre hospitalier Bretagne Atlantique (CHBA).

Plus de quinze jours après le début de la crise, comment va le moral des troupes ?

Les équipes sont mobilisées d’une façon étonnante, sachant que l’hôpital de Vannes est le plus impacté de la Région. Les journées sont plus lourdes, mais nous travaillons dans un environnement serein. Une de mes craintes serait de déplorer des cas de transmissions dans les équipes. Ce n’est pas le cas.

À ce jour, le service réanimation du CHBA de Vannes est-il saturé par les cas de coronavirus ?

Nous ne sommes pas dépassés par les événements. Nous sommes passés de douze à vingt lits, dont trois lits encore disponibles. La moitié de ces lits sont occupés par des patients du Covid-19. Cela fonctionne, car nous avons des échanges réguliers et travaillons main dans la main avec la clinique Océane et les autres services de réanimation. Le service pneumologie garde aussi un certain nombre de patients.

Concrètement, comment s’organise cette nouvelle collaboration avec la clinique ?

Des équipes médicales et paramédicales de chez eux vont venir voir comment nous travaillons dans ce contexte. Il faut respecter un protocole nouveau avec des mesures de protection du personnel. C’est différent avec des particularités respiratoires à prendre en compte.À l’heure actuelle, la clinique prend en charge des patients hospitalisés en réanimation et si nos capacités d’accueil sont surpassées, des malades du Covid-19 y seront également accueillis. Il y a six lits de réanimation supplémentaires à Ploërmel et seize à la clinique.

Des soignants de chez eux seront-ils amenés à venir travailler au CHBA ?

Ce n’est pas le cas, mais c’est tout à fait possible. L’activité programmée de la clinique a été arrêtée et ils ont proposé de nous aider. Si l’épidémie devient incontrôlable, si nous avons des arrêts maladie… Il faut se préparer à tous les scénarios. On pourrait se retrouver moins nombreux au moment ou l’on aurait besoin d’être plus.

Des patients hospitalisés dans votre service pour cette pathologie sont-ils déjà ressortis ?

Le tout premier patient est toujours hospitalisé. À l’heure actuelle, quatre patients sont ressortis, dont deux étaient sous ventilation lourde. Ils sont en convalescence. Le coronavirus affaiblit le corps. Il faut du temps pour récupérer.

Quel est le profil des personnes hospitalisées à Vannes ?

La gravité des cas est proportionnelle à l’âge. Quand on parle de patients jeunes, ce sont des personnes qui ont entre 40 et 50 ans. Chez nous, il s’agit de personnes de plus de 60 ans, à de rares exceptions.


Entretien - Wilfried Harsigny, directeur de la clinique Océane.

Quel rôle joue la clinique pour la prise en charge des patients dans la crise actuelle ?

Nous sommes en action depuis le 29 février, date à laquelle la clinique a transféré au CHBA, un patient positif. Depuis, trois autres patients hospitalisés chez nous ont été détectés positif. Nous transformons l’établissement en un temps record.

C’est-à-dire ?

Ouverture de lits de réanimation, création d’un secteur d’hospitalisation dédié, réorganisation de l’hospitalisation à domicile… L’activité de l’établissement est réduite de trois quarts pour nous préparer à accueillir des patients venant du CHBA ou directement en cas d’évolution défavorable. Il faut permettre un flux dédié et indépendant pour leur prise en charge. En cas d’afflux majeur, nous avons aussi prévu l’ouverture d’une structure d’accueil dédiée pour les urgences chirurgicales et, si besoin, l’ouverture de lits de médecine supplémentaires. SOS Médecins continue à jouer son rôle d’accueil des patients en première ligne, en assurant la sécurité de tous.

Certains services ne s’arrêtent pas comme la maternité et la cancérologie…

Les prises en charge restent les mêmes et des équipes dédiées sont en place. Il y a une difficulté pour ces patients hospitalisés qui ne peuvent plus recevoir les visites de leurs proches. Nous avons donc organisé la disponibilité pour chaque patient d’avoir un téléphone et un téléviseur.

Il vient d’être annoncé une collaboration étroite entre le CHBA et la clinique pour l’accueil des malades. Concrètement, comment ça se passe ?

Chaque jour, un bilan téléphonique est organisé avec leur direction et les établissements de Nivillac, Colpo, Ploërmel, Malestroit et Belle-Île. Nous faisons un point sur la situation territoriale, les difficultés de chacun et proposons des solutions collectives.

Comment avez-vous réussi à mettre sur pied un service réanimation en quelques jours ?

On s’organise depuis le début de la semaine pour ouvrir seize lits de réanimation et dix lits de surveillance continue. L’unité de surveillance continue habituelle de la clinique étant une ancienne réanimation, l’architecture des lieux le permet. Pour cela, la clinique a équipé le service et chaque chambre en matériel spécifique à la réanimation.

Comment vos équipes seront-elles formées à la prise en charge des cas les plus graves ?

Nous avons dans notre personnel des salariés ayant l’expérience de la réanimation. Pour autant, nous avons débuté mercredi un programme de formation en collaboration avec nos infirmiers hygiénistes et les anesthésistes. Nos professionnels sont actuellement formés pour reproduire les gestes techniques essentiels mis en place pour ces patients.

 

©Ouest France 20/03/2020 - Propos recueillis par Mélanie BÉCOGNÉE.
©Photo : Hôpital Privé Océane