La dépression post-partum est une affection qui survient chez certaines femmes après la naissance de leur enfant. Elle est caractérisée par une profonde tristesse, une perte d'énergie et un sentiment de culpabilité, souvent difficiles à gérer. Pour être reconnue comme liée à la période post-partum, la dépression doit apparaître dans les six semaines suivant l'accouchement. Fréquent mais souvent tabou, ce trouble peut altérer le bien-être de la mère ainsi que sa relation avec son enfant.
Mieux comprendre les mécanismes de la dépression post- partum
Post partum et dépression post partum : définition ?
Le post-partum désigne la période de 6 semaines qui suit l'accouchement durant laquelle le corps de la mère se rétablit des changements physiques et hormonaux liés à la grossesse et à la naissance. C'est une phase importante d'adaptation psychologique et émotionnelle pour la maman qui apprend à connaitre son enfant et assume pour la première fois son rôle de parent.
La dépression post-partum, aussi connue sous le nom de dépression post-natale ou périnatale, est une maladie mentale qui peut survenir chez la maman durant le post-partum. Elle se manifeste par des sentiments intenses de tristesse, de désespoir, et d’épuisement, qui vont au-delà de la simple fatigue ou du « baby blues ». La mère ressent parfois un grand vide, est plus irritable, et peut même développer des pensées négatives à l'égard de son bébé. Ce trouble peut durer dans le temps et s'étendre sur des mois, voire plus d'une année.
Un accompagnement médical et thérapeutique est nécessaire en cas de dépression post partum pour aider la patiente à se rétablir et préserver sa relation avec son enfant. Les membres de la famille sont souvent encouragés à apporter leur soutien à la maman pour l'aider à surmonter cette épreuve.
⚠️ Le risque de suicide est plus élevé chez les nouvelles mamans souffrant de dépression post-partum. Des études montrent que 5% des décès maternels survenant au cours de la première année de post partum sont liés à ce trouble mental.
Baby blues ou dépression post-accouchement : quelle différence ?
Le baby blues est une période de déprime traversée par la plupart des nouvelles mamans. Elle survient généralement quelques jours après l'accouchement et est directement liées aux changements physiques, hormonaux et psychiques induits par l'accouchement. Contrairement à la dépression post-partum, ces symptômes sont généralement légers et disparaissent en quelques jours. Ils ne nécessitent pas de traitement spécifiques.
Les symptômes du baby blues incluent :
- Tristesse et crises de larmes sans raison apparente
- Anxiété légère et inquiétudes face à son rôle de parent
- Irritabilité et sautes d'humeur fréquentes
- Fatigue extrême mais difficultés à se reposer
- Difficultés de concentration et de prise de décision
- Sentiment de vulnérabilité et de sensibilité accrue
La différence majeure entre le baby blues et la dépression post natale réside dans la temporalité, la fréquence et l'intensité des symptômes ressentis par la maman.
Dans le cas d'une dépression post partum, les signes cliniques de la maladie se manifestent plus tardivement, quelques semaines après l'accouchement. Les principaux symptômes - tristesse, irritabilité, fatigue, anxiété...- sont décuplés et des pensées suicidaires peuvent parfois émerger. Les liens d'attachement mère-enfant peuvent être altérés par ce tourbillon d'émotions négatives, contrairement au baby blues qui ne perturbe généralement pas cette relation.
Quels sont les principaux symptômes de la dépression post partum ?
Les symptômes de la dépression post-accouchement sont à la fois d'ordre physique et psychologique.
Manifestations physiques
- Fatigue intense et épuisement : une fatigue persistante qui ne s'atténue pas avec le repos et qui rend difficile la prise en charge du bébé par la maman.
- Troubles du sommeil : difficultés à s’endormir ou réveils fréquents, même lorsque le bébé dort, ou à l’inverse, besoin excessif de sommeil.
- Changements d’appétit : une perte d’appétit avec perte de poids, ou au contraire une suralimentation due à des mécanismes de compensation.
- Douleurs et tensions corporelles : douleurs diffuses, notamment des maux de tête, douleurs musculaires ou tensions, liées au stress et à l’épuisement.
- Diminution de la libido : une baisse notable de l'intérêt pour la sexualité, souvent liée à l'épuisement, aux bouleversements hormonaux et au stress émotionnel.
Manifestation psychologiques
- Tristesse profonde et pleurs fréquents : une tristesse intense qui émerge sans raison apparente, accompagnée de pleurs fréquents et d’un sentiment de vide.
