Impact de la radiothérapie sur la vie sexuelle des patients
La radiothérapie est un traitement lourd, dont les effets locaux et généraux sont susceptibles d’altérer la fonction sexuelle, ce qui peut grandement impacter la vie intime des patients. De fait, en cas de cancer de l’appareil reproducteur ou urinaire, l’irradiation locale des organes atteints peut engendrer des séquelles physiques potentiellement sévères et irréversibles.
Dans le cas de cancers affectant des organes non liés aux fonctions reproductrices et urinaires, le traitement de radiothérapie peut être à l’origine d’effets secondaires généraux provoquant des troubles somatiques et psychologiques, tout aussi délétères pour la vie sexuelle des patients. Toutefois, les effets secondaires de la radiothérapie sont désormais de mieux en mieux pris en charge par la médecine, et il existe aujourd’hui un vaste panel de soins de supports permettant aux patients de retrouver une vie intime satisfaisante.
Activité sexuelle après la radiothérapie de la prostate
Le cancer de la prostate est le plus fréquemment rencontré chez l’homme en France. La prostate est un organe du tractus urinaire et reproducteur qui produit une partie du liquide séminal. En cas de cancer de la prostate, une radiothérapie est couramment administrée pour traiter les tumeurs locales et, de manière plus anecdotique, pour prévenir les métastases cérébrales.
L’irradiation de la prostate est un traitement agressif qui peut détériorer les tissus prostatiques, engendrant alors des troubles sexuels et urinaires. Le dysfonctionnement érectile, dont la sévérité peut varier d’une baisse de la qualité de l’érection à sa disparition complète, est le trouble sexuel le plus souvent rapporté après une radiothérapie de la prostate.
L’apparition de troubles érectiles après une radiothérapie n’est pas systématique, mais concernerait entre 30% et 50% des patients traités pour un cancer de la prostate. Les dysfonctionnements érectiles peuvent apparaître dès les prémices du traitement ou en différé, des mois, voire des années, après la fin des séances de radiothérapie. Différents facteurs influencent leur apparition, et on relève notamment l’impact de la proximité entre la zone irradiée et les corps érectiles et artères pudendales.
Des comorbidités et troubles érectiles préexistants sont également des facteurs favorisants. À l’heure actuelle, l’apparition de troubles sexuels a d’ores et déjà diminué avec l’avènement de techniques de radiothérapie plus évoluées, dont la précision est hautement accrue. Lorsqu’ils surviennent malgré tout, une prise en charge médicamenteuse à base d’inhibiteurs de la phosphodiestérase peut être administrée dans le cadre d’une rééducation érectile durant et après les séances de radiothérapie.
En cas d’échec du traitement médical, d’autres alternatives thérapeutiques, comme les injections intraveineuses ou les pompes à vide, peuvent être proposées. Enfin, il ne faut pas négliger la dimension psychologique qui entoure le fonctionnement érectile.
L’anxiété liée à la maladie, l’appréhension du traitement de radiothérapie et de ses potentielles séquelles, ou encore les craintes liées à l’éventuelle perte de la fonction érectile, sont autant de facteurs pouvant impacter la qualité de l’érection. Une consultation avec un psychologue et/ou un conseiller en sexualité pour envisager l’avenir après la maladie peuvent faire partie intégrante de la prise en charge d’un cancer de la prostate.
La vie sexuelle après une radiothérapie du sein
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquemment rencontré chez la femme en France. Il s’agit désormais d’un cancer à bon pronostic, avec un taux de survie nette à 5 ans d’environ 85 %. Aussi, le contrôle des effets secondaires à long terme de la maladie et de ses traitements est aujourd’hui une question centrale de sa prise en charge.
Bien que le cancer du sein n’affecte pas les organes sexuels de la femme, il peut engendrer des séquelles physiques et altérer durablement l’apparence des patients, émaillant ainsi leur estime d’elles-mêmes et leur bien-être psychologique. Le cancer du sein est typiquement traité à l’aide d’une chirurgie radicale qui consiste à ôter le sein dans sa totalité (mastectomie) ou partiellement (tumorectomie).
La radiothérapie survient habituellement dans un second temps, pour irradier la zone de la mastectomie ou de la tumorectomie, afin de limiter les risques de récidive du cancer. On parle alors de radiothérapie adjuvante. L’ablation du sein, notamment en cas de chirurgie radicale (mastectomie), est fréquemment vécue comme une intervention extrêmement mutilante, et engendre souvent une grande détresse émotionnelle et psychologique pouvant se manifester par des troubles anxieux et/ou dépressifs.
