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Les infections à papillomavirus humains (HPV) sont aujourd’hui reconnues comme un facteur déclencheur de plusieurs cancers, notamment ceux de la sphère ORL. Les cancers de l’oropharynx liés au HPV notamment, concernent un nombre croissant de patients, souvent jeunes, non-fumeurs et sans antécédents d’alcoolisme. 

Le lien avec le HPV modifie à la fois le pronostic et les stratégies de prise en charge thérapeutique. La vaccination préventive, qui concerne les filles comme les garçons, reste le meilleur moyen pour réduire l’incidence de ces cancers évitables.

Rôle des papillomavirus humains (HPV) dans les cancers ORL

Qu’est-ce que le papillomavirus humain (HPV) ?

Le HPV (Human Papillomavirus) est un virus à ADN très courant. Il se transmet principalement lors de rapports sexuels, y compris orogénitaux. On estime qu’une grande majorité des adultes seront exposés au HPV au cours de leur vie, souvent sans le savoir. Il existe plus de 200 génotypes de HPV, dont une quarantaine ciblent les muqueuses anogénitales et oropharyngées. Parmi eux, certains sont dits à bas risque, responsables de lésions bénignes, comme les condylomes génitaux. 

D’autres, classés à haut risque oncogène (notamment les types 16 et 18), sont impliqués dans le développement de cancers du col de l’utérus, de l’anus, du pénis, et de l’oropharynx. L’oropharynx désigne la partie médiane du pharynx, située à l’arrière de la bouche, qui comprend les amygdales, la base de la langue, le voile du palais et la paroi postérieure du pharynx. Dans la majorité des cas, l’infection est transitoire et ne provoque pas de symptômes. Elle est éliminée naturellement par le système immunitaire en quelques mois. Toutefois, une infection peut persister et entraîner l’intégration du virus dans le génome cellulaire. 

Ce phénomène perturbe le fonctionnement normal des cellules : les protéines virales E6 et E7 viennent bloquer les mécanismes de contrôle du cycle cellulaire, ce qui facilite la prolifération de cellules anormales, et potentiellement cancéreuses.  

 

Quels sont les principaux types de cancers ORL ?

Les cancers ORL, ou cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) regroupent les tumeurs malignes de la cavité buccale, du pharynx, du larynx, des fosses nasales et des sinus. Ils touchent environ 15 000 personnes chaque année en France, avec une prédominance masculine.   Les localisations les plus fréquentes sont :  

  • Cavité buccale (langue, gencives, plancher buccal)
  • Larynx (cordes vocales)
  • Pharynx, en particulier l’oropharynx (amygdales, base de langue, palais mou)

La grande majorité de ces cancers sont des carcinomes épidermoïdes, issus de la muqueuse. Historiquement, l’alcool et le tabac étaient les principaux facteurs déclenchants. Mais depuis quelques années, un nouveau sous-type de cancer de l’oropharynx, HPV-induit, s’est imposé, avec des caractéristiques cliniques distinctes. Ce type de tumeur touche souvent des patients plus jeunes, non exposés aux facteurs toxiques traditionnels (tabac, alcool), mais présente une évolution plus favorable sous traitement. 

 

Quel est le lien entre HPV et cancer ORL ?

Certains cancers ORL, surtout de l’oropharynx, ne sont pas liés à l’exposition au tabac ou à l’alcool, mais à une infection chronique par le papillomavirus humain (HPV), en particulier le génotype 16, hautement oncogène. Ce type de transmission s’effectue principalement lors de rapports oraux non protégés, et peut concerner des patients plus jeunes, sans facteur de risque classique.   Les cancers ORL HPV-positifs ont un profil clinique et biologique différent :  

  • Atteinte plus fréquente chez des patients de 40 à 60 ans, non-fumeurs
  • Siège initial au niveau de l’oropharynx, notamment les amygdales et la base de langue
  • Meilleure réponse à la radiothérapie et aux traitements combinés
  • Survie globale supérieure aux formes HPV-négatives de stade équivalent

Cette particularité a conduit au développement d’essais cliniques dit « de désescalade thérapeutique » qui consiste à réduire les doses de radiothérapie ou de chimiothérapie chez certains patients HPV-positifs qui présentent un bon pronostic. C’est une approche que les équipes du Centre Finistérien de Radiothérapie et d'Oncologie peuvent envisager dans le cadre d’une prise en charge oncoradiothérapique personnalisée.

 

Symptômes et diagnostic des cancers ORL HPV-induits

Les cancers ORL liés au HPV peuvent apparaitre sans symptôme évident au niveau de la gorge. Le plus souvent, le premier signe est un ganglion dans le cou, isolé et indolore.   D’autres symptômes peuvent apparaitre :  

  • Dysphagie (gêne ou douleur à la déglutition)
  • Modification de la voix
  • Otalgie réflexe (douleur irradiant vers l’oreille)
  • Lésion muqueuse persistante ou saignante
  • Ganglion cervical isolé, indolore et progressif
  • Perte de poids involontaire

Le diagnostic repose sur un examen ORL approfondi, souvent associé à une naso-fibroscopie, un scanner ou une IRM. Une biopsie est ensuite réalisée en cas de doute persistant. Pour savoir si la tumeur est liée au HPV, deux tests spécifiques peuvent être effectués : un marqueur appelé p16, et la détection directe de l’ADN viral. Cette information permet d’adapter le traitement.

 

Intérêt de la vaccination dans la prévention des cancers ORL

La vaccination préventive contre le HPV permet d’éviter l’infection avant qu’elle ne s’installe dans l’organisme. Le vaccin Gardasil 9, utilisé en France, protège contre plusieurs types de HPV à haut risque, dont le HPV 16, principal responsable des cancers de l’oropharynx. La vaccination est recommandée pour les filles et les garçons entre 11 et 14 ans, avec un rattrapage possible jusqu’à 19 ans. Elle est plus efficace si elle est réalisée avant le début de la vie sexuelle. 

La prévention concerne aussi les garçons et les hommes jeunes, souvent oubliés dans les campagnes initiales. Pourtant, le HPV est également en cause dans les cancers du pénis, de l’anus et de l’oropharynx, qui touchent majoritairement la population masculine, sans compter la transmission possible aux filles. La généralisation de la vaccination masculine est donc une mesure de santé publique pleinement justifiée. Depuis 2023, la vaccination est par ailleurs proposée gratuitement dans les établissements scolaires, en classe de 5e, afin d’augmenter la couverture vaccinale qui reste encore insuffisante en France.

 

Le rôle du papillomavirus humain dans les cancers ORL a profondément modifié la compréhension et la prise en charge de ces pathologies. Si le tabac et l’alcool restent des causes majeures, l’émergence des cancers HPV-induits montre que ces maladies peuvent aussi toucher des personnes jeunes, sans facteur de risque classique. La prévention par la vaccination constitue aujourd’hui un levier essentiel pour réduire l’incidence de ces cancers. Informer sur ce lien, favoriser le dépistage et promouvoir la vaccination restent des priorités de santé publique afin d’améliorer la protection des générations futures.

Questions réponses sur le Papillomavirus Humain

Le HPV peut-il provoquer un cancer de la gorge sans tabac ni alcool ?

Oui. Les cancers de l’oropharynx liés au HPV apparaissent souvent chez des personnes jeunes qui n’ont jamais fumé ni consommé d’alcool de manière importante.

La vaccination contre le HPV protège-t-elle aussi contre les cancers ORL ?

Oui. Le vaccin Gardasil 9 couvre les génotypes de HPV les plus souvent impliqués dans les cancers ORL, en particulier le HPV 16.

Un cancer ORL lié au HPV se soigne-t-il mieux qu’un cancer lié au tabac ?

En général oui. Les cancers HPV-positifs répondent mieux aux traitements et présentent des taux de survie plus élevés.

Quels sont les premiers signes d’un cancer ORL lié au HPV ?

Un ganglion indolore dans le cou est souvent le premier signe. Il peut s’accompagner de gêne à avaler, de modification de la voix ou de douleur irradiant vers l’oreille.

À quel âge la vaccination HPV est-elle recommandée ?

Elle est recommandée entre 11 et 14 ans, avec un rattrapage possible jusqu’à 19 ans. Depuis 2023, elle est proposée gratuitement en classe de 5e.

Article écrit le 26/08/2025, vérifié par l'équipe oncologique du CFRO

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