- Perte d’intérêt ou de plaisir : une incapacité à ressentir de la joie pour des activités autrefois plaisantes, y compris les soins au bébé.
- Irritabilité et colère : des réactions disproportionnées, souvent dirigées contre les proches ou le bébé, avec une irritabilité inhabituelle.
- Anxiété et inquiétudes excessives : des craintes exagérées pour la santé du bébé ou des pensées intrusives, un sentiment d'hypervigilance.
- Sentiments de culpabilité et d’inadéquation : propension à l'autocritique, sentiment de de ne pas être à la hauteur en tant que mère.
- Pensées négatives et idées suicidaires : sentiment de désespoir ou désintérêt vis à vis la vie, parfois accompagnés d’idées suicidaires.
- Difficultés de concentration et de mémoire : un brouillard mental qui affecte la prise de décision et la gestion des responsabilités.
Si un ou plusieurs de ces signes cliniques sont identifiés chez la patiente par le conjoint ou un professionnel de santé (médecin traitant ou sage-femme), alors un protocole d'accompagnement psychologique et médicamenteux est mis en place pour aider la maman à surmonter ses pensées négatives et préserver le lien avec son bébé.
Dépression post-natale : existe t-il des facteurs de risque ?
Il existe bel et bien des facteurs de risque susceptibles de rendre certaines femmes plus vulnérables à la dépression post-partum.
Des conflits conjugaux ou un manque de soutien de la part du partenaire ou de la famille peuvent isoler la mère face à la maternité et accroitre son stress émotionnel. Des conditions de vie difficiles - problèmes financiers, environnement instables - peuvent être à l'origine d'un fort stress qui peut lui même déclencher la dépression chez la maman inquiète face à l'avenir. Parfois, certains évènements stressants et inattendus suffisent à déclencher la maladie : lors de la perte d'un emploi par exemple, d'un décès ou d'une séparation douloureuse. Cette surcharge soudaine d'émotions négatives rend la mère inapte à assumer son rôle de parent.
Des études scientifiques ont démontré que les femmes ayant des antécédents de problèmes mentaux sont plus susceptibles de souffrir d'une dépression post natale. C'est notamment le cas si la maman est sujette à des épisodes dépressifs ou de forte anxiété.
Enfin, l'accouchement en lui même peut s'avérer traumatique pour la maman, notamment lorsque des complications imprévues émergent. Ou lorsqu'un séjour en soins intensifs est nécessaire. il a tendance à épuiser la femme, tant sur le plan psychique que physique. Ces situations génèrent un stress intense qui a le potentiel de déclencher le trouble mental.
Comment guérir une dépression post-partum ?
Le traitement de la dépression post-partum passe par trois stratégies différentes mais complémentaires : amélioration de l'hygiène de vie, accompagnement psychologique et traitement médicamenteux si besoin est.
Hygiène de vie : quelques gestes simples suffisent
Certains gestes simples peuvent être adoptés par la maman pour améliorer son bien être durant la période du post-partum et l'aider à surmonter sa dépression.
- Prendre des moments de repos : essayer de se reposer quand le bébé dort, même si cela signifie faire des siestes durant la journée.
- Maintenir une alimentation équilibrée : privilégier des repas équilibrés et riches en protéines pour stabiliser l'humeur et garantir un apport énergétique suffisant.
- Faire de l'exercice : pratiquer une activité douce, comme la marche, favorise la libération d’endorphines et aide à réduire le stress.
- Bien s'entourer et ne pas s'isoler : accepter l’aide des proches pour alléger les tâches quotidiennes et bénéficier de moments de répit.
- Limiter les sources de stress : établir des routines simples qui font plaisir, et éviter de surcharger les journées pour conserver de l’énergie.
Ces quelques mesures faciles à mettre en place ne peuvent être que bénéfiques pour la maman. Elles aident à fixer un cadre de vie sain, qui favorise le bien être et élimine le surplus de stress. .
Accompagnement psychologique et psychothérapie : le traitement de référence de la dépression post-natale
La démarche d'accompagnement psychologique est incontournable pour traiter la dépression post-partum. La psychothérapie offre un espace où la maman peut exprimer ses ressentis, identifier ses pensées négatives et apprendre à les substituer par des pensées plus positives et constructives. Ces séances de suivi avec un psychologue permettent de mieux comprendre les émotions ressenties après l’accouchement, d'identifier les déclencheurs de l’anxiété et de la tristesse, et de trouver des solutions pratiques pour mieux gérer le quotidien.
