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Des gestes millimétrés « dans une ambiance sympa, pour dédramatiser et ne pas instaurer un silence qui pourrait être stressant » : bienvenue à la SSPI du bloc opératoire de l’Hôpital Privé Guillaume de Varye. Dans la salle de surveillance post-interventionnelle, sept infirmiers et une aide-soignante veillent sur les patients en post-op immédiat.

« C’est l’aval de la salle d’opération, précise le Dr Issa, médecin anesthésiste réanimateur, médecin référent de la SSPI. Lorsqu’on emmène un patient, on présente tous les points à surveiller, on souligne les potentielles difficultés à venir : évaluation de la douleur par échelle, risque respiratoire (chez les fumeurs, les asthmatiques…), les antécédents allergiques (Bétadine, latex, antibiotiques…) ; risque de nausées-vomissements post-opératoires surtout en chirurgie ORL et stomatologie, risque hémorragique (césarienne, chirurgie de prostate avec irrigation-lavage…) et on propose les solutions : protocole douleur, NVPO, hémostatique, sevrage ventilatoire en ventilation spontanée  au ballon d’oxygène puis extubation, aérosols… Ensuite, le personnel paramédical suit nos prescriptions. »

18 postes par secteur
Répartis sur les 18 postes, par secteur (ambulatoire, enfants, orthopédie, viscéral/vasculaire/urologie/ORL…) les patients sont surveillés à leur sortie de salle d’opération. « 30 minutes après leur extubation, s’ils n’ont pas de douleur ni complication et qu’ils sont bien réveillés, ils peuvent remonter en chambre, lorsque l’anesthésiste a signé l’autorisation de sortie », précise Julie, la référente du service. Lorsque le patient est prêt, les soignants l’indiquent sur Web100T, ce qui déclenche la venue d’un brancardier. « Et pour les soins continus, on appelle aussi le service pour s’assurer qu’il est prêt à recevoir le patient et pour leur faire les transmissions orales », ajoute Julie.

Pour évaluer si les patients sont aptes à sortir, les soignants contrôlent leurs constantes, notamment à partir du score d’Aldrete : conscience, respiration, température, circulation sanguine, coloration et motricité des membres… Tant d’indicateurs à prendre en compte tout au long de la prise en charge du patient, mais qui peuvent varier selon l’intervention.

« Le matin, en arrivant, on vérifie notre matériel, énumère Ludivine, une des infirmières. On met l’aspiration en fonctionnement, on allume les scopes, on prépare le plateau d’urgence, on vérifie le chariot d’urgence, le frigo, le défibrillateur, les bouteilles d’oxygène… Puis on se prépare à recevoir les patients. »

« Il y a beaucoup d’entraide.»
Ce qui plait à Ludivine, c’est la diversité du travail en SSPI. « Le fait de voir toute la population, tous les types d’intervention et de travailler tous ensemble». « Il y a beaucoup d’entraide. On est sectorisé mais on est tous dans la même pièce, on connait les patients des autres. On a tous un œil sur tous les patients. » D’autant que, comme l’explique Julie, « la SSPI est un peu comme un service de réa où les patients sont encore sur le feu. Si on déclenche la sonnette d’urgence qui appelle les anesthésistes, on voit bien que tout le monde réagit, sans oublier les autres patients. »

La collaboration avec les médecins anesthésistes réanimateurs (MAR) et les Infirmiers anesthésistes diplômés d’État (Iade) fait d’ailleurs totalement partie du métier. « On ne peut pas travailler l’un sans l’autre, ajoute Julie. »

En tant que médecin référent de la SSPI, c’est le Dr Issa qui est chargé de valider les protocoles, assurer la commande des matériels lourds afin d’uniformiser les appareils de surveillance et le matériel d’urgence. « J’ai également un rôle de formation pour les nouveaux arrivants, ajoute l’anesthésiste. Je leur montre l’activité de la SSPI, l’utilisation du matériel et les protocoles, qui évoluent régulièrement. »

Des patients blagueurs
Comme dans tous les services en contact avec les patients, les soignants ont parfois affaire à des situations cocasses. Notamment sous l’effet de la sédation. Un patient à qui une infirmière a précisé qu’il n’avait pas de pantalon, a ainsi répondu que c’était «normal, car c’est la canicule». Un autre, après une vasectomie, a demandé à l’infirmière « c’est bon, y a plus de têtards ?! » Il y a aussi la fameuse blague de SSPI qui consiste à demander à une de ses collègues d’aller prendre la température à son patient qui vient d’avoir une otoplastie (opération des oreilles et donc pas la possibilité de prendre une température auriculaire NDLR). Et puis il y aussi les petites « boulettes » des soignants qui installent les électrodes sur les tétons ou qui placent une poche de glace (utilisées contre les œdèmes en stomatologie) sur les joues du patient alors que ce dernier s’est fait retirer des hémorroïdes.

« En général les patients sont calmes, ils nous sollicitent quand ils ont mal, pour connaître l’heure ou même discuter. » Selon la réaction des patients, au réveil, la situation peut être moins drôle. « Les personnes qui viennent pour des coloscopies, ont une sédation plus légère, sont réveillées plus vite et sont souvent plus exigeantes, remarque Ludivine. Ils veulent manger, se lever, fumer, partir… Parfois, ils peuvent être agités, notamment les patients douloureux ou les adolescents qui se font opérer des dents de sagesse. Des fois, nous sommes deux ou trois pour réussir à les maintenir. En revanche, pour les enfants, maintenant qu’on a les P’tits doudous, ils arrivent en voiturette, ils peuvent regarder la télévision… ils arrivent plus calmes et détendus. Il y a toujours une soignante qui reste dans l’espace enfants, pour pouvoir les rassurer car s’ils pleurent, c’est parce qu’ils ont peur, pas parce qu’ils ont mal. »

Rythmées par le flux d’arrivée des patients, les journées en SSPI sont chargées. « Parfois, on joue un peu aux chaises musicales, complète Julie. Les grosses journées, mardi, mercredi et jeudi, on a en moyenne 70 patients par jour. Ça peut être un peu chaud ! D’autant que la partie administrative prend beaucoup de temps. Mais les patients sont gentils. Le fait de voir ce qu’il se passe à côté, ils constatent qu’on est occupés ailleurs et patientent plus facilement. Dès qu’on a un moment, on discute avec eux et on se rend bien compte qu’ils s’intéressent à nous, comme on peut s’intéresser à eux. Ils nous apprennent aussi beaucoup de choses. »