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Une fois les traitements terminés, le parcours contre le cancer colorectal ne s’arrête pas là. La phase de suivi est essentielle pour repérer rapidement toute récidive, même silencieuse. Ce cancer, l’un des plus fréquents en France, touche près de 45 000 personnes chaque année. 

Malgré des traitements efficaces, entre 30 et 50 % des patients peuvent connaître une récidive, souvent dans les trois premières années. D’où l’importance d’une surveillance rigoureuse. Voici ce qu’il faut connaître sur le suivi après un cancer colorectal, les examens et outils de détection précoce des récidives, et les solutions thérapeutiques possibles en cas de rechute.

Récidives du cancer colorectal - Suivi post-traitement et prise en charge

Cancer colorectal : quel protocole de suivi après le traitement ?

Le suivi après cancer colorectal repose sur un protocole standardisé, défini par les recommandations de la SNFGE (Société nationale Française de Gastro-Entérologie) et d’autres organismes spécialisés. La durée du suivi est d’au moins 5 ans, avec une intensité plus marquée au cours des deux premières années, car c’est la période pendant laquelle les risques de récidive sont les plus élevés.  Voici à quoi peut ressembler un calendrier de surveillance type :

  • Années 1 à 2 : une consultation médicale tous les 6 mois en alternance auprès des différents spécialistes ayant participé à la prise en charge de la tumeur initiale (oncologue, radiothérapeute, chirurgien), associée à un scanner thoraco-abdomino-pelvien semestriel.
  • Années 3 à 5 : une consultation médicale annuelle en alternance, et un examen d’imagerie une fois par an.

Examens incontournables :

  • Coloscopie : réalisée un an après l’intervention chirurgicale, puis tous les 3 à 5 ans selon les résultats. Elle permet de repérer d’éventuelles lésions précancéreuses ou récidives locales.
  • Scanner ou TEP-scan : utilisé pour surveiller l’apparition de métastases, notamment au foie et aux poumons.
  • Dosage de l’ACE (Antigène Carcino-Embryonnaire) : ce marqueur tumoral est prescrit tous les 3 à 6 mois les deux premières années, puis de façon plus espacée. Une élévation du taux d’ACE peut être un signe précoce de récidive.

Récidive du cancer colorectal : quels signes doivent alerter ?

Les symptômes d’une récidive de cancer colorectal ne sont pas toujours spécifiques, ce qui rend leur détection complexe sans un suivi rapproché. Toutefois, certains signes doivent inciter à consulter rapidement :

  • Douleurs abdominales persistantes ou inhabituelles
  • Présence de sang dans les selles (rectorragies), parfois associée à des troubles du transit
  • Perte de poids involontaire, fatigue marquée, anémie

Pour confirmer la récidive, les médecins prescrivent alors plusieurs examens diagnostiques.

Examens et dépistage : comment détecter une récidive à temps ?

La détection précoce d’une récidive du cancer colorectal repose sur une approche combinée entre examens cliniques, analyses biologiques et examens d’imagerie. Imagerie de surveillance :

  • Scanner thoraco-abdomino-pelvien : il permet de repérer les localisations secondaires, en particulier au foie et aux poumons, deux sites fréquents de métastases
  • IRM pelvienne : particulièrement utile en cas de cancer du rectum, pour visualiser la région opérée

Surveillance biologique :

  • ACE : une hausse progressive du taux, même en l’absence de symptômes, peut indiquer une possible rechute

Lorsque les résultats des examens standards sont ambigus, d’autres examens peuvent être envisagés :

  • TEP-scan (Tomographie par émission de positons) : permet de localiser plus précisément les foyers métastatiques, avec une sensibilité supérieure aux autres examens d’imagerie, pour mieux orienter la stratégie de prise en charge
  • Biopsie liquide : technologie innovante, encore en phase de validation clinique, qui repose sur la détection d’ADN tumoral circulant dans le sang

Traitements des récidives de cancer colorectal : quelles options thérapeutiques ?

La stratégie thérapeutique dépend du type de récidive (locale ou métastatique), de son étendue, et de l’état général du patient. Une réintervention chirurgicale peut parfois être envisagée, en particulier lorsque les métastases sont isolées.  Options en cas de récidive localisée :

  • Chirurgie : une nouvelle intervention peut permettre de retirer une tumeur localisée, notamment dans le foie ou les poumons. La résection doit être complète pour offrir une chance de guérison.
  • Radiothérapie : utilisée surtout dans les récidives pelviennes, notamment après un cancer du rectum. Elle peut être couplée à une chimiothérapie.

Traitements systémiques :

  • Chimiothérapie : les schémas les plus fréquemment utilisés sont le FOLFOX (5-FU, leucovorine, oxaliplatine) ou le FOLFIRI (5-FU, leucovorine, irinotécan).
  • Thérapies ciblées : en association à la chimiothérapie, certains patients peuvent bénéficier d’anti-angiogéniques, comme le Bévacizumab, ou d’anticorps monoclonaux selon le statut RAS/BRAF.

Innovations : quelles avancées pour le suivi post-cancer du côlon ou rectum ?

La recherche avance vite, et certaines innovations commencent à transformer la manière dont on suit les patients après un cancer colorectal.  Parmi les nouvelles approches, on peut citer :

  • ADN tumoral circulant : également appelé biopsie liquide, ce test sanguin détecte des fragments d’ADN tumoral libérés dans la circulation. Il pourrait pouvoir être intégré aux protocoles de suivi dans un futur proche.
  • Intelligence Artificielle : appliquée à l’imagerie médicale, elle aide à identifier des anomalies parfois invisibles à l’œil humain. Des algorithmes sont déjà à l’essai pour la lecture de coloscopies ou de TEP-scans.
  • Essais cliniques : certaines récidives avancées pourraient pouvoir être prises en charge par immunothérapie, en particulier chez les patients porteurs de tumeurs MSI (instabilité des microsatellites).

Toutefois, ces innovations ne remplacent pas le suivi classique. Elles s’intègrent progressivement dans la prise en charge actuelle, en complément des outils déjà bien validés.