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L’endométriose est une pathologie gynécologique chronique fréquente chez les femmes en âge de procréer. Certaines études récentes suggèrent un lien possible entre certains types d’endométriose et un risque accru de cancer de l’ovaire. 

Le fait d’identifier clairement cette relation permet d’adapter la surveillance tout en préservant la sérénité des patientes. L’Institut Privé de Radiothérapie de Metz (IPRM) vous explique ce qu’il faut connaître pour éviter un retard au diagnostic.

Impact de l’endométriose sur le risque de cancer de l’ovaire

Qu’est-ce que l’endométriose ?

L’endométriose correspond à la présence de tissu endométrial (normalement localisé dans la cavité utérine) en dehors de l’utérus. Ces fragments de muqueuse réagissent aux cycles hormonaux, ce qui entraîne une inflammation locale, parfois responsable de douleurs importantes et de complications fonctionnelles. Elle toucherait environ 1 femme sur 10, soit près de 2 millions de femmes en France. On distingue trois formes principales :

  • Endométriose péritonéale superficielle : lésions superficielles sur le péritoine pelvien,
  • Endométriome ovarien : kyste de l’ovaire lié à une infiltration endométriosique,
  • Endométriose profonde infiltrante : atteinte des organes pelviens profonds (vessie, rectum, ligaments utérins), avec lésions > 5 mm de profondeur.

Les principaux symptômes incluent des douleurs pelviennes chroniques souvent invalidantes et résistantes aux antalgiques classiques, des règles très douloureuses (dysménorrhée) dès l’adolescence, des douleurs pendant les rapports sexuels (dyspareunie), ainsi que des troubles digestifs (ballonnements, constipation, diarrhée cyclique) ou urinaires (brûlures, envies fréquentes) qui suivent un rythme hormonal. Ces symptômes peuvent impacter significativement la vie quotidienne. 

L’endométriose est également une cause avérée de difficultés à concevoir, avec un risque d’infertilité estimé entre 30 et 50 % selon l’atteinte. Le diagnostic est souvent réalisé de manière tardive avec un retard moyen de 7 à 10 ans entre les premiers signes et la confirmation.

Est-ce qu’un endométriome est un kyste cancéreux ? Non. Un endométriome est un kyste bénin. Cependant, certains peuvent présenter des atypies ou des caractéristiques suspectes à l’imagerie, d’où l’importance du suivi régulier.

Quelle est la relation entre l’endométriose et le cancer ovarien ?

L’endométriose n’est pas un cancer. Cependant, plusieurs études scientifiques suggèrent qu’elle pourrait être associée à une augmentation du risque de certains cancers de l’ovaire, surtout les carcinomes endométrioïdes et les carcinomes à cellules claires, dits de type I. Ces tumeurs ont généralement une évolution lente et peuvent être précédées par des lésions précancéreuses. À l’inverse, les cancers de type II, plus agressifs, sont souvent diagnostiqués à un stade avancé et présentent une évolution rapide. 

Une étude américaine publiée dans la revue JAMA en 2024 basée sur plus de 450 000 dossiers médicaux a mis en évidence que ce lien dépend principalement du sous-type d’endométriose. Le risque n’est pas uniforme et il reste très faible dans la majorité des cas. Par ailleurs, certaines lésions d’endométriomes dits atypiques présentent des anomalies génétiques acquises (dans des gènes comme ARID1A, PIK3CA ou KRAS), que l’on retrouve aussi dans certains cancers de l’ovaire. 

Ces altérations, associées à un contexte inflammatoire chronique, pourraient dans de rares cas favoriser une évolution vers une transformation cancéreuse.

À savoir : L’endométriose profonde est-elle plus dangereuse ? Oui. L’endométriose profonde infiltrante et les endométriomes ovariens sont les formes les plus associées à un risque accru de cancer, notamment de type I.

Est-ce que l’endométriose augmente le risque de cancer ?

Selon cette étude américaine, les femmes atteintes d’endométriose présentent 4,2 fois plus de risque de développer un cancer de l’ovaire que les femmes non atteintes. Ce chiffre varie fortement selon la localisation de la maladie : Endométriose profonde infiltrante et/ou endométriome ovarien :

  • Risque multiplié par 9,66 pour l’ensemble des cancers ovariens,
  • Risque multiplié par 18,96 pour les cancers de type I,
  • Risque multiplié par 3,72 pour les cancers de type II,

Endométriose péritonéale superficielle :

  • Risque modérément accru (2,8 pour type I, 2,6 pour type II).

Cependant, le risque absolu reste faible : moins de 2 % des femmes atteintes développeront un cancer ovarien au cours de leur vie, contre 1,3 % dans la population générale.

Faut-il opérer l’endométriose ovarienne pour éviter un cancer ? Pas nécessairement. Même si certains endométriomes ovariens peuvent présenter un risque accru de transformation maligne, ce risque reste faible. La décision repose avant tout sur l’imagerie (IRM pelvienne, échographie) et le contexte clinique. En l’absence de signes suspects, une surveillance régulière peut suffire.

Quels sont les signes d’un cancer de l’ovaire ?

Le cancer de l’ovaire est souvent diagnostiqué tardivement, car les symptômes sont peu spécifiques. Il peut d’ailleurs être confondu avec ceux de l’endométriose, en particulier en cas de douleur pelvienne ou de troubles digestifs. Les signes les plus fréquents sont :

  • Ballonnements abdominaux persistants
  • Douleurs pelviennes ou lombaires continues
  • Sensation de gêne ou de pression abdominale
  • Troubles digestifs (nausées, constipation, perte d’appétit)
  • Mictions fréquentes ou urgentes
  • Fatigue inhabituelle
  • Perte de poids inexpliquée
  • Saignements menstruels anormaux

Néanmoins, ces signes ne sont pas forcément liés au cancer. Ils peuvent très bien être présents dans d’autres pathologies gynécologiques bénignes, dont l’endométriose. C’est surtout la persistance de symptômes au-delà de quelques semaines (s’ils sont nouveaux ou inhabituel), qui doit motiver une consultation.

Comment différencier endométriose et cancer de l’ovaire ? Il n’existe pas de symptômes pathognomoniques (c’est à dire : très typiques de la maladie). Seuls un examen clinique, des examens d’imagerie médicale et éventuellement une exploration chirurgicale permettent de poser un diagnostic formel.

L’équipe de l’IPRM rappelle que la surveillance adaptée repose avant tout sur une évaluation personnalisée : phénotype d’endométriose, âge, antécédents familiaux, évolution des symptômes, résultats d’imagerie, bilan biologique. Une surveillance annuelle par une équipe formée (gynécologue, centre de référence, imagerie spécialisée) est souvent suffisante.

Faut-il faire des tests réguliers quand on a une endométriose ? Pas systématiquement. Dans la grande majorité des cas, l’endométriose n’évolue pas vers un cancer. Le suivi régulier avec consultations et imagerie pelvienne vise avant tout à identifier les situations à risque, mais sans multiplier les gestes inutiles. Il n’existe pas de dépistage systématique du cancer de l’ovaire.

Article écrit le 30/10/2025, vérifié par Equipe médicale de l'Institut Privé de Radiothérapie de Metz