La mastectomie peut, en outre, engendrer des séquelles physiques durables, parfois invalidantes, comme c’est le cas du Syndrome Douloureux Post-Mastectomie. En plus de la mastectomie, la radiothérapie adjuvante engendre ses propres effets secondaires pouvant compter des douleurs persistantes et une altération de l’aspect de la zone irradiée, ajoutant à la détresse émotionnelle des patientes. Étant donné les potentiels impacts psychologiques des traitements du cancer du sein, l’instauration d’un dialogue ouvert entre la patiente et l’équipe médicale est indispensable à une prise en charge efficace, visant un retour à une vie sexuelle satisfaisante.
Il existe différents soins de support pouvant être proposés pour aider les patientes à retrouver leur estime d’elles-mêmes, contrôler leurs éventuelles douleurs et traiter de potentiels troubles dépressifs et anxieux qui pourraient entraver le retour à une bonne qualité de vie. Dans le cadre du cancer du sein, le retour à une sexualité satisfaisante est hautement lié au bien-être physique et psychologique de la patiente, plutôt qu’à une restauration mécanique des fonctions sexuelles qui ne sont habituellement pas détériorées par la radiothérapie.
Activité sexuelle après la radiothérapie de cancers pelviens
Il existe un grand nombre de cancers pouvant affecter les différents organes de la zone pelvienne. C’est notamment le cas du cancer des ovaires, du cancer de l’utérus, du cancer colorectal, ou encore du cancer de la vessie. Même lorsque les organes sexuels ne sont pas directement atteints par la tumeur cancéreuse traitée, ils peuvent être détériorés par les traitements agressifs visant à lutter contre le cancer.
La chirurgie peut notamment nécessiter l’ablation d’une marge de tissus sains autour de l’organe atteint comprenant certaines composantes de l’appareil reproducteur, et la chimiothérapie agit dans tout l’organisme, peu importe le site d’origine de la tumeur. La radiothérapie, quant à elle irradier les cellules saines avoisinant les cellules cancéreuses. Dans le cas de cancers de la zone pelvienne, les tissus des organes sexuels peuvent être détériorés.
Les atteintes causées aux organes reproducteurs de la zone pelvienne peuvent engendrer différents effets secondaires, parmi lesquels on retrouve fréquemment une perte de libido, des troubles érectiles chez l’homme et des dyspareunies (douleurs lors des rapports sexuels) chez la femme.
Ces effets secondaires de la radiothérapie apparaissent habituellement 1 à 3 ans après la fin du traitement. Pour l’heure, il semblerait que les effets secondaires de la radiothérapie des cancers de la zone pelvienne sur la vie sexuelle des patients soient encore peu évoqués lors du suivi, voire peu évalués à la suite du traitement. Il existe pourtant un vaste panel d’outils et d’alternatives thérapeutiques disponibles pour les prendre en charge de manière satisfaisante au cas par cas. Un simple lubrifiant vaginal peut accroître significativement le confort durant les relations sexuelles, quel que soit le cancer traité – la chimiothérapie et la radiothérapie pelvienne engendrant fréquemment une sécheresse vaginale.
Des séances de physiothérapie pelviennes peuvent restaurer partiellement ou totalement les qualités des tissus vaginaux. Certains médicaments, ainsi que des injections et pompes à vide, peuvent apporter une réponse très efficace aux troubles érectiles. Enfin, l’aspect psychologique demeure central, quels que soient le cancer traité et les séquelles rencontrées à la suite d’un traitement de radiothérapie. Une prise en charge adaptée au patient et à son partenaire est une composante essentiellement de l’accompagnement et du retour à une vie sexuelle satisfaisante.
N’hésitez pas à en discuter avec votre oncologue du Centre de Brest. La radiothérapie peut altérer la qualité de la vie sexuelle des patients, quels que soient le cancer traité et la zone irradiée. Pourtant, la sexualité reste peu évoquée lors du suivi des patients, et fait rarement l’objet d’une prise en charge adaptée, quand bien même des alternatives efficaces pourraient être proposées.
À l’heure où le pronostic des patients atteints de cancers tend à s’améliorer grâce aux progrès de la médecine oncologique, il est essentiel de repenser la prise en charge de l'après-cancer, dont la vie sexuelle est une composante importante.