La thérapie cognitive, en particulier, aide à modifier les schémas de pensée qui renforcent la dépression, en apprenant à reconnaître les distorsions cognitives, comme le sentiment de culpabilité ou d’inadéquation. Elle propose des techniques pour construire une vision plus réaliste et bienveillante de soi-même et de son rôle de mère, renforçant ainsi la confiance en soi.
Cet accompagnement constitue également un moyen efficace de prévenir le risque de suicide, en offrant un soutien continu, un cadre sécurisant et une capacité d'intervention rapide en cas de pensées suicidaires. Le psychologue ou le psychiatre peut ainsi surveiller l'évolution de la dépression et adapter les soins en fonction des besoins de la mère, en la soutenant dans son rétablissement et dans sa relation avec son bébé.
Médicaments : utilisation d'antidépresseurs en cas de dépression grave
Dans les cas de dépression grave, des antidépresseurs peuvent s’avérer indispensables pour stabiliser l'état psychologique de la patiente et prévenir un éventuel risque de suicide.
Le psychiatre évalue les options de traitement en fonction des symptômes identifiés et du contexte médical, en veillant à choisir des médicaments adaptés aux besoins spécifiques de la période post-partum. Si la mère souhaite allaiter son enfant, le choix des antidépresseurs nécessite une attention particulière : certains traitements sont compatibles avec l'allaitement, mais le médecin doit évaluer le rapport bénéfices-risques pour assurer à l'efficacité du traitement mais aussi la sécurité du bébé.
Cet article médical a été relu et validé par un médecin spécialiste en psychiatrie au sein d’un établissement ELSAN, groupe leader de l’hospitalisation privée en France. Il a un but uniquement informatif et ne se substitue en aucun cas à l’avis de votre médecin, seul habilité à poser un diagnostic.
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Vos questions les plus fréquentes
Quelle est la durée du post-partum ?
Le post-partum dure environ un an et comprend deux phases principales, le post-partum initial et le post-partum tardif, qui se complètent et se suivent.
Le post-partum initial couvre les six à douze semaines suivant la naissance. Durant cette période, la mère commence à se remettre physiquement de l’accouchement : l'utérus et les muscles pelviens récupèrent et les hormones se rééquilibrent petit à petit. Sur le plan émotionnel, la mère s'adapte au nouveau rythme de vie avec son bébé.
Ensuite vient le post-partum tardif, qui s’étend jusqu’à six mois, voire un an après la naissance. Le processus de récupération physique se poursuit et cette période permet à la maman de stabiliser sa routine de parent. De même pour la dimension émotionnelle, qui nécessite d'être consolidée. Sur les plans hormonal et psychologie, certains ajustements s'opèrent et le risque de dépression est toujours présent.
La période de post partum tardif est une extension du post partum initial : elle apporte à la maman un temps supplémentaire pour finaliser la récupération post-accouchement et totalement assumer les réalités de la maternité.
Qu'est ce que le post-partum tardif ?
Le post-partum tardif désigne la période qui s'étend au-delà des six premières semaines suivant l'accouchement. Elle vient prolonger la période de post-partum initial et peut durer jusqu'à un an après l'accouchement.
Durant cette phase, les nouvelles mères continuent de traverser des changements émotionnels, hormonaux et psychologiques importants. C'est une phase de vulnérabilité durant laquelle les symptômes de dépression, d'anxiété ou des troubles de l'humeur peuvent encore émerger...
Un suivi médical est donc toujours nécessaire durant cette période pour s'assurer que le bien être psychologique de la mère reste intact.
Pourquoi le post partum est-il difficile ?
Le post partum est une période associée à des bouleversements hormonaux, physiques et psychologiques intenses pour la femme.
Sur le plan physique, la maman doit se remettre de l'accouchement et les fluctuations hormonales ne lui rendent pas la tâche facile. L'humeur change rapidement et les niveaux d'énergie sont plus bas que d'habitude. Le bébé demande beaucoup d'attention et de soins, et les nuits sont courtes. Le manque de sommeil se fait sentir et les tâches quotidiennes sont difficiles à assumer.
Sur le plan psychologique, certaines mamans éprouvent une forte anxiété face à leur nouveau rôle de parent. Un sentiment de culpabilité peut s'installer insidieusement en elles si elle ne se sentent pas à la hauteur de l'enjeu. Les mamans isolées peuvent se sentir démunies voire abandonnées.
Cette combinaison de facteurs rend la période post-natale très difficile à vivre pour certains parents. Le rôle du conjoint est déterminant car il peut apporter le soutien nécessaire au maintien de l'équilibre émotionnel de la mère, du couple et de la famille.
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