Polyclinique Saint-Odilon : la réouverture des soins non programmés
Le centre de soins non programmés abrité par la Polyclinique Saint-Odilon, fermé depuis le 1er juillet 2024, a rouvert mardi, avec un médecin et deux infirmières, tous libéraux. Dès l’ouverture, ils n’ont pas chômé. C’est ouvert de 8 à 18 heures, du lundi au vendredi.
Les patients défilent depuis 8 heures dans les locaux du centre de soins non programmés, au sein de la Polyclinique Saint-Odilon à Moulins. Parmi eux, Mélissa et son fils Hugo, 9 ans et demi, qui a « chuté à l’accueil de loisirs » et qui ne « peut plus plier » sa rotule. La maman a appelé le 15 : « Mon médecin traitant est en vacances et je ne me voyais pas aller aux urgences de l’hôpital. Dans un premier temps, c’est à la pharmacie que j’ai pris conseil, où on m’a dit que mon fils aurait probablement besoin d’une radio, mais qu’il fallait que je voie si ça allait mieux le lendemain. Honnêtement, le lendemain, j’ai appelé le Samu, car je ne savais pas du tout vers qui me tourner. J’ai été surprise quand ils m’ont dit d’aller à la clinique. C’est la première fois que je viens. C’est bien, car ça va être forcément plus rapide que les urgences. Je dois retourner travailler ! ».
« Je n’ai plus de médecin traitant… »
Frédérique avait bien noté que le centre rouvrait ce mardi et elle a sauté sur l’occasion pour amener son petit-fils, Marceau, 6 ans, tout encombré et tout toussant. « Je n’ai plus de médecin traitant depuis le 1er juillet. Alors qu’est-ce que je fais avec les petits quand ils sont chez moi ? Il n’y a pas de médecin qui veuille les prendre. Le centre de santé face à l’hôpital était plein. Et les urgences ? Ben non, pas pour ça ! Donc nous voilà ! »
Et en même temps que ces enfants, sont arrivés un couple, un jeune homme, une jeune femme…
« Ma toute première patiente de la journée, ce fut une dame de 94 ans de la maison de retraite d’à côté », relate le Dr Vincent Allix, nouveau (et seul) praticien libéral du centre de soins non programmés. « Le directeur était passé me voir pour me demander, si besoin, je pouvais prendre les résidents en consultation. Je lui ai répondu qu’il n’y avait pas de problème. J’ai fait toute ma carrière aux urgences et dans les centres de soins non programmés. Ils sont tous polyvalents ».
C’est une recrue au profil intéressant d’urgentiste, médecin du Samu et de réanimation, qui prend ses quartiers au sein de la Polyclinique Saint-Odilon, dans le centre de soins non programmés qui avait dû faire un « break » d’un an, faute de docteurs combattants. À ses côtés, deux infirmières libérales, Marie Thomas et Déborah Lassauzé.
Vincent Allix, 56 ans, a contacté Benjamin Vacher, directeur de la Clinique, en avril dernier pour lui dire son intérêt de travailler dans la structure, en tant que médecin libéral. Le praticien arrive d’Aix-en-Provence et de son centre de soins non programmés « Urgencemed ». Celui qui a aussi exercé au Mans (déjà pour le groupe ELSAN) et « ouvert le centre de soins non programmés de La Seyne-sur-Mer » avait envie de « changer d’air » et de se rapprocher de ses proches, tout en restant dans son domaine de prédilection. « Moulins, c’est très bien, c’est central, c’est rural. Le sud, c’est bien, mais il fait très chaud et il y a beaucoup de monde. J’aime bien le calme, la nature, les vieilles pierres. Et je connaissais un peu le coin, car mes parents avaient passé un peu de temps dans le Cher vers Sancoins».
Le praticien, qui a fait ses études à la « catho » de Lille, assure : « Je me suis engagé pour un projet pérenne. Je ne suis pas un médecin de plus qui ne reste que six mois. Ici, pour moi, toutes les conditions sont réunies pour faire du bon travail, en interface entre la médecine de ville et l’hôpital, avec un bon plateau technique ».
Médical, infectieux, traumato…
Le Dr Allix accueille les patients à partir de 5 ans. « En dessous, c’est techniquement plus compliqué ».
Mais donc, à partir de 5 ans, « les patients peuvent venir pour toutes sortes de problématiques, médicales, infectieuses, traumatologiques. Avec les infirmières, mais aussi les confrères et consœurs du centre de radiothérapie, on peut faire différents actes, comme des perfusions, des bilans sanguins, des électrocardiogrammes, des plâtres, des échographies, des radios, des scanners… Finalement, tout ce qu’un médecin généraliste ne peut pas faire dans un cabinet et qui demande une double consultation. Imaginez, vous êtes tombée, vous avez le poignet douloureux et enflé, vous savez très bien que votre généraliste va vous envoyer vers les urgences ou faire une radio. Ce sont des délais en plus et des relais en plus. Ici, le bilan sanguin va au labo et on a les résultats dans les deux heures. J’ai aussi la possibilité de faire appel aux spécialistes qui sont ici à l’hôpital ».
Le médecin veut rassurer : « Je sais que certains syndicats de médecins sont très critiques envers ces centres ; je pense qu’ils ont toute leur place. On est conventionné secteur 1. Donc il n’y a pas de dépassement d’honoraire. La tarification est un peu différente si on a des actes techniques comme des sutures ou un plâtre, mais à la fin, c’est du tiers payant, avec présentation de la carte vitale et de la mutuelle ».
© Mathilde Duchatelle, « Soins non programmés, réouverture ! », La Montagne, 24 juillet 2025