Les glandes salivaires jouent un rôle fondamental dans la digestion et la santé bucco-dentaire générale. Elles produisent la salive, indispensable à la mastication, à la déglutition et à la protection de la muqueuse buccale. Si la majorité des tumeurs salivaires sont bénignes, certaines formes malignes existent et nécessitent une prise en charge spécialisée.

Tumeur des glandes salivaires : bénignes vs malignes

Que sont les glandes salivaires ?

Les glandes salivaires sont regroupées en trois paires principales :

  • Les glandes parotides, situées sous et en avant des oreilles,
  • Les glandes submandibulaires, localisées sous la mâchoire,
  • Les glandes sublinguales, plus petites, sous la langue. (Lire notre article sur le cancer de la langue).

À ces glandes principales s’ajoutent les glandes salivaires accessoires, disséminées dans la muqueuse buccale, nasale et pharyngée. Si 85 % des tumeurs salivaires se développent dans la parotide, la probabilité de malignité est paradoxalement plus élevée dans les glandes de plus petite taille, comme les glandes accessoires ou sublinguales.

Quels sont les différents types de tumeur des glandes salivaires ?

Les tumeurs salivaires se classent en deux grandes catégories : bénignes et malignes. Les premières représentent environ 75 à 80 % des cas et sont souvent de croissance lente et indolore. Les secondes, plus rares, peuvent être agressives, infiltrer les tissus voisins et donner des métastases.

Tumeur des glandes salivaires bénignes

L’adénome pléomorphe est la tumeur bénigne la plus fréquente. Elle se caractérise par une croissance lente, ferme et mobile. Bien que bénigne, cette lésion doit être retirée chirurgicalement car elle peut, après plusieurs années (15 à 20 ans), se transformer en carcinome ex-adénome pléomorphe, une forme maligne agressive. 

D’autres lésions bénignes existent, comme la tumeur de Warthin (cystadénome lymphomateux papillaire), qui touche principalement les parotides, ou encore des kystes et oncocytomes. Ces tumeurs restent généralement indolores, mais leur exérèse chirurgicale est recommandée pour prévenir récidive et transformation.

Tumeur des glandes salivaires malignes

Parmi les tumeurs malignes, voici les trois principales :

  • Le carcinome muco-épidermoïde, le plus fréquent, d’agressivité variable selon son grade histologique
  • Le carcinome adénoïde kystique, connu pour son évolution lente, mais son fort potentiel d’infiltration périnerveuse
  • Le carcinome à cellules acineuses, plus rare, mais pouvant se développer dans les parotides ou les glandes accessoires

Ces tumeurs nécessitent une prise en charge rapide et spécialisée. Leur comportement clinique et leur pronostic dépendent du grade, de l’extension et de la réponse au traitement.

Quels sont les potentiels facteurs de risque de cancer des glandes salivaires ?

Les causes exactes restent mal connues, mais plusieurs facteurs de risque sont identifiés :

  • Exposition aux radiations, notamment lors de traitements antérieurs de la tête et du cou
  • Expositions professionnelles à certains produits chimiques (solvants, poussières de bois, métaux lourds)
  • Facteurs génétiques et antécédents familiaux de cancer
  • Virus oncogènes, comme le virus Epstein-Barr dans certaines populations

Néanmoins, ces tumeurs restent rares comparativement à d’autres cancers de la sphère ORL.

Quels sont les symptômes d’une tumeur de la glande salivaire ?

Les signes cliniques varient selon la localisation et la nature de la tumeur :

  • Apparition d’une masse ferme ou d’un nodule au niveau de la parotide, du plancher buccal ou du palais
  • Gonflement indolore en région jugale ou cervicale
  • Douleur ou gêne locale, parfois confondue avec une infection ou un trouble dentaire
  • Atteinte des nerfs avec engourdissement ou paralysie faciale en cas de tumeur maligne
  • Difficultés à avaler ou à parler selon la localisation, etc.

À savoir : toute masse salivaire persistante, surtout si elle augmente de taille ou s’accompagne de douleurs ou d’une paralysie faciale, doit inciter à consulter rapidement un spécialiste ORL.

Comment se déroule le diagnostic de tumeur des glandes salivaires ?

Le diagnostic repose sur plusieurs étapes :

  • Examen clinique : palpation de la masse et évaluation de sa mobilité
  • Imagerie médicale : le scanner et l’IRM permettent de localiser précisément la tumeur, d’analyser son extension et son éventuel envahissement des tissus adjacents
  • Biopsie par aspiration à l’aiguille fine (cytoponction) : elle permet d’orienter le diagnostic bénin ou malin. Toutefois, dans certains cas, une biopsie chirurgicale est nécessaire pour affirmer la nature histologique

Une tumeur salivaire bénigne peut-elle se transformer en cancer ? Oui, certaines tumeurs, comme l’adénome pléomorphe, présentent un risque de transformation maligne au long cours. C’est pourquoi l’exérèse chirurgicale est recommandée même si la tumeur est bénigne au départ.

Comment se soigne une tumeur des glandes salivaires ? (Traitement et suivi)

Le traitement des tumeurs des glandes salivaires dépend du caractère bénin ou malin de la lésion.

Traitement des tumeurs bénignes des glandes salivaires

La chirurgie est la prise en charge de référence. L’exérèse doit être complète pour réduire le risque de récidive. Dans le cas des adénomes pléomorphes, la chirurgie est particulièrement indiquée pour éviter une éventuelle transformation maligne après plusieurs années s’ils ne sont pas retirés. 

La chirurgie permet dans la majorité des cas une guérison définitive. Une simple surveillance est en effet rarement suffisante, même si la masse est indolore ou à croissance lente, car la récidive rend l’intervention ultérieure plus complexe.

Traitement des tumeurs malignes des glandes salivaires

Pour les cancers des glandes salivaires, la stratégie repose sur une chirurgie large avec marges de sécurité. Lorsque la tumeur infiltre les structures voisines, une résection plus étendue peut s’imposer, avec parfois un impact sur le nerf facial dans les tumeurs parotidiennes agressives. 

Dans le cas particulier du carcinome ex-adénome pléomorphe, le traitement de référence est la parotidectomie, avec pour objectif une résection complète de la maladie. Une dissection ganglionnaire cervicale peut être envisagée, même en l’absence de preuve d’extension ganglionnaire, afin de limiter le risque de récidive. Un traitement adjuvant est souvent nécessaire :

  • Radiothérapie postopératoire, pour détruire les cellules résiduelles et réduire le risque de récidive locale
  • Curage ganglionnaire, si des métastases ganglionnaires sont identifiées
  • Chimiothérapie, associée à la radiothérapie dans certains cas avancés ou métastatiques
  • Thérapies ciblées et immunothérapie, à discuter pour les tumeurs de haut grade ou en cas de rechute

Le suivi après le traitement d’un cancer des glandes salivaires est indispensable pour s’assurer de l’absence de récidive. Il comprend :

  • Un examen clinique régulier sur le long terme, surtout pour les carcinomes adénoïdes kystiques, qui sont connus pour récidiver à distance
  • Des examens d’imagerie (IRM, scanner) selon le type de tumeur et le stade initial

À savoir : au Centre de cancérologie Les Dentellières, la prise en charge inclut également des soins de support pour accompagner les patients dans la gestion des effets secondaires et assurer une surveillance rapprochée après traitement.

Article écrit le 21/10/2025, vérifié par l'équipe oncologie des Dentellières