Chimiothérapie et radiothérapie concomitantes
La lutte contre le cancer repose sur des approches combinées pour maximiser les chances de rémission tout en préservant autant que possible la qualité de vie des patients. Parmi les stratégies les plus efficaces, la radiochimiothérapie concomitante occupe une place centrale. En associant la chimiothérapie et la radiothérapie sur une même période, elle permet d’optimiser l’efficacité des traitements et de limiter la progression tumorale. Quand cette approche est-elle préconisée ? Quels sont ses avantages et ses modalités ?
Qu'est-ce que la radiochimiothérapie concomitante ?
La radiochimiothérapie concomitante repose sur l’administration simultanée d'une chimiothérapie et d'une radiothérapie, avec un objectif clair : potentialiser les effets des deux traitements en combinant leur action. La chimiothérapie, administrée par voie intraveineuse ou orale, utilise des médicaments capables de détruire ou de ralentir la prolifération des cellules tumorales. De son côté, la radiothérapie cible la tumeur avec des rayons ionisants pour réduire son volume et empêcher sa dissémination.
Cette stratégie est particulièrement indiquée lorsque la chirurgie n'est pas envisageable d'emblée ou lorsque l'on cherche à préserver au maximum les tissus sains. Elle peut également être proposée avant ou après une intervention chirurgicale pour optimiser le contrôle local de la maladie.
Pourquoi faire chimiothérapie et radiothérapie en même temps ? Les bénéfices
Associer chimiothérapie et radiothérapie permet de renforcer l’effet des rayons sur les cellules tumorales. Certains agents chimiothérapeutiques rendent les cellules cancéreuses plus vulnérables à la radiothérapie, ce qui amplifie ainsi son efficacité. Par ailleurs, cette approche limite la progression de la maladie et améliore le contrôle tumoral. Elle est souvent privilégiée pour préserver des organes essentiels à la fonction vitale et éviter des gestes chirurgicaux trop invasifs. Mais les bénéfices ne se limitent pas à cette synergie biologique.
D'un point de vue pratique, le traitement concomitant présente l'avantage de réduire la durée globale des soins. Alors qu'un protocole séquentiel classique peut s'étaler sur plusieurs mois, la version simultanée condense souvent la prise en charge en 5 à 7 semaines intensives. Pour les patients, cela signifie un retour plus rapide à une vie normale après cette épreuve.
Cette combinaison peut par contre entraîner des effets secondaires plus prononcés, comme des troubles digestifs, une fatigue importante ou des inflammations des muqueuses.
Comment se passe la radiochimiothérapie concomitante ?
Le protocole est défini par une équipe pluridisciplinaire et adapté à chaque patient en fonction de son type de cancer, de son état général et des traitements précédemment reçus. La radiothérapie est administrée sous forme de séances courtes et régulières, le plus souvent cinq fois par semaine. Son objectif est de délivrer la dose optimale d’irradiation tout en limitant l’atteinte des tissus sains. La chimiothérapie, elle, est administrée à intervalles précis, en perfusion ou sous forme de comprimés.
Indication de radiochimiothérapie concomitante : pour quels types de tumeurs ? La radiochimiothérapie concomitante peut être indiquée pour plusieurs types de cancers, en fonction du stade et de l’agressivité tumorale, notamment :
Cancer du rectum localement évolué
Dans les formes avancées du cancer du rectum ou cancer rectal, la radiochimiothérapie préopératoire est souvent proposée avant l'intervention chirurgicale pour réduire la taille de la tumeur, faciliter le geste opératoire et améliorer les chances de préservation sphinctérienne.
Cancer du col de l'utérus
Pour les cancers du col de l’utérus localement avancés, l'association de radiothérapie externe et de chimiothérapie à base de sels de platine représente le traitement de référence. Cette combinaison est généralement complétée par une curiethérapie, qui permet de délivrer une dose supplémentaire de rayonnement directement au niveau de la tumeur tout en épargnant les tissus sains avoisinants.
Cancer du sein localement avancé
Dans certains cancers du sein à un stade avancé, notamment les formes inflammatoires ou localement étendues, la radiochimiothérapie concomitante peut être envisagée pour contrôler la maladie localement avant d'envisager une éventuelle intervention ultérieure.
Tumeurs cérébrales malignes
Pour les gliomes de haut grade, le choix thérapeutique associe une exérèse chirurgicale maximale suivie d'une radiochimiothérapie concomitante par irradiation cérébrale + un agent chimiothérapeutique spécifique capable de traverser la barrière hématoencéphalique pour potentialiser l'effet des rayonnements.
Tumeurs de la tête et du cou
Dans les cancers des voies aérodigestives supérieures à un stade avancé, la radiochimiothérapie concomitante peut souvent permettre d'éviter des chirurgies mutilantes tout en maintenant un bon contrôle local de la maladie. Les protocoles utilisent généralement des sels de platine ou des thérapies ciblées en association avec la radiothérapie.
Cancers de l'œsophage
Pour les tumeurs œsophagiennes localement avancées, la radiochimiothérapie peut être proposée soit avant la chirurgie pour réduire la taille tumorale, soit comme traitement définitif en cas de contre-indication opératoire.
Cancers du poumon
Dans les cancers du poumon ou cancers bronchiques, la radiochimiothérapie concomitante est souvent le traitement de référence pour optimiser le contrôle local de la maladie.
Cancers de la vessie
Pour les tumeurs vésicales infiltrantes, la radiochimiothérapie concomitante représente une alternative à la chirurgie permettant dans certains cas de préserver la vessie. Chacune de ces indications fait l'objet d'une évaluation individualisée en RCP. Elle prend en compte l'état général du patient, les caractéristiques de la tumeur et les options thérapeutiques disponibles.
Les protocoles et dosages sont toujours adaptés à chaque personne par les oncologues-radiothérapeutes en fonction du volume tumoral, de la tolérance du patient et des éventuelles innovations thérapeutiques.
Article écrit le 11/06/2025, vérifié par Equipe médicale de l'Institut Privé de Radiothérapie de